Concrete Knives : « La scène a toujours été notre terrain de jeu »

Concrete Knives : « La scène a toujours été notre terrain de jeu »

Six ans après un premier album remarqué, le sextet caennais est de retour sur le devant de la scène avec le planant Our Hearts. Rencontre.

Daily Mars : Revenir sur le devant de la scène après cinq ans était-il synonyme de pression ? 

Nicolas Delahaye : Nous sommes assez exigeants envers nous-mêmes. Si tu sais où tu vas, ce que tu sais faire, il n’y a pas de pression, juste de l’exigence. Pour le retour sur scène, on voulait faire les choses bien. On a confiance en nous, en nos morceaux. La scène, ça a toujours été notre terrain de jeu.

 

Aujourd’hui, avez-vous des regrets concernant Our Hearts ? À l’inverse, de quoi êtes-vous le plus fier ? 

N. D. : De ne pas avoir su saisir plus tôt qu’on avait déjà le disque entre les mains, il y a un moment déjà. Ne pas avoir su lire, s’être laissé distraire par des sommes de choses inutiles, des réflexions futiles, des discours débiles. À l’inverse, s’être rendu compte qu’on avait un album entre les mains. Savourer ce que nous avions. L’enregistrer avec précaution et le sortir.

 

Comment définiriez-vous votre musique ? Pourrait-on lui accoler le qualificatif « avant-garde » ? Ou plutôt old school

N. D. : Parfois tu ne sais pas si c’est ringard ou avant-gardiste, j’aime utiliser ces lunettes pour porter en dérision certaines choses qui arrivent dans le domaine artistique. Mais non, nous ne sommes pas avant-gardistes. On est un peu old school c’est vrai, l’idée étant de ne pas devenir ringards. On reste éveillés à ce qui nous entoure et sort. Notre musique deviendra peut-être avant-gardiste dans 20 ans. Pour notre musique, je ne sais pas, les Français ont ce besoin d’étiqueté, on va faire comme les Anglo-saxons, on nous mettra dans le grand sac de la pop.

 

D’où viennent les diverses influences ethniques dans votre son ? Quelle est (s’il y en a une) la philosophie derrière ces choix musicaux ?

N. D. : Ils viennent de nos vies personnelles. Nos trajectoires. Nous avons grandi dans une société cosmopolite, certains ont vécu avec une réelle proximité avec des cultures des pays du Maghreb ou d’Afrique de l’Ouest. Cela vient aussi du voyage. C’est inconscient. C’est notre manière de marcher, danser, jouer, aborder le monde.

 

Comment travaillez-vous sur vos compositions ? 

N. D. : Généralement, Nicolas arrive avec une ébauche de morceau. Elle peut être très définie ou besoin d’être arrangée. Puis, lors de ces compositions, des thèmes lui viennent en tête en lien étroit avec cette composition. Morgane et Guillaume viennent l’aider à mettre ces émotions en mots, encore une fois, ça peut être très défini ou alors plus opaque. L’idée est d’écrire à plusieurs et faire frictionner les expériences et vécus de chacun. Ça donne un aspect assez commun, universel.

 

Certains de vos morceaux sont très cinématographiques (ie. Gold Digger). Pensez-vous aux images que peut convoquer votre musique lorsque vous composez ? 

N. D. : Oui, elles sont liées. Très intimement. Plus que jumelles, elles sont siamoises. Des symboles apparaissent, des histoires aussi mais également des couleurs, des teintes, des slogans, des mots.

 

Comment abordez-vous le passage du studio à la scène ? Retravaillez-vous vos morceaux d’une manière particulière ? 

N. D. : Ce qui est compliqué dans notre processus. C’est l’appropriation. Elle l’est dans la composition, dans l’enregistrement mais aussi dans l’approche scénique. Il faut, en effet, trouver des tips pour jouer avec les tempos, davantage de travail sur le chant, réarranger pour y poser un sol solide pour amortir l’énergie du live et un cadre pour permettre les conditions de l’expression.

 

Quelle relation entretenez-vous avec votre public ? Et la presse ? 

N. D. : Notre public, nous l’aimons plus que tout. On essaye d’être le plus honnête, généreux aussi. De faire en sorte que nos rencontres soient les plus précieuses et singulières. La presse plutôt les presses, on va dire qu’on y a accordé de l’importance, qu’on essaye d’y voir une personne plus qu’une rédaction ou un média. Mais peu importe ce qu’ils disent, le plus précieux c’est notre public et nous.

 

Qu’aimeriez-vous que les gens ressentent en écoutant votre musique ? 

N. D. : Je ne peux pas imposer aux gens des sentiments. On fait de la musique pour soi, puis on la partage parce qu’on y trouve des émotions si fortes qu’on a besoin de les partager. Alors, je dirais que lorsque naît une chanson, lorsqu’on rencontre quelqu’un pour la 1e fois, si les gens pouvaient se reconnaître et ressentir cette même chose, j’en serais très heureux pour eux.

 

Quelle direction pensez-vous prendre à l’avenir ? Expérimenter davantage ? 

N. D. : Je ne sais pas quelles personnes nous seront demain, mais expérimenter est le propre de tout un chacun, ça soulage notre curiosité. Alors nous continuerons à expérimenter.
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