
Conan Unconquered : Les invasions barbares
Après un Conan Exiles assez mitigé l’année dernière, l’éditeur norvégien Funcom poursuit l’adaptation de sa juteuse licence. Annoncé via une superbe cinématique, Conan Unconquered est un RTS développé par les papas du genre. Petroglyph Games (Star Wars Empire at War, 8-Bit Armies et Grey Goo) est un studio américain fondé en 2003 par les anciens de chez Westwood (Dune II et Command and Conquer). Autant dire que les développeurs ont une sacrée expérience dans le milieu et le genre du RTS depuis plus de vingt ans. Pour cette adaptation attendue, Petroglyph a décidé de (beaucoup) s’inspirer du gameplay et succès de They Are Billions pour son nouveau titre.
They Are Billions chez les barbares
Le concept derrière Conan Unconquered est simple mais terriblement efficace : dans une carte générée aléatoirement, le joueur doit construire et agrandir sa base, récolter des ressources, gérer son économie, recruter et améliorer des unités militaires, le tout dans le but ultime de résister à une succession de vagues d’assauts ennemies de plus en plus coriaces. Tous les bons stratèges le savent depuis l’Antiquité, l’argent est le nerf de la guerre et Conan Unconquered ne fait pas exception à la règle. Plus que l’aspect militaire, bâtir une solide économie et prévoir en avance ses dépenses seront les véritable clés de votre victoire. Il vous faudra ramasser et accumuler dix ressources : l’or, le bois, la pierre, la nourriture, le fer, les métaux stellaires, les animaux, la main d’œuvre, l’essence spirituelle et les points de commandement. Contrairement à la plupart des RTS, les bâtiments économiques rapportent ici des ressources toutes les X secondes et non en temps réel. Il faudra alors les améliorer et surtout les défendre corps et âmes contre les envahisseurs.
Les différentes guildes (artisans, ingénieurs, chercheurs et guerriers) permettent de débloquer de nouvelles technologies et surtout de recruter des unités. Les unités militaires (épéistes, javelotiers, cavaliers, archers, piquiers et sorciers) font office de chairs à canon et il ne faudra pas hésiter à les sacrifier sur l’autel de la liberté. RTS oblige, chaque unité sera efficace contre un type et faible contre un autre. Par exemple, les unités à distance seront utiles contre les unités au corps-à-corps et les unités volantes mais vulnérables contre la cavalerie. Votre défense passera surtout par la construction de fortifications, tours, pièges et autres bâtiments défensifs, qui une fois bien positionnés, vomiront la mort sur les troupes ennemies. Les combats sanglants ne seront pas vos seuls soucis puisque le joueur doit également faire attention aux maladies. Dans Conan Unconquered, les batailles laissent place aux cadavres en décomposition qui transmettront des maladies à vos soldats s’ils marchent dessus. La seule manière de soigner vos guerriers infectés sera alors de construire un sanctuaire ou de recruter une prêtresse. Cette nouvelle mécanique imaginée par Petroglyph est vraiment intéressante et j’aimerais beaucoup la voir développée dans les futurs RTS (Age of Empires 4, c’est à toi que je pense).
Comme l’excellent They Are Billions, Conan Unconquered offre un certain challenge, surtout si vous n’êtes pas un habitué des RTS. Un petit conseil, n’hésitez pas à mettre le jeu en pause active pour analyser calmement la situation et donner vos ordres. C’est certes moins immersif mais ça vous évitera de faire des erreurs bêtes et de répondre seulement instinctivement. Les amateurs de RTS le savent que trop bien, il faut optimiser au maximum son temps et son espace. Les jeux comme Conan Unconquered et They Are Billions n’offrent pas de temps morts et des moments de contemplation comme d’autres genres. Préparez-vous à suer et échouer plus d’une fois !
Si They Are Billions a indéniablement servi de modèle, les développeurs ont également repris des idées et des mécaniques d’anciens RTS. On pense tout de suite à Warcraft 3 et son système de héros. Dans Conan Unconquered, le joueur a le choix entre deux héros (Conan et Valéria) aux caractéristiques et compétences uniques. Un troisième héros (Kalanthes) est malheureusement disponible uniquement en DLC payant day-one ou dans l’édition deluxe, une grosse erreur de la part de Funcom au vu du contenu assez pauvre, mais nous reviendrons là-dessus plus tard. Tout comme dans le légendaire titre de Blizzard, les héros accumulent des points d’expériences et des niveaux au fur et à mesure des massacres. En plus d’être indispensables lors des combats, les héros sont particulièrement essentiels pour explorer la carte à la recherche des points de ressources, des coffres ou d’artefacts bien gardés et conférant une compétence supplémentaire non négligeable. Pour résumer au maximum, le titre de Petroglyph est un hybride entre un RTS classique façon Age of Empires et Warcraft, un Tower Defense et surtout un mode horde qui rappellera surement le mod DOTA aux plus anciens.
Un contenu digne d’une early access
Revenons-en au contenu du jeu. Malgré l’évident potentiel de la licence, Conan Unconquered fait l’impasse sur une véritable campagne solo scénarisée comme Warcraft 3 ou Age of Mythology. À la place, nous avons juste le droit à un pauvre comics reprenant l’histoire du Colosse Noir (Conan contre Natohk) dont on débloque les 100 pages en accomplissant les cinq petites missions du tutoriel. L’absence totale de narration et d’une vraie campagne solo est vraiment dommage, le jeu ne profite pas assez voire pas du tout de l’immense univers imaginé par Robert E. Howard.
Mise à part le tutoriel, le cœur du jeu consiste à personnaliser une partie en changeant les paramètres. Plus elle sera difficile et plus votre score sera élevé. Un score que vous pouvez d’ailleurs comparer avec vos amis et… c’est à peu près tout puisque pour le moment le jeu n’offre aucun mode PvP. À l’inverse, le mode coopération qui consiste à gérer une seule base à deux est parfait pour un jeu comme Conan Unconquered. Pour le moment, le nouveau titre de Petroglyph souffre du côté répétitif (un bestiaire plus varié et une deuxième faction ennemie n’aurait pas été de trop) et d’un contenu beaucoup trop pauvre.
Un manque d’ambition ou de moyens
La réalisation technique est tout juste correct et m’a fait penser à un Age of Mythology en HD un poil plus beau. C’est plutôt étonnant de la part du studio responsable du sympathique Grey Goo sorti en 2016. Malgré quelques jolis effets souvent gores, Conan Unconquered possède des animations plutôt moyennes et manque de vie. Toutefois, le moteur du jeu permet d’afficher sans broncher un grand nombre d’unités et reste toujours fluide, même sur une configuration moyenne. Autre point positif, la caméra en vue du dessus est particulièrement utile pour placer correctement ses bâtiments et optimiser l’espace à l’intérieur de vos fortifications.
Entre les grands déserts et les montagnes arides à l’infini, Petroglyph a parfaitement respecté l’identité visuelle des films Conan. Néanmoins, même si les cartes sont générées aléatoirement, nous avons toujours l’impression de voir le même désert et deux pauvres petits palmiers qui se battent en duel. On ressent clairement que le projet n’a pas eu les fonds et le temps nécessaires pour développer l’univers des bouquins et apporter davantage de variété aux décors, chose qui sera sûrement corrigée dans des futurs mises à jours qu’on espère gratuites. On ressent également le manque de moyens dans la quasi absence d’originalité de la direction artistique et la très bonne OST qui s’inspirent (très) largement du survival Conan Exiles et du MMO Age of Conan, deux autres jeux du même éditeur.
Conclusion
Malgré sa technique digne d’un RTS de 2007, Conan Unconquered aurait pu être un excellent jeu. Les mécaniques de gameplay qui empruntent à tous les classiques du genre sont bien huilées et les bases sont clairement là pour faire du titre de Funcom une vraie alternative à They Are Billions. Mais faute de moyens ou d’ambition, Petroglyph nous livre au final une copie beaucoup trop pauvre en contenu. On espère que les futures mises à jour et DLC viendront étoffer tout ça rapidement et feront honneur à la fois au potentiel évident du jeu ainsi qu’à l’univers sanglant de Robert E. Howard.
Conan Unconquered
Développeur : Petroglyph Games
Éditeur : Funcom
Prix : 30 €
Disponible : PC (Steam)