
Critique de Marguerite et Julien (Festival de Cannes 2015)
Marguerite et Julien, nouveau film de Valérie Donzelli, fait partie de la compétition officielle. Sorte de conte où se mêlent éléments modernes et vieilleries, il semblerait que l’on ait à faire à la première purge cannoise.
Synopsis : Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir…
Mais quelle angoisse. Par où commencer ? Le peu d’intérêt du scénario peut-être ? Concrètement, c’est un film sans aucun fond qui brasse de l’air en tentant de rendre hommage à Truffaut et Demy sans grand succès. Car n’est pas Jacques Demy qui veut. Il ne suffit pas de foutre deux hélicoptères sur une plage (référence clairement faite à Peau d’Âne) pour arriver à cerner le genre et produire un long métrage de qualité. Par sa volonté de tester tous les effets de réalisation possibles (diaporamas, ralentis, collage et pourquoi pas macramé pendant qu’on y est hein) Valérie Donzelli transforme son film en pot (bien) pourri et ennuie profondément. Et c’est bien dommage, car des bonnes idées il y en a, mais noyées sous un flot d’effets : aucune n’a de sens. Les anachronismes assumés ne cessent de nous sortir du film (un conte de fée avec des vélux double vitrage de maisons modernes dans le cadre, c’est pas très joli quand même) et l’on est plongé dans une torpeur du début à la fin.
Le mode de narration est démarré dans un dortoir d’enfants, une conteuse se charge d’expliquer l’histoire à des petites filles à coup d’ombres chinoises et autres stratagèmes. Aucun intérêt puisque la réalisatrice elle-même décide de s’en passer pour le dernier tiers du film. De plus, les premières scènes avec les enfants ressemblent à un court-métrage de qualité assez médiocre et ne convainquent absolument pas (tout comme la direction des comédiens et la différence d’âges entre le personnage de Jérémie Elkaïm et celui d’Anaïs Demoustier, censés être presque jumeaux).
On commence à rêver que cette histoire d’inceste se rapproche d’un épisode de Game Of Thrones : que l’on puisse enfin assister à une scène intéressante; mais non, on se réveille et au bout d’une 1h30 et Marguerite a juste sucé les doigts de pieds de son Julien (heureusement la finalité du destin des deux personnages nous rapprochera un peu de la série à succès).
Valérie Donzelli qui avait su chambouler son public avec son film La Guerre est déclarée déçoit clairement et raconte toujours la même chose : une histoire d’amour non réglée un peu malsaine. Moins cher qu’un long métrage : il faudrait penser à tenter la psychanalyse.
Marguerite et Julien, France, (01h45), réalisé par Valérie Donzelli avec Anais Demoustier, Jérémie Elkaim, Victoria Chaplin, Frédéric Pierrot…
« et pourquoi pas macramé pendant qu’on y est hein) » 😀