
#Critique Ajin (T. 9)
Voilà maintenant neuf tomes qu’Ajin s’est imposé comme LE thriller urbain surnaturel du moment. Le titre a su imposer son ton, son rythme et son univers, introduisant par la même occasion l’auteur, Gamon Sakurai, dans la cour des grands. Ce neuvième tome est, comme les précédents, hallucinant de maîtrise formelle et déroule implacablement son récit sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. La confrontation entre Kei Nagai et Sato est enfin arrivée et elle ne sera vraisemblablement pas la dernière. Tant mieux !!!
Sato est un ajin (immortel), mais aussi le leader d’une cellule terroriste ayant pour but de se venger des humains. Il continue d’exécuter froidement son plan et tue une à une les cibles de sa « to kill list ». Face à lui, Kei Nagai, lui aussi ajin, aidé par le comité de gestion des ajins, compte bien mettre un terme à sa folie meurtrière. Cela fait maintenant deux tomes que le building de Forge Sécurité est le théâtre d’un face-à-face sanglant et l’auteur ne relâche jamais la pression. Bien que Sato semble être de plus en plus isolé, son ingéniosité et sa redoutable intelligence font de lui un adversaire sans commune mesure. Gamon Sakurai continue donc de développer son concept autour de l’immortalité, en y apportant à chaque tome un peu plus de matière et d’épaisseur. Là où de nombreux auteurs seraient tombés dans la facilité, Sakurai n’entend pas se reposer sur sa seule idée de départ et l’étoffe au fur et à mesure pour nourrir son récit. Le lecteur, lui, reste scotché par tant de maîtrise et une fois le doigt pris dans l’engrenage, il ne peut plus s’en défaire. Nous avons vu Kei mûrir, accepter sa nature d’immortel et assumer les responsabilités qui lui incombaient. En parallèle, nous avons assisté à la montée en puissance et la folie meurtrière de Sato. De mémoire, depuis le Light versus L de Death Note, rarement un face-à-face aura connu une telle intensité.
Rien ou presque ne semble résister à l’incroyable savoir-faire du mangaka. Sur le fond comme sur la forme, il excelle dans sa partition et nous balance des scènes d’action et de gunfights sous tension. Son découpage millimétré et ultra-dynamique, la finesse de son trait, son photo-réalisme et son souci du détail sont autant d’éléments qui finissent de hisser Ajin vers les sommets du seinen. Depuis quelques années, on craignait une uniformisation du genre, sous la bannière du « Death Game » bête et méchant, mais c’était sans compter sur l’arrivée de Gamon Sakurai dans la partie. Avec Ajin, il rappelle que le concept doit être au service de l’histoire et non l’inverse et que le seinen ne se limite pas à des histoires de lycéens obligés de s’entre-tuer via les réseaux sociaux ou les smartphones. L’exigence dont il fait preuve pour son thriller urbain porte indéniablement ses fruits puisque jusqu’ici son titre est prenant, racé et carrément addictif. Nul ne sait jusqu’où il ira comme ça, mais qu’importe, on le suivra encore longtemps si la suite reste à ce niveau. Jouissif !
Ajin (T. 9)
De Gamon Sakurai
Édité par Glénat