On a lu…Crisis on Infinite Earths de Marv Wolfman et George Pérez

On a lu…Crisis on Infinite Earths de Marv Wolfman et George Pérez

Note de l'auteur

On a beaucoup écrit sur Crisis on Infinite Earths. Sur son caractère historique, sur son rôle de grand nettoyeur d’un univers jugé trop complexe ou bien encore sur sa nature fondatrice d’une nouvelle période artistique pour DC Comics. Oui, on a beaucoup écrit sur la saga de Marv Wolfman et George Pérez, mais on oublie souvent le plus important : il s’agit de la plus grande saga événementielle jamais créée.

 

Crisis on Infinite Earths - 5Entre juillet 1982 et mars 1985, les lecteurs de Superman, The Fury of Firestorm, The Flash, Green Lantern, Justice League of America, The Saga of Swamp Thing, Blue Devil ou bien encore Batman & The Outsider purent assister au manigance d’un trafiquant d’armes agissant dans l’ombre et portant le nom de Monitor. Apparu pour la première fois dans The New Teen Titans #21 de Marv Wolfman et George Pérez, ce personnage n’est pas une simple menace et les lecteurs d’alors sont bien loin d’imaginer qu’ils assistent là aux prémices d’une révolution.

 

Parmi toutes les qualités qui font de Crisis on Infinite Earths une aventure extraordinaire, il y en a une en particulier dont découlent toutes les autres. Comme Marv Wolfman l’explique dans la postface de l’album, la lutte de tous les héros de l’univers DC contre le terrible et puissant Anti-Monitor est une histoire qui a mûri dans son cœur pendant de longues années et qui éclot lors d’une convergence d’idées. Alors que DC Comics est dans une phase de renouveau et de reconquête face à Marvel (avec, notamment, l’arrivée de grosse pointure comme John Byrne prêt à faire renaître Superman) et que le besoin de simplifier un univers devenu compliqué se fait de plus en plus ressentir, le scénariste du succès artistique et public The New Teen Titans propose de créer avec son compère George Pérez une grande histoire prétexte à une refonte total de l’univers DC. Par le passé, les histoires annuelles voyant les héros de différentes Terres affrontant un ennemi commun étaient appelée Crisis on… (Justice League of America #29 – Crisis on Earth-3, Justice League of America #107 – Crisis on Earth-X etc.). Afin d’appuyer le caractère magistral et unique de la saga à venir, DC Comics va perpétuer la tradition et l’amplifier au maximum. Il ne s’agit plus d’une petite crisounette entre deux Terres mais de la plus grande des crises, celle qui va toucher toutes les Terres !

 

Crisis on Infinite Earths - 4L’astuce est bien connue des raconteurs d’histoires. Pour renforcer et mettre en valeur la puissance d’une menace, il faut la faire confronter à une seconde déjà connue du lecteur. En détruisant en quelques pages Terre-3, la Terre abritant la Ligue de justice version maléfique¹, par une puissante vague d’énergie, Marv Wolfman et George Pérez posèrent d’emblée le caractère implacable de l’ennemi, l’Anti-Monitor être venant de l’univers négatif et désirant détruire et dominer l’univers. Un but dont la simplicité ne fait que renforcer la portée symbolique et épique de la saga où, comme la formule l’exige, plus rien ne sera comme avant (mais là c’est vrai !). Présentée comme une lutte millénaire et ancestrale, la bataille entre Monitor et Anti-Monitor est l’illustration classique du combat entre le bien et le mal, et l’ordre et le chaos. Une approche classique parfaite tirant sa source de l’histoire de DC et notamment de Green Lantern #40 de 1965 et la découverte de la naissance de l’univers avec cette immense main sortie de nulle part. En parfait archiviste, Marv Wolfman va se servir des moindres détails de l’univers DC (mais toujours avec un souci de clarté) pour nourrir son récit. Ainsi, révélant ses véritables plans, le Monitor va constituer une équipe, piochée dans les différentes époques et les multiples mondes, qui se chargera dans un premier temps de défendre des piliers nécessaires à la survie de l’univers.

 

Crisis on Infinite Earths - 3Si, rapidement, un noyau de grands héros se forme autour des Superman de Terre 1 et 2, il n’en reste pas moins que la mini-série prend le temps de rendre hommage à tout le monde. Katmandi, Captain Marvel, les Blackhawks, Jonas Hex, la J.S.A. ou bien encore la Légion des super-héros, personne n’est oublié. De la même manière, chaque épisode prendra le temps de s’attarder sur un des aspects ou un des mondes marquants de l’éditeur. Mieux ! Cet immense tour d’horizon ne prend jamais le pas sur le récit. On doit ce tour de force au talent sans commune mesure d’un George Pérez qui signe ici ce qui reste l’un de ses plus grands travaux. Avec une construction remarquable jouant sur plusieurs récits au sein d’une même page, et sachant placer ses personnages tout en offrant des moments intimes et des grands actes de bravoure, le dessinateur fait de ce grand événement un véritable Crépuscule des dieux.

 

 

 

Parmi les grands moments, on retiendra à raison la mort de Supergirl et le sacrifice de Flash. Mais c’est dans d’autres passages que Crisis on Infinite Earths assoit sa position. On pense à l’inflexibilité du méchant Ultraman qui, face à l’inévitable, fait preuve de la même bravoure fondamentale que son double, Superman, à la perte d’espoir de Bat-girl, à l’immense colère du dernier fils de Krypton face à la mort de ses amis ou bien encore au tragique destin de Pariah. Même si le récit n’est pas sans défaut et souffre de problème de rythme lors de la disparition supposée de l’Anti-Monitor, cela n’est au final que peu de chose tant le reste s’avère grandiose. Mètre étalon pour toutes les grandes sagas événementielles suivantes qui n’ont jamais atteint ne serait-ce que la cheville du maître, la mini-série de Wolfman et Pérez reste l’incarnation de ce pourquoi on aime les récits de super-héros. Parce que malgré la fin de tout, ils ne baissent jamais les bras et sont porteur d’espoir.

 

Crisis on Infinite Earths - 6

 

Conclusion magistrale, fin d’une époque, grand récit épique et début d’une nouvelle ère, Crisis on Infinite Earths est tout cela à la fois et plus encore. Longtemps attendue, cette nouvelle édition tient toutes ses promesses et, à l’instar de sa parution originale, se présente comme l’ouverture d’une grande époque éditoriale. On en reparle bientôt à travers un escadron suicidaire et une ligue de justice internationale.

 

 

 

Crisis on Infinite Earths - 1

 

 

 

Crisis on Infinite Earths (DC Essentiels, Urban Comics, DC Comics) comprend les épisodes US de Crisis on Infinite Earths #1 à #12, Legends of the DC Universe: Crisis on Infinite Earths #1 et History of the DC Universe Book 1 & 2.

Écrit par Marv Wolfman et George Pérez

Dessiné par George Pérez et Paul Ryan, Bob Mc Leod et Tom McCraw ( Legends of the DC Universe : Crisis on Infinite Earths #1)

Prix : 35 €

¹ Qu’on a récemment retrouvée dans Forever Evil

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