
On a lu…Batman: No Man’s Land (T.6)
Le calvaire des habitants de Gotham prend fin avec ce sixième et dernier volume de Batman: No Man’s Land. Entre tragédie et espoir en de meilleurs lendemains, les héros pansent leurs plaies et les gens tentent de reconstruire leur ville. Alors que la fin de l’aventure arrive, profitons-en pour en faire le bilan.
L’identité du « généreux » bienfaiteur qui a décidé d’utiliser ses ressources et ses alliés afin de reconstruire Gotham a enfin été dévoilée : et c’est désormais un souci supplémentaire pour Batman et ses alliés. Face à eux, le Joker élabore un plan d’attaque machiavélique destiné à faire du réveillon de Noël le dernier que connaîtra la cité maudite. Une douce nuit qui va s’avérer des plus sanglantes…
Même si le contexte est à la reconstruction, tout n’est pas encore réglé, loin de là. Le danger et les menaces sont même plus grands dans ce qui s’apparente à une fin de règne. Que ce soit pour le Pingouin, maître du marché noir, le Joker qui prend son pied dans ce lieu de chaos ou bien encore Petit et sa faction de flics ayant fait sécession avec Gordon, tous vont devenir de plus en plus dangereux au fur et à mesure des travaux de reconstruction de la ville menés par Lex Luthor. L’ennemi légendaire de Superman voit, dans le désastre qu’a connu la ville de Gotham, une belle opportunité pour faire fortune tout en redorant une image qui lui sera bien utile lors de la course à la présidence qui pointait alors son nez dans l’univers DC. Potentiellement intéressante sur le papier, la confrontation entre le Chevalier noir et le génie criminel reste assez banale. Il y a certes de très bon moment comme les épisodes de Catwoman dans lesquelles la cambrioleuse malicieuse s’en donne à cœur joie pour se venger de ceux qui lui ont fait du tort mais on restera quand même sur un sentiment d’inachevé quand arrive le final où Batman gagne sans réellement combattre.
Le traitement secondaire de cette lutte entre puissant est cependant logique quand on regarde la saga No Man’s Land dans son ensemble. Se déroulant sur une année de publication et quasi tout autant au sein de la fiction, l’épopée sur cette terre désolée porte un soin particulier à mettre en avant le destin d’hommes et de femmes hors du commun. Bien sûr, les grandes aventures mettent en scène Batman et ses alliés contre de redoutables ennemis menés par le Pingouin ou le Joker. Mais ce sont avant tout les histoires des survivants qui tentent, jour après jour, de survivre et d’aider leur prochain qui sont la véritable force émotionnelle.
Conséquence logique, c’est lorsque cette force rencontre le destin des super-héros que No Man’s Land est à son meilleur. Ce dernier tome nous le prouve une fois encore avec le triangle amoureux entre Nightwing, Oracle et Huntress ou bien encore le conflit intérieur que vit cette dernière. De la même façon, la fin du combat avec les hommes de Petit et, bien sûr, la dernière horreur que prépare le Joker sont tout autant de moments forts d’une saga qui, à l’heure de sa conclusion, se penche sur le véritable héros de la série. La chauve-souris est présente mais c’est bel et bien le commissaire Gordon qui ressort grandi de cette épopée. Fidèle aux habitants de Gotham, luttant entre ses convictions et un pragmatisme nécessaire à la survie en terre hostile, il n’aura de cesse de ne jamais franchir la ligne alors même qu’une tragédie le frappe une nouvelle fois.
On peut avoir facilement tendance à l’oublier face à l’excellente politique éditoriale d’Urban Comics pour une implantation durable de l’univers DC en France, mais une telle situation n’arrive pas sur un simple claquement de doigts. Entre la fin des années 80 et 1999, le lecteur amateur de super-héros de DC comics connut une véritable disette et une grande partie des histoires de l’éditeur ne fut pas éditée chez nous. Un état de fait qu’il est bon de rappeler aujourd’hui alors que la parution de la fin d’une des grandes sagas de Batman se fait dans un quasi-désintérêt. Et pourtant, tout comme Knightfall, l’intégrale de No Man’s Land est enfin là. Bien sûr, la saga n’est pas sans défauts et sa structure relève d’un type de production passé de mode. Mais pour autant, quand arrive la dernière page, on peut se dire que le jeu en valait la chandelle.
Batman: No Man’s Land – Tome 6 (DC Classiques, Urban Comics, DC Comics) comprend les épisodes US de :
- Batman – No Man’s Land #0 écrit par Jordan B.Gorfinkel et Greg Rucka et dessiné par Greg Land
- Nightwing #38 et #39 écrit par Chuck Dixon et dessiné par Scott McDaniel
- Catwoman #76 et #77 écrit par John Ostrander et dessiné par Jim Balent
- Robin #73 écrit par Chuck Dixon et dessiné par N. Steven Harris
- Azrael: Agent of the Bat #60 et #61 écrit par Dennis O’Neil et dessiné par Roger Robinson
- Batman #573 et #574 écrit par Greg Rucka et Devin Grayson et dessiné par Sergio Cariello, Damion Scott et Dale Eaglesham
- Detective Comics #740 et #741 écrit par Greg Rucka et Devin Grayson et dessiné par Sergio Cariello, Damion Scott et Dale Eaglesham
- Legends of the Dark Knight #126 écrit par Greg Rucka et Devin Grayson et dessiné par Damion Scott et Dale Eaglesham
- Batman : Shadow of the Bat #94 écrit par Greg Rucka et dessiné par Pablo Raimondi
Prix : 28,00 €