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#Critique : De l’art du renseignement (Le Bureau des Légendes s3 / Canal Plus)

#Critique : De l’art du renseignement (Le Bureau des Légendes s3 / Canal Plus)

Note de l'auteur

En saison 2, ce récit du quotidien de la DGSE accédait à la maturité. Mais la série d’Éric Rochant ne s’en contente pas et se remet en question de belle manière pour ce troisième acte encore un peu plus haletant. Le Bureau des légendes fait figure, plus que jamais, d’exemple à suivre pour le format sériel tricolore !

Nous avions laissé Guillaume Debailly (alias Paul Lefèvre, alias Malotru) dans une situation dramatique, quelque part au milieu de Daesh. Et de cette situation de crise, la série va pouvoir embrasser pleinement la vocation de ses personnages, à savoir le renseignement extérieur. Il est bien loin désormais le temps où Le Bureau des légendes cultivait surtout sa fonction d’espace clos plutôt que sa nature légendaire.

Néanmoins, cette saison 3 ne perd pas de vue le travail ingrat du renseignement. L’exploitation des données est naturellement un enjeu du métier, de surcroît à une époque reposant massivement sur l’utilisation des réseaux. Les premiers épisodes – nous avons pu en voir 8 – souligne l’importance du travail de fond, loin des fantasmes de l’agent infiltré. On se passionne alors pour la compréhension des forces en présence et la manière dont on organise un moyen de communication à partir de petits détails. La série rejoint alors le grand classique Rubicon (une seule saison sur AMC en 2010) en ce qu’elle démontre combien l’espionnage est d’abord un exercice de compréhension de l’autre.

D’ailleurs, Le Bureau des légendes mêle adroitement, cette saison, un effort diplomatique en parallèle des activités de la DGSE. Cette perspective permet au téléspectateur de prendre, au grès des épisodes, un recul nécessaire pour bien appréhender l’importance géopolitique qui gouverne les choix stratégiques des forces en présence. C’est une chose que propulser Malotru dans ce conflit, c’en est une autre que d’expliquer les tenants et les aboutissants. La série se montre précise et s’inscrit remarquablement dans une actualité qu’elle a anticipée à bon escient (l’imminence de la prise de Raqqa) bien qu’elle fût écrite il y a un an.

De passage sur France Inter cette semaine, Éric Rochant témoignait justement de son intérêt pour les questions d’actualité. Il commentait notamment l’affaire du rançongiciel WannaCrypt et du rôle éventuel de la NSA, laquelle avait peut-être connaissance de la faille mais ce serait bien gardée d’en avertir Microsoft.
Comme pour bien confirmer son emprise contemporaine, on trouve là aussi cette saison une tentative de contrôle via un réseau informatique. Une opération sensible qui interpelle également sur un plan plus prosaïquement moral. On touche à toute la duplicité des agences de renseignements. Jusqu’où aller dans l’exploitation des failles de toute nature ?
C’est peut-être le seul petit reproche que l’on peut faire à la série. On aimerait que le bureau apparaisse un peu plus en clair-obscur.

Pour le reste, c’est tout simplement brillant. Si elle parvenait à durer à ce niveau, l’adjectif « légendaire » ne ferait même plus débat !

LE BUREAU DES LÉGENDES Saison 3 (10 éps.)
Diffusée sur Canal Plus dès le 22 mai.
Série créée par Éric Rochant.
Épisodes écrits par Camille de Castelnau, Éric Rochant, Capucine Rochant, Raphaël Chevènement, Cécile Ducrocq et Emmanuel Bourdieu.
Épisodes réalisés par Samuel Collardey, Mathieu Demy, Antoine Chevrollier et Hélier isterne.
Avec Sara Giraudeau, Jean-Pierre Darroussin, Mathieu Kassovitz, Florence Loiret Caille, Jonathan Zaccaï, Zineb Triki, Gilles Cohen, Pauline Etienne, Jules Sagot, Irina Muluile, Mohammad Bakri, Léa Drucker, Walid Ben Mabrouk, Salim Daw, Melisa Sözen et Laurent Lucas.
Musique originale de Rob (Robin Coudert).

Visuel : Jessica Forde © The Oligarchs Productions / Canal+

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