#Critique A nos amours (T.1)
Depuis quelques années maintenant, Jean-Paul Nishi a fait de Paris et des Français dans leur ensemble, ses sujets de prédilection. Après À nous deux Paris, Paris le retour et Paris toujours !, le voilà qu’il revient avec À nos amours, dans lequel il continue d’explorer les différences culturelles et sociales entre la France et le Japon et de s’en amuser. De la rencontre avec sa femme française à la naissance de son enfant, le mangaka partage avec nous un bout de sa vie. Avec son graphisme enfantin et son humour tendre et décalé, ce tome se lit d’une traite et atteint son but, nous faire rire.
Bleu, blanc, rouge… Dès la couverture, J.-P. Nishi annonce la couleur et nous offre un petit avant-goût de France. Il faut dire qu’il la connaît bien puisqu’il y a vécu pas mal de temps, à partir de 2005. C’est d’ailleurs là qu’il a commencé à y dessiner son quotidien. Avec À nos amours, il nous présente Karen, une journaliste française, passionnée de high-tech, qui deviendra sa future femme et avec qui il aura un enfant. Après de longues années de célibat, c’est à partir de cette rencontre que l’auteur nous raconte avec beaucoup d’humour et de simplicité sa vie d’époux et de père de famille. En se mettant en scène de la sorte, il nous invite dans une forme d’intimité, nous faisant part de ses interrogations, de ses observations, de son ressenti et fait très souvent mouche. Les situations s’enchaînent et le récit évolue à travers tout un tas de mini-chapitres de deux ou trois pages maximum. Choc des cultures, passage à l’âge adulte avec les responsabilités que cela représente et quiproquos en tout genre, Nishi doit faire face à de nombreuses épreuves mais il a le recul suffisant pour nous en faire part avec beaucoup d’autodérision. On rit forcément devant certaines situations et les constats qu’en tire l’auteur. Les Françaises complimentent leur mari dix mille fois plus que les Japonaises ou encore l’importance de l’orientation d’un bébé dans une pièce pour amoindrir le volume sonore des cris…
L’auteur forme avec sa femme, un couple atypique et attendrissant. Au-delà des différences culturelles, tout un chacun peut se retrouver dans les anecdotes qui nous sont racontées. Que ce soit vis-à-vis de la vie de couple ou le fait de devenir parent, les situations font écho au vécu de tout le monde. Sur la forme, ce premier tome est un objet hybride, quelque part entre le manga et la BD franco-belge. Pas vraiment étonnant ! En dehors des couleurs choisies pour la couverture, le sens de lecture occidentale montre une fois de plus, la volonté d’établir une passerelle entre différentes sensibilités artistiques mais avant tout, entre deux cultures et deux pays. Malgré un style graphique assez basique mais très drôle, la mise en page est très structurée afin d’optimiser l’impact comique. Sur le fond comme sur la forme, J.-P. Nishi joue sur les contrastes et s’amuse des différences pour nous offrir une œuvre qui nous rassemble dans l’humour. En ces heures sombres que nos sociétés actuelles vivent, en ces temps d’incertitude, c’est très certainement le meilleur des remèdes. À consommer sans modération !
À nos amours (T. 1)
De J.-P. Nishi
Édité par Kana
