#Critique Fences

Note de l'auteur

Adapté de la pièce à succès du même nom, Fences marque également le retour de Denzel Washington derrière la caméra, pour un drame subtil et puissant, un peu trop écrasé par son modèle…

Avant d’être le film qui arrive dans les salles obscures cette semaine, Fences était une pièce lauréate du Prix Pulitzer écrite en 1983 par August Wilson, chantre de la condition Noire aux États-Unis, et l’un des dramaturges américains les plus précieux du XX^e siècle. Décédé en 2005, l’écrivain avait malgré tout réussi à terminer le scénario d’une hypothétique adaptation de sa pièce, dont on obtient le résultat aujourd’hui. Ce petit récapitulatif historique a son intérêt quand on sait que pour son adaptation, Denzel Washington a repris le scénario de Wilson avec le plus grand respect, se refusant toutes réécritures, et plaçant le texte au centre du processus de création du projet. Un parti pris respectable, qui est à la fois la principale force, et la grosse faiblesse du film.

La force, tant ce récit intense traitant des affres de notre existence, de nos tribulations morales, des problématiques afro-américaines des années 50, ou encore du choc entre générations est brillamment écrit, et dresse des figures d’une justesse troublante, au centre d’un drame puissant. Des personnages qui, tout au long des 2h20 du film, passent de morceaux bruts caricaturaux à des pièces finement ciselées, bardées de facettes comme autant de miroirs nous renvoyant à nos propres aspérités – et contradictions – bien humaines.

Cette finesse est rendue de la plus belle des manières par un casting impressionnant, Denzel Washington et Viola Davis en tête, reprenant leurs rôles tenus dans la nouvelle version de la pièce en 2010. Malgré toutes ses qualités, on sort de Fences pas véritablement convaincu de l’exercice, tant l’adaptation souffre de cette révérence à l’œuvre originale, et sans propositions formelles fortes, manque cruellement d’intérêt.

Une pièce de théâtre n’est pas un film. Excusez cette lapalissade, mais Fences semble oublier le principe d’adaptation en se contentant de reprendre mot pour mot le matériel d’origine, s’enfermant dans une succession de scènes bavardes, et à la longue indigestes, où les enjeux perdent en intérêt. La réalisation de Denzel Washington est elle bien trop souvent invisible, et préfère compter sur ses – excellents – acteurs plutôt que de créer du sens et des mises en perspectives rafraîchissantes et bienvenues par son rythme ou ses cadrages.

Se reposant sur sa finesse d’écriture et son casting impressionnant, Fences apparaît au final comme un exercice d’adaptation vain, qui ne rend pas justice au texte original qu’il s’était pourtant juré de défendre.

Fences
De Denzel Washington
Avec Denzel Washington, Viola Davis, Stephen Henderson, Jovan Adepo, Russell Hornsby, Mykelti Williamson…

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