On a lu…Brian Azzarello présente Hellblazer (T.1)

Note de l'auteur

Nouveau tome, nouveaux épisodes et nouvel auteur mais toujours ce salaud de Constantine au commande. Clope au bec et trench-coat sur les épaules, le britannique cynique et roublard revient pour notre plus grand plaisir pour répondre à cette importante question : vaut-il mieux être piégé dans un bar pendant une tempête de neige ou enfermé dans une prison qui ne dépayserait pas les pensionnaires de Oz ?

Survivre dans une prison de haute sécurité gouvernée par des brutes où tout signe de faiblesse est synonyme de mort certaine, telle est la mission de John Constantine. Dans le labyrinthe perfide des gangs et des gardiens corrompus, il devra naviguer avec prudence, en évitant par tous les moyens le big boss de ce lieu de perdition.

John Constantine, c’est un peu un Doctor Who qui en aurait eu marre de sauver l’univers, qui aurait envoyé tout le monde se faire foutre et qui aurait posé le TARDIS dans une rue paumée de Londres pour aller boire une pinte et se griller des clopes. Car ce qui est fascinant avec Hellblazer, c’est sa capacité de renouvellement basée sur un concept simple, un personnage fort ainsi qu’une grande liberté créatrice.

De fait, chaque auteur a pu laisser sa marque et une tonalité propre à la série tant et si bien que le lecteur chanceux peut picorer dans les 300 numéros de la série au gré de ses envies. En s’appuyant sur cette malléabilité, Urban Comics tente le pari de publier l’intégralité du fleuron du catalogue Vertigo comme d’autres l’ont fait avant lui en se cassant les dents. En misant sur une collection chapitrée par auteur et non une intégrale chronologique, l’éditeur nous a ainsi proposé de plonger dans les cycles du jeune chien fou Garth Ennis puis du terrible Warren Ellis. Aujourd’hui, c’est au tour de Brian Azzarello de venir apposer sa marque sur le personnage et la série, cela entre 2000 et 2002.

Dans ce premier tome qui regroupe les seize premiers épisodes du cycle, l’auteur de 100 Bullets va s’amuser avec cette empaffé de John Constantine pour un road trip au plus profond de l’Amérique. Composé de trois longs récits entrecoupés d’histoires bouclées, ce tome est, comme les précédents, un pur régal. Décrit comme un élément perturbateur, Constantine est le grain de sable qui bousille tout une belle machinerie. On le voit ainsi devenir le maître d’une prison de haute sécurité ou bien encore se foutre royalement de bandits venant de prendre en otage les clients d’un petit restaurant. Pour autant, le magicien au trench-coat n’en apparaît pas moins comme classe ou charismatique. Bien au contraire, il déborde de pitié et de mal-être.

Point central de l’album, le récit De bonnes intentions (Hellblazer #151 à #156) nous le montre sous un jour nouveau tandis qu’Azzarello nous décrit une communauté perdue et abandonnée prête à tout et au pire pour survivre. Plus de dix ans avant que le white-trash soit devenu un thème récurrent au cinéma ou à la télévision américaine, le scénariste s’intéressait déjà à ces gens.

Le cycle d’Azzarello ne déroge pas non plus à la haute qualité graphique qui parcourt la série. Si Steve Dillon (Preacher) est toujours aussi efficace le temps d’un épisode (…Et enterré – Hellblazer #157) et si Marcelo Frusin (Loveless) nous offre des épisodes de toute beauté, on retiendra surtout le premier récit, Hard Time, dessiné par le grand Richard Corben qui sublime le séjour en prison d’un Constantine capable de mettre à ses pieds toute la population carcérale de Oz.

Ennis, Ellis et maintenant Azzarello. Petit à petit, cette nouvelle édition tente de construire ce que le lecteur fan de Constantine n’osait espérer, une intégrale de l’un des meilleurs comics de tous les temps. On croise les doigts pour que la chapelle du salopard accro au tabac puisse voir le jour.

Brian Azzarello présente Hellblazer – Tome 1 (Vertigo Signatures, Urban Comics, DC Comics) comprend les épisodes US de Hellblazer #146 à 161 et Hellblazer – Vertigo Secret Files #2

Écrit par Brian Azzarello

Dessiné par Richard Corben (#146 à #150), Steve Dillon (#157), Marcelo Frusin (#151 à #156, #158 à #161) et Dave V. Taylor (Hellblazer – Vertigo Secret Files #2)

Prix : 28 €