Nanardus Maximus (Critique de Gods of Egypt d’Alex Proyas)

Nanardus Maximus (Critique de Gods of Egypt d’Alex Proyas)

Note de l'auteur

Des effets spéciaux qui brûlent la rétine ? Des costumes qui feraient passer la collection été de Desigual pour le summum de la sobriété ? Des acteurs en cabotinage permanent, un dieu égyptien qui veille sur le monde à bord d’un vaisseau spatial ou encore la réplique « dans ton cul » ? Oui, toutes ces merveilles et bien plus encore sont dans Gods of Egypt, sidérant écrin de nanarditude cosmique mitonné par ce grand fou d’Alex Proyas. Un film aussi généreux que crétin. Mais surtout crétin. Et laid aussi.

Synopsis : Dans une époque ancestrale, durant laquelle les dieux vivaient parmi les hommes, la paix règne en Égypte. Mais Seth (Gerard Butler), Dieu du désert, qui convoite le pouvoir, assassine le roi et condamne Horus (Nikolaj Coster-Waldau) à l’exil, plongeant le royaume d’Égypte dans le chaos. C’est l’intervention d’un jeune voleur, Bek (Brenton Thwaites), qui va sortir Horus de sa prison. Ensemble, ils se lancent dans une aventure épique qui va donner lieu à une guerre sans précédent. Jusqu’aux frontières de l’au-delà, monstres et armées des dieux se déchaînent dans une lutte dévastatrice…

C’est la merde dans le royaume du studio Lionsgate ! Après le succès de la saga Hunger Games, les ronds de cuir en quête de brouzoufs n’ont plus rien à se mettre dans les fouilles ! Leur solution ? Appeler à l’aide Alex Proyas, réalisateur du culte The Crow, de l’ambitieux Dark City, du mou du slip I, Robot et du crétin Prédictions pour palper des billets verts ! Sa mission ? Mettre à profit un budget de 140 millions de dollars pour lancer une nouvelle saga basée sur la mythologie égyptienne et graisser la planche à oseille pour les années à venir. Mais tout cela, c’était sans compter sur l’intervention des forces occultes du tout puissant nanard, promptes à saboter sans vergogne une si noble entreprise. Et bien qu’il me peine de l’annoncer, le nanard a gagné. Et dans les grandes largeurs.

gods of egypt 2

Grand gloubi boulga informe puisant au hasard dans les Chevaliers du zodiaque, La Colère des titans, Aladin, Stargate et très vaguement les contes et légendes de l’Égypte, Gods of Egypt est une de ces séries Z de luxe dont on oublie encore qu’elles sont possibles. Pourtant, il aurait pu en être autrement. Car si le scénario reste d’un classicisme poli (un grand méchant, une demoiselle en détresse, un pays à sauver des forces du mal et un duo de héros qui va apprendre à travailler ensemble), le film a pourtant l’avantage de reposer sur la fascinante mythologie égyptienne, une mine d’or ayant le potentiel d’accoucher d’un univers riche et cohérent, tant narrativement que visuellement.

Mais non ! À la place, God of Egypt s’abandonne goulûment au mauvais goût le plus certain, réussissant à rendre chaque plan plus laid que son prédécesseur et chaque ligne de dialogue plus bête que celle qui la précède. Dans des décors pailletés conçus par un décorateur de boîte de nuit des années 90, le casting s’évertue donc à cabotiner du début à la fin pour compenser la vacuité de ce drôle d’objet filmique, le tout dans des costumes dignes du carnaval de Rio.

butlerEn tête de liste, Gerard Butler dans le rôle du grand méchant dieu Seth puise dans les vieux restes de son rôle du Leonidas de 300, mais n’en tire que la vague saveur d’un Jeff de Bruges pataud et lourdingue. Dans le même genre, Nikolaj « Jaime Lannister » Coster-Waldau dans les pompes du dieu Horus/Snake Plissken du pauvre, ne s’en sort pas mieux, enchaînant les one-liners foireux en compagnie de Brenton Thwaites, l’éphèbe nigaud qui lui sert de sidekick humain. Et dans ce glorieux casting (à l’épiderme bien clair pour des Égyptiens…), ce bon vieux Geoffrey Rush, venu pour empocher son cachet, compose avec ennui un Râ nanardifiant à souhait, veillant sur la Terre du haut de son vaisseau spatial de l’espace galactique, la peau luisante et les cheveux coiffés en une glorieuse natte argentée. Le bon gout à l’état pur.

Si on devait tenter de défendre Gods of Egypt, on pourrait tenter de louer son côté bon enfant, sa joyeuse désinvolture, son inoffensive légèreté et sa générosité presque naïve. Mais au final, c’est plutôt son infinie laideur et son étonnante capacité à provoquer chez le spectateur des crises d’épilepsie à répétition qui finira par retenir l’attention. Car aussi indulgent qu’on puisse être, un pareil torrent d’image 3D dégueue et sa réalisation en carton ne méritent pas qu’on y passe deux heures. La bande-annonce suffit amplement à piquer les yeux et le cerveau bien comme il faut.


Gods of Egypt d’Alex Proyas avec Gerard Butler, Nikolaj Coster-Waldau, Brenton Thwaites, Élodie Yung, Geoffrey Rush, Courtney Eaton et Chadwick Boseman. Sortie le 6 avril.

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