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Banshee 4.01 – Something Out of the Bible (Critique de l’épisode)

Banshee 4.01 – Something Out of the Bible (Critique de l’épisode)

Note de l'auteur

Critique avec spoilers

Un final dans les larmes et dans le sang, voilà une tradition à laquelle Banshee ne faillit jamais. La précédente empila les cadavres de manière frénétique, dans un déluge de drames ininterrompus. Mais cette fois-ci, les pertes déclenchèrent des retombées irrémédiables pour la physionomie de la série. Il est donc presque logique que cette dernière, qui s’apprête à nous quitter, soit énormément bousculée et d’une certaine manière, transformée. Retour sur un changement de physionomie audacieux, sous forme d’adieux.

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Cette maxime célèbre, ne saurait mieux correspondre à ce qui se produit, et se produira dorénavant dans Banshee. La perte de Gordon (Rufus Sewell) et de Job (Hoon Lee) en fin de saison dernière, impliquèrent une modification profonde pour Carrie (Ivana Miličević) et Lucas Hood (Antony Starr). L’une a perdu son mari, le père de ses enfants. L’autre, son meilleur ami, à la loyauté inébranlable. Leurs vies à tous deux, on s’en doutait bien sûr, se verraient forcément consumer par de tels drames. Seulement, Banshee possède une faculté rare pour une série. Elle anticipe les attentes trop évidentes du téléspectateur et ne cherche jamais à tomber dans la facilité. Dès lors, nous n’imaginions pas jusqu’à quel point les personnages allaient souffrir de ces tragiques événements…

Nous redécouvrons alors avec effroi l’apparence de l’ancien shérif de Banshee. Sale, les cheveux et la barbe d’une taille conséquente, Lucas Hood est méconnaissable. Lui, la bête furieuse, la tête brûlée, le trompe-la-mort semble être devenu l’ombre de lui-même. Un véritable choc, qui nous indique aussi avec subtilité qu’une période certaine s’est alors écoulée depuis la conclusion de la saison dernière. Désormais reclus, vivant caché, Lucas Hood survit. Sans but, ni raison véritable. Mais le destin, ou du moins son ironie, va l’arracher à son isolement. C’est une fois encore par la perte d’un être cher que le personnage va devoir choisir de surmonter cette épreuve ou de sombrer définitivement. Avec surprise, nous découvrons que c’est donc la jeune Rebecca, brutalement assassinée, qui deviendra ici le leitmotiv de Hood pour revenir sur le devant de la scène. 

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Les deux personnages n’ayant plus vraiment de relation pertinente depuis longtemps, la série va alors tisser habilement un procédé narratif via un flash-back d’inter-saison, pour expliquer pourquoi Hood est si affecté par sa mort. Nous relatant ce qu’il s’est passé entre eux durant les saisons trois et quatre à plusieurs reprises, nous comprenons désormais ce qui implique Hood à travers elle. Dépressif, suicidaire, ce dernier ayant abandonné toute raison de vivre depuis la disparition définitive de Job (auquel nous, nous refusons de croire !), il ne devra alors son salut qu’à la jolie plante qui lui trouvera un endroit isolé, sans être hanté par ces « fantômes » afin qu’il puisse continuer de vivre. Le feu de la rédemption n’est donc pas complètement éteint pour Lucas Hood, qui va se relever une dernière fois pour trouver le meurtrier de Rebecca.

Cette perte établit aussi un parallèle dynamique et pertinent. Si Lucas Hood trouve la force de renaître de ses cendres, c’est alors au tour de Kai Proctor (Ulrich Thomsen) de subir les tourments du chagrin et de l’isolement. Les deux hommes, qui se haïssent viscéralement, et dont la position sociale s’est vu inversée depuis (le chef mafieux est devenu maire, Hood n’est plus rien), se voient alors obligés de s’associer. La nécessité qu’ont ces deux ennemis de s’aider mutuellement prouve bien une chose : même si leur statut respectif a changé, ils se retrouvent tous les deux dans une position tellement critique psychologiquement parlant, qu’ils sont prêts à coopérer malgré leur antagonisme mutuel. 

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Enfin, un élément presque intrusif dans la nature de Banshee est ici introduit, par le biais d’un serial killer et qui participe au changement de la physionomie de la série. Jamais cette dernière n’avait abrité dans ses rangs un prédateur de cette nature, même parmi les plus sadiques. Encore plus sombre qu’auparavant et pour l’instant nécessairement moins jubilatoire, la tonalité de cette dernière saison semble impliquer un point de non-retour pour grand nombre des personnages, afin de les projeter dans un ultime baroud d’honneur. Sans aucun retour possible. 

Beaucoup d’autres aspects méritent que l’on s’attarde sur cet épisode. A contrario de Hood, Carrie n’existe désormais que dans une ultra violence auprès des criminels. Elle a tout perdu, ses enfants lui ont été enlevés, elle doit suivre une psychothérapie forcée et elle aussi culpabilise de n’avoir pu sauver Job. Par ces agissements, on comprend qu’elle vient d’attirer l’attention de la nouvelle recrue de la police, qui travaille en fait pour Proctor. Carrie n’ayant presque, voire jamais, rencontré ce dernier, de nombreux problèmes risquent de lui arriver sous peu… Enfin, si Brock (Matt Servitto) maintenant devenu shérif semble, en apparence, résigné à arrêter Proctor en travaillant pour lui, on découvre surtout ce qu’il est advenu de Bunker, le néo-nazi repenti. L’énorme plus-value de la saison dernière, joué génialement par Tom Pelphrey, voit sa vie toujours en danger à cause des anciens membres de sa fraternité. Une situation qui risque de s’aggraver davantage, ces derniers travaillant avec Proctor et  Bunker continuant de prendre des décisions de plus en plus dangereuses à leur égard, plus particulièrement envers son frère. Au vu du contexte qui se profile, on imagine assez bien un consensus des deux flics avec Hood et Carrie pour une bataille rangée face à Proctor en termes de bataille finale.

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Enfin, rappelons une constante importante de la série. Quand un protagoniste quitte la scène de Banshee, cela doit être avant tout un événement. Jonathan Tropper met un point d’honneur à ce sujet-là. Les morts d’Emmett (Demetrius Grosse), Siobhan (Trieste Kelly Dunn) et Gordon, pour ne citer que les plus récentes, peuvent en attester. Les personnages se voient toujours disparaître dans un contexte emblématique, puissant et surtout nourricier pour l’intrigue. Un précepte que la série a donc toujours su capitaliser au mieux depuis ses débuts. Sauf que cette fois-ci, comme pour confirmer sa différence sur la tonalité de la saison, « Something Out of the Bible » procède de cette habitude de manière retardée. 

Si la découverte du corps sans vie de la vénéneuse Rebecca dès les premières minutes laisse sans voix, ce n’est pas tant par sa mort en elle-même, mais plutôt comment elle survient. Il faut d’abord rappeler que la donzelle se caractérisait à suivre définitivement les traces de son oncle, dans la même violence et une similaire opiniâtreté. Sa progression en tant que personnage paraissait donc établie, terminée, puisque promise à devenir la nouvelle « marraine » de Banshee dans le futur. Sa suppression, sans être une évidence bien sûr, semble logique. Seulement, si sa mort sert d’incident déclencheur pour tirer Hood de sa torpeur, et réveiller ainsi la ville trop tranquille de Banshee, il faudra attendre les dernières minutes de l’épisode pour lui offrir un hommage à sa mesure, à l’image de ceux que tous les protagonistes majeurs se sont toujours vus décerner. 

Via un patchwork de scènes retraçant l’histoire de la jeune fille pleine de vie, alterné avec la décrépitude de son corps meurtri, Banshee ravive dans notre esprit qui elle a été, et comment elle a vécu. On se souvient d’une jeune fille en lutte contre l’ordre établi, contre sa propre famille et sa propre condition afin de défier un destin qu’elle refusa continuellement. Dans ce rappel soudain où la vie et la mort se mélangent, Rebecca s’est donc éteinte. Sa mort fut violente, tout comme l’existence qu’elle a choisie. Il ne nous reste plus qu’à découvrir comment elle a disparu…

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Banshee vit donc ses dernières heures. Fort heureusement, cet épisode de reprise bénéficie de toutes les qualités qui font de cette dernière une grande série. Une écriture maîtrisée, une caractérisation étonnante, des acteurs toujours impeccables, une réalisation digne du 7ème art…  À l’instar de ces personnages, comme pour nous prévenir, Banshee nous bouscule de façon inattendue et nous emmène dans une direction complètement nouvelle. Puisque la série vit ses dernières heures comme nous le rappelions dernièrement, nous devons la savourer comme il se doit, tels les dernières lampées d’un grand cru qui va finir par être tari. Voyons voir si les scénaristes l’ont suffisamment laissé décanter afin d’en profiter au maximum. Mais au regard de cet excellent épisode, tout semble indiquer ici une très grande et très belle dernière année. Vivement la prochaine dégustation.

Banshee – Cinemax / Sur Canal+ Séries le 5 avril

Écrit : Jonathan Tropper

Réalisée par : Ole Christian Madsen

Avec Antony Starr, Ivana Miličević, Ulrich Thomsen, Matt Servitto, Frankie Faison, Hoon Lee, Eliza Dushku

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