
#Critique Bleach (T. 71)
Prenez garde, la fin est proche ! Non pas celle des temps, quoique… Non, je parle bien de Bleach, titre phare de l’écurie Jump, publié chez nous par l’éditeur Glénat. Je le répète, critique après critique, il est grand temps que le titre de Tite Kubo se conclue. Paradoxalement, on ressent presque un pincement au cœur. Un « guilty pleasure » ?! Assurément ! Bleach, à l’image de Naruto ou One Piece, pour ne citer qu’eux, fait partie intégrante du paysage shônen. Le nawak constant et la vacuité scénaristique sublimée par l’un des coups de crayon les plus talentueux de sa génération vont forcément nous manquer… Un peu !
Précédemment dans Bleach, des mecs se sont foutus sur la gueule… Dans ce nouveau tome, d’autres mecs se foutent sur la gueule. À chaque tome, son combat. Après l’invraisemblable et complètement taré Kurotsuchi vs la main géante du Roi Spirituel, place à Kyôraku, capitaine du Gotei 13 vs Lille Barro. « Round one! Fight! ». La guerre fait toujours rage entre Shinigamis et Quincys et face aux troupes du tout-puissant Yhwach, la Soul Society a bien du mal. Tous, n’attendent qu’une chose, tout comme le lecteur, c’est l’affrontement final mené par Ichigo, le héros OGM, au croisement de toutes les races possibles. Seul lui avec ses centaines de « level-up » sera suffisamment balèze pour défoncer le chef des Quincys. Le petit problème, c’est que Ichigo, ça fait un bail que l’on ne l’a pas vu. Le mec apparaît au détour d’une ou deux pages, depuis déjà deux ou trois tomes et ne fait rien d’autre que courir. En dehors de ça, pour ce qui est du combat, Tite Kubo applique sa formule, du « level-up », une grandiloquence assumée, du chara-design de taré et une pointe de mélancolie. Car oui, Bleach est traversé depuis très longtemps par une sorte de spleen quand il ne tombe pas dans la caricature. J’ai toujours trouvé l’humour du titre peu drôle et je préfère quand il joue plus sur la corde dramatique. Dans un sens, même si ça paraît excessif, ça cadre, à mon humble avis, mieux, avec les aspirations de l’auteur.
Bon, du coup, rien de bien nouveau. Ce combat est, comme à l’accoutumée, l’occasion d’explorer un peu plus le passé et les liens entre certains personnages. C’est toujours un plaisir de voir le personnage de Kyôraku à l’œuvre et le fait qu’il soit certainement l’un des plus cool de l’univers Bleach, n’y est sûrement pas pour rien. Cependant, la recette étant toujours la même, on a bien eu le temps de s’y habituer et c’est désormais sans réelle saveur qu’on se plonge dans un nouveau tome. Reste toujours le trait aiguisé de Kubo, qui, lui, traverse les tomes en se bonifiant et parvient, contre vents et marées, à donner une seule bonne raison aux lecteurs d’avoir continué jusqu’ici. Car oui, il en a fallu de la volonté pour traverser certains arcs de Bleach. Mais le dessin, essence même du manga, n’a jamais fait défaut au titre. Le mangaka fait preuve d’une véritable maîtrise aussi bien en termes de graphisme et de design, que de mise en page. Il a su, au cours des mille et un combats qu’on s’est farcis, au milieu de ces improbables retournements de situations et « level-up », imposé un style fin et élégant, jouant intelligemment des contrastes. Tome après tome, il nous claque des pages incroyables et millimétrées sublimant d’interminables batailles. Aller, plus que trois tomes… D’ici là, Ichigo aura certainement arrêté de courir et se sera enfin mis au boulot. On croise les doigts… Un peu !
Bleach (T. 71)
De Tite Kubo
Édité par Glénat