
#Critique Drop Frame (T.1 & 2)
L’éditeur Doki-Doki a eu une très bonne idée en décidant de proposer d’entrée de jeu les deux premiers tomes de son nouveau manga, Drop Frame. Avec ce titre qui ne compte seulement que quatre tomes, l’éditeur français nous balance très certainement l’un des trucs les plus excitants que l’on ait eu l’occasion de lire depuis le début de l’année. Un récit-puzzle qui prend son temps pour démarrer mais qui nous vrille le cerveau dès lors qu’il dévoile tout son potentiel. À partir du second tome, le lecteur reste scotché, happé par une histoire à tiroirs rondement menée. Bref, on en redemande !
Tout commence par une simple chronique adolescente d’une bande de lycéens occupant leur été à faire un film amateur. Parmi eux, on fait la connaissance de Nozomi, scénariste et réalisatrice grande gueule, Shin le chef opérateur, Akari la costumière/accessoiriste et Junnosuke, monteur et acteur. Dès le deuxième jour de tournage, tout ce petit monde va faire la rencontre fortuite de Lou, une jeune fille qui va vite intégrer le tournage pour devenir l’actrice principale. Le premier tome va suivre les péripéties de cette équipe haute en couleur, entre prises de bec et coups de cœur. Nous assistons alors aux premiers émois amoureux de Junnosuke qui va vite tomber sous le charme de la très mignonne Lou. Pour être tout à fait honnête, bien que le premier tome soit sympathique, on ne voit pas franchement ce que veut nous raconter l’auteur, Shinichiro Nariie. Au-delà du récit plein de tendresse et d’humour, on a vite l’impression d’avoir fait rapidement le tour de cette histoire reposant sur une dynamique qu’on a déjà vu un grand nombre de fois. Les personnages, à commencer par Nozomi, reposent sur des archétypes que l’on cerne très rapidement. Oui mais voilà, alors que tout semble bien huilé, les dernières pages du premier tome sonnent la fin de la récré avec un événement qui va totalement faire basculer le récit. De là, Drop Frame va plonger ses lecteurs ainsi que son personnage principal dans une toute autre dimension.
Il paraît difficile d’en révéler plus tant il serait dommage de gâcher la surprise à celles et ceux qui ne l’ont pas encore lu. Le second tome prend dès lors des allures de thriller paranoïaque dans lequel on prend un malin plaisir à se perdre. Il apporte un éclairage totalement neuf sur le premier tome, apportant des clés pour mieux appréhender certains éléments qui pouvaient nous paraître confus, voir décousus, entre trous de mémoire et dialogues incohérents. Ce que l’on aurait pu prendre pour de grossières maladresses d’écriture se révèlent finalement être autant d’indices scénaristiques disséminés çà et là. Le mangaka nous invite dans les dédales d’une histoire dont on devra recoller les morceaux. L’installation du récit, qui au premier abord nous semblait peu palpitante, prend une toute autre dimension et l’on comprend mieux le désir de son auteur quant à la mise en place de son histoire. Le héros, Junnosuke va devoir se battre avec sa mémoire et ses qualités de monteur vont alors être mises à rude épreuve. Le titre mélange à merveille les genres, entre rom-com et thriller kafkaïen. Il alterne habilement phases d’émotion et retournements de situation, jouant avec nos émotions. Mais une fois encore, il paraît bien compliqué de parler d’un manga comme Drop Frame sans risquer d’en dévoiler son essence.
Quoiqu’il en soit, porté par une narration fort habile et une galerie de personnages moins clichés qu’ils ne paraissent, le titre de Shinichiro Nariie touche sa cible en plein cœur et nous livre un divertissement de haute volée que je ne saurais que trop vous recommander. Le cliffhanger du second tome ne donne envie que d’une chose, c’est de se plonger dès que possible dans le prochain, en espérant qu’il sera du même niveau. L’éditeur Doki-Doki a, sans conteste, mis la main sur l’un des meilleurs titres de son catalogue et rien que pour ça, j’ai envie de leur dire un grand merci.
Drop Frame (T.1 & 2)
De Shinichiro Nariie
Édité par Doki-Doki