
Consoles Next Gen : les PC de demain.
Les rumeurs autour d’une nouvelle itération de la PS4 vont bon train, même si pour l’instant Sony se refuse à communiquer sur le sujet. Plus puissante, dédiée à la 4K et à la VR, pour un prix identique, telles seraient les caractéristiques de cette nouvelle console. Bref, une mise à jour matérielle de son aînée sortie il y a un peu moins de 3 ans. Mais si on prend un peu de recul, on assiste peut-être à une translation furtive du business model des consoles, à savoir une durée de vie qui se rapproche de celle d’une carte graphique.
Il fut un temps où les joueurs sur PC disposaient d’un avantage certains sur les consoles. La mise à jour de quelques éléments matériels tous les 3-4 ans leur assurait la possibilité de jouer en profitant pleinement des évolutions technologiques. Généralement, le changement de carte graphique donnait plus de puissance pour profiter au maximum des nouveaux titres avec des graphismes plus fins et moins de ralentissements. Le GPU (processeur graphique) et la mémoire embarquée des cartes graphiques (CG) devenant même les éléments les plus importants pour les gamers. Ils permettaient notamment de prendre en charge l’intégralité des instructions auparavant envoyées vers le processeur principal (CPU) et la RAM (mémoire du PC), réduisant ainsi le coût d’une mise à jour du PC à l’achat d’un seul composant. Face à cela, les consoles présentaient un modèle simple tout-en-un, une cartouche/CD, des temps de chargement courts, de nombreux titres axés sur une rapide prise en main facilitée par la manette, mais pour un coût qui s’avérait à terme assez élevé (surtout du fait de l’absence de rétrocompatibilité entre consoles d’une génération à l’autre). Mais ces dernières années ont été plutôt dures pour les gamers PC, la succession de processeurs à multiple cœurs, la prise en charge native des SSD, l’annonce de la 4K ou de la VR, toutes ces évolutions ayant un coût, poussant les gamers à réfléchir à deux fois avant de succomber à la tentation d’un nouvel achat.
L’arrivée de Microsoft et Sony sur le marché du jeu vidéo a également contribué à changer la donne. La Xbox et Playstation ont marqué le début d’une concurrence directe avec le gaming PC. En rivalisant au niveau hardware mais aussi en termes d’univers de jeu, le PC s’est petit à petit recroquevillé sur sa spécificité propre, à savoir le jeu au clavier. C’est probablement une des raisons majeures qui a permis au gaming PC de survivre notamment grâce à des titres comme Diablo, Starcraft, Counter-Strike, qui semèrent la graine de l’e-sport et du multijoueur. Les éditeurs ont aussi participé grandement à cette inversion de tendance, en préférant une architecture hardware figée dans le temps et livrée avec des kits de développement, une protection (relative) contre le piratage, et le principe d’exclusivité console qui fit les beaux jours de Nintendo par le passé. Dans cette course commerciale et technologique, les consoles ont perdu un peu de leur âme notamment dans les temps de chargement des séquences de jeux (de plus en plus long) et dans le désormais inévitable et obligatoire patch Day One qui contraint le joueur à attendre quelques heures pour profiter de son jeu fraîchement acquis. Mais le résultat est là. En rentrant cette année sur le secteur de l’e-sport via des MOBA ou FPS arènes, les consoles comptent bien asséner le coup fatal au PC gaming, y compris en lâchant quelques coups bas (portage PC désastreux des AAA désormais développés prioritairement sur consoles).
Il est indéniable que la course technologique à la performance graphique a toujours porté le marché de l’informatique et du jeu devenant un des arguments majeurs de l’achat d’une nouvelle console ou de la mise à niveau d’une architecture PC. Cependant, cette course se rapproche grandement du profil d’une courbe logarithmique et il a fallu trouver une réponse rapide pour redonner un peu de croissance à cette dernière et ainsi profiter de son exploitation commerciale fortement rentable. C’est assez surprenant car au bout de 3 années de vie, on aurait pu penser que les consoles Next-gen arrivaient enfin à maturité. Après un démarrage poussif marqué par l’absence de titres à leurs sorties, une seconde année qui vit en fin de compte l’arrivée des grandes licences sur Next-gen, on pouvait espérer que les années à venir apporteraient leur lot de nouveauté en termes de licence. En fin de compte, le manque flagrant de créativité et l’assurance de profits faciles et sans risques ont obligé le secteur à rechercher dans les évolutions technologique la source de futurs profits, et un peu d’air frais en termes de gameplay.
La VR, la 4K sont donc les promesses de ce nouvel avenir pour le marché du jeu vidéo, un avenir où le joueur sera totalement immergé dans ces univers virtuels, réellement acteur du jeu, capable de se surpasser physiquement pour réussir les objectifs de jeu. Un monde où l’avatar et le joueur ne feront plus qu’un. Promesse alléchante pour tout joueur, mais qui a un coût financier réel et non virtuel, ainsi qu’un impact direct sur les configurations matérielles. Comme on pouvait le lire dans l’article de Florian sur l’annonce de l’Oculus rift ou le PSVR, le passage à la VR nécessite une configuration haut de gamme pour PC. Pour Sony, la réalité virtuelle frôle les limites techniques de la PS4, même si la solution proposée présente des caractéristiques techniques en deçà d’un oculus rift. Il est raisonnable de penser que cette nouvelle technologie couplée à la 4K va évoluer rapidement dans les 2-3 ans rendant obsolète les architectures actuelles.
Alors quel avenir pour les consoles dans les dix prochaines années à venir ? Verra-t-on un cycle de vie écourté à l’instar du PC pour profiter pleinement des nouvelles prouesses technologiques ? Ou ne sommes-nous pas en train d’assister au ratage total d’un business plan nécessitant désormais un recadrage rapide. C’est ce que laisse à penser les rumeurs autour de cette nouvelle PS 4.5, une nouvelle console intermédiaire permettant d’accéder pleinement aux nouvelles technologies et laissant derrière elle les possesseurs de PS4. Pari osé car la VR n’est pas encore une réalité et il est encore difficile de savoir si cette technologie prendra auprès du grand public. Pour la 4K, les foyers ne sont qu’à l’aube de s’équiper de nouvel écran ; l’élément déclencheur sera certainement la mise en place de l’offre ultra HD via les box ou la TNT, mais aussi les grandes manifestations sportives comme l’Euro 2016 (le foot étant très vendeur de nouvelles technologies audiovisuelles).
Pour le nouvel acquéreur d’une console Next-gen, l’annonce de cette nouvelle PS4.X est une aubaine… quoique d’ici à 3-4 ans, ce modèle risque d’être abandonné pour céder la place aux futures PS5. Et quand bien même on ne verrait pas une nouvelle PS d’ici à 4 ans, il est fortement probable que le PSVR sera mis à jour, ou qu’une version slim de la console sera disponible. Bien sûr, tout ceci dépendra aussi du rival Microsoft qui, pour l’instant, multiplie les démos avec ces Hololens (coût annoncé 3000 $) disponibles uniquement pour les développeurs.
Dans un sens, gamers PC et consoles : même combat !! L’accélération matérielle et technologique les frappera identiquement, et au niveau du portefeuille. Que ce soit sur le plan de l’architecture de la machine, ou des accessoires. L’industrie du jeu vidéo trouvera donc dans ces évolutions, les graines de sa croissance future et peut-être un peu aussi de sa créativité. Mais attention, il faudra aussi considérer que l’ensemble des joueurs n’aura pas toujours la possibilité de suivre le train des mises à jour futures. L’exemple de la téléphonie mobile démontre bien qu’un cycle de vie court (voire très court) oblige les développeurs à prendre en charge plusieurs configurations matérielles, tout comme ce fut le cas dans les développements de jeux sur PC. L’arrivée de cette nouvelle PS4.x, outre les évolutions qu’elle proposera, peut donc signifier un changement de stratégie économique en se rapprochant du modèle PC. Stratégie qui n’est pas sans risque et sans coût à la fois pour le consommateur et le développeur et qui pourrait très bien précipiter l’apparition de la future grande révolution dans ce secteur : la dématérialisation totale du hardware et le développement de plate-forme online de jeu.