#Critique Dr. Stone (T.1)
C’est très certainement l’événement de ce mois d’avril et ça y est, il est enfin disponible ! Avec Dr. Stone, l’éditeur Glénat frappe un grand coup et y met les moyens. Très clairement, il croit en son poulain et n’a pas lésiné sur les moyens de communication pour annoncer sa sortie. Les lecteurs étaient quant à eux fébriles à l’idée de découvrir ce nouveau shōnen de Riichiro Inagaki, scénariste du hit Eyeshield 21 et Boichi, dessinateur à qui l’on doit Sanctum et surtout Sun-Ken Rock. Une collaboration qui en faisait saliver plus d’un et qui se solde par un premier tome solide, sorte de survival au concept intriguant et à l’humour déjanté. À l’instar de One-Punch Man, ce manga tente de renouveler la formule et les codes du shōnen traditionnel à travers un propos novateur et des enjeux de taille. Préparez-vous à la fin du monde… !
Mais en fait, Dr. Stone, de quoi ça parle ?! Voici Taiju, un lycéen tokyoïte un peu benêt qui décide un beau jour de déclarer sa flamme à la belle Yuzuriha. Alors qu’il est sur le point de se jeter à l’eau, survient un cataclysme mondial aussi étrange qu’inexpliqué… En quelques fractions de seconde, l’humanité entière se voit transformée en pierre. Transcendé par son amour pour la jeune femme, Taiju ne perd pas espoir et tente de se libérer de sa prison de pierre. Les secondes deviennent des minutes, les minutes des heures, les heures deviennent des semaines, des mois, des années puis des millénaires… Finalement, le jeune homme, à force de persévérance, parvient à briser sa coquille minéral et découvre un monde revenu à l’état sauvage dans lequel la nature à repris ses droits. Le choc est immense d’autant qu’à priori, Taiju est désormais seul sur Terre… Du moins, c’est ce qu’il croit. Mais très vite, il tombe sur Senku, son pote de lycée, un véritable petit génie, qui lui aussi est parvenu à sortir de sa coque en pierre. Tous deux vont alors entreprendre de rebâtir la civilisation en repartant de zéro. Voilà donc, dans les grandes lignes, de quoi il retourne ! Ce premier tome de Dr. Stone ne perd pas de temps en introduction et parvient à brosser en quelques pages, le portrait des deux protagonistes principaux. Très vite, le mystérieux phénomène intervient et là encore, en quelques scènes habilement et intelligemment mises en page les deux auteurs parviennent à nous montrer non seulement le temps qui défile mais aussi, l’infaillible volonté et la persévérance de Taiju, mues par son amour pour Yuzuriha. Cette idée qui peut sembler naïve pour certains, nous est présentée comme un premier rempart face à l’extinction humaine, un sentiment si fort qu’il transcende le temps. Loin de tomber dans la mièvrerie, c’est finalement avec humour qu’est montrée la détermination d’un Taiju attachant à faire sa déclaration et dès lors, le lecteur sent qu’il est en présence d’un récit pas comme les autres.
L’une des autres forces de Dr. Stone, c’est la complémentarité de ses personnages. En effet, si Taiju est les muscles, son compère Senku est le cerveau. Ensemble, ils forment un duo aussi improbable que parfait pour reconstruire la civilisation. Cependant, ils auront du mal à relancer l’espèce humaine… Fort heureusement, Senku a eu le temps de trouver une solution pour faire fondre la couche minérale recouvrant les vivants. Alors qu’ils avaient prévu de libérer Yuzuriha, les voilà tous deux en fort mauvaise posture, contraints de sauver d’abord Tsukasa Shishio, un autre lycéen, véritable force de la nature. Si celui-ci leur est d’une grande aide au début, il s’avère vite bien plus dangereux que prévu. C’est en voulant se sauver, qu’ils vont redonner vie à un adversaire de choix qui va clairement contrarier leur plan. Ce premier tome met en avant les différentes étapes qui nous mèneront au développement et à l’avènement d’une nouvelle civilisation. Le manga ne cesse d’osciller entre séquences purement humoristiques et phases beaucoup plus sérieuses mettant à l’honneur la science, aussi bien du point de vue de ses bienfaits que de ses méfaits. Les auteurs montrent la science comme le fondement essentiel de notre civilisation et notre société contemporaine. Bref, le manga d’Inagaki et Boichi compte bien s’aventurer sur des terres peu arpentées par le shōnen classique. Un petit mot sur le dessin de Boichi qui fait preuve ici d’une incroyable maîtrise. On retrouve son style inimitable avec un trait épais, vif et en constant mouvement, à mi-chemin entre le plus pur style shōnen et une certaine forme de réalisme. Les aficionados de Sun-Ken Rock ne seront clairement pas dépaysés. Ce premier tome de Dr. Stone est une vraie réussite et l’éditeur Glénat ne s’est pas trompé en misant dessus puisqu’il tient clairement avec lui un best-seller de plus à ajouter à son énorme catalogue.
Dr. Stone (T.1)
De Riichiro Inagaki & Boichi
Édité par Glénat
