
On a lu…Flash – Tome 1 : De l’avant par Brian Buccellato et Francis Manapul
On l’aime Flash ! On l’adore même car contrairement à un de ses homonymes il n’a pas besoin de quatorze heures pour sauver la Terre. Grâce à ses pouvoirs, il peut la sauver en un rien de temps. Personnage fondamental de l’univers de DC Comics, le bolide de Central City arrive en librairie chez Urban Comics. Pour notre plus grand plaisir ? Pas si sur…
Même s’il n’est pas un des composants de ce qu’on nomme communément la trinité de DC (à savoir Superman, Batman et Wonder Woman), Flash reste un personnage (sinon le personnage) fondamental de cet univers car il porte en lui ce qui en fait ou faisait sa particularité : son aspect générationnel et ses Terres parallèles. En effet si pour le grand public, Barry Allen est celui qui porte le costume de Flash, il n’est que le deuxième sur la liste. Personnage crée en 1940 par Gardner Fox et Harry Lampert, Flash se nomme en fait Jay Garrick et porte un costume s’inspirant du dieu Hermès. Super-héros de l’âge d’or il connu de nombreuses aventures durant les années 40 puis, comme beaucoup d’autres, vit sa popularité déclinée après la Seconde guerre mondiale et son titre s’arrêta en 1949.
Tout aurait pu en rester là si l’éditeur Julius Schwartz n’avait pas décidé de confier à John Broome et Carmine Infantino la tâche de moderniser et ré-inventer certains super-héros. C’est en 1956 dans Showcase #4 qu’apparaît Barry Allen, le Flash que nous connaissons tous. Le succès aidant, DC va réinventer d’autres figures (notamment Green Lantern) et amorça l’âge d’argent. En 1961 dans les pages de Flash #123, Barry Allen traverse les dimensions et rencontre Jay Garrick. Dès lors le concept des Terres parallèles sera institués : Sur Terre-1 vivent les héros de l’âge d’argent, tandis que les héros de l’âge d’or vivent leurs aventures sur Terre-2.
Au commencement de ce concept, Flash tient également un rôle important lors de son extinction à l’occasion de la grande saga Crisis on Infinite Earths¹ et bien que Barry Allen périt sur le champ d’honneur, le nom et costume de Flash est transmis à son neveu Wally West connu jusqu’alors pour être son partenaire Kid Flash. En 2006 c’est au tour de Bart Allen (petit-fils de Barry) de devenir le nouveau Flash. Bien plus que n’importe quel autre super-héros, le costume de Flash représente un héritage familial fort et puissant mettant en valeur la capacité de DC à faire vivre ses figures sur plusieurs générations. De la même façon, Flash tient une nouvelle fois un rôle primordial lors de la relance des titres de DC Comics en 2011 provoqué par les événements de la saga Flashpoint.
Malheureusement ces deux aspects furent sérieusement atténués en France car s’il tient une place particulière dans le panthéon des super-héros, Flash n’en reste pas moins un personnage dont les aventures sont peu connues du public surtout du plus récent. Si énormément d’épisodes furent publiés jusqu’au milieu des années 80, tout s’arrêta lorsque l’éditeur Arédit perdit la licence. Alors que Crisis on Infinite Earths venait de redéfinir tout l’univers DC pour un nouveau public et que Wally West commençait ses aventures en tant que Flash, plus personne en France ne pris l’initiative de publier du DC Comics². Ce n’est qu’en 1997, après avoir perdu la licence Marvel, que l’éditeur Semic tenta pendant une brève période de publier les aventures de Flash malheureusement en vain.
Même si l’éditeur suivant, Panini Comics, proposa quelques oeuvres de Flash, la difficulté était toujours là. Toutefois avec le retour de Barry Allen initiée par Geoff Johns, l’homme qui transforma la série Green Lantern en machine à succès, la machine put se relancer. Mais c’est surtout avec le reboot de 2011 et le redémarrage au numéro 1 avec une nouvelle équipe créative qu’Urban eu toutes les clés en main pour remettre Flash à la place qui lui est du. Pilier de la revue DC Saga puis de Justice League Saga, la dernière série Flash en date arrive en librairie profitant de l’émulation autour de la série télévisée.
Frappé par la foudre et aspergé de divers produits chimiques, l’agent de police scientifique Barry Allen devient subitement l’homme le plus rapide du monde. Il décide alors de mettre ses pouvoirs extraordinaires au service de la justice, sous l’identité du Flash. Et l’occasion d’éprouver ses nouveaux talents ne se fait pas attendre : le criminel Mob Rule vient tout juste de plonger la ville de Central City dans l’obscurité…
Succédant à une lignée prestigieuse de scénariste et de dessinateur (Cary Bates, Gardner Fox, John Broome, Carmine Infantino, Mike Baron, William Mesner-Loeb, Mark Waid, Grant Morrison, Mike Wieringo, Mark Millar, Geoff Johns, Ethan Van Sciver etc etc), le duo Brian Buccellato et Francis Manapul ont la lourde tache de faire revenir Barry Allen sur le devant de la scène pour un nouveau public. Les compères connaissent le personnage pour avoir dessiné ses aventures lors des derniers épisodes de la série précédentes avec Geoff Johns au scénario. Désormais au commande, ils font démarrer Flash sur de nouveaux rails et une nouvelle situation tant sur le plan professionnel que sur le plan amoureux.
Barry Allen est toujours membre de la police de Central City et grâce aux succès des différentes séries CSI, le métier de policier de la brigade scientifique est devenu bien plus glamour qu’autrefois. Le grand changement se trouve dans ses relations amoureuses. Le couple qu’il formait avec Iris West était un des plus solides et forts de l’univers DC durant des dizaines d’années et si la journaliste est toujours présente dans la série, les deux ne se fréquentent plus et Barry sort avec une de ses collègues. Malgré ces changements, l’important reste présent. Barry est un homme bon par essence et par nature. La série Flash reste une série lumineuse qui fait clairement du bien.
On regrettera toutefois que dans cette envie de ne pas perdre de nouveau lecteur en route, Buccellato et Manapul prennent trop leurs temps avec leurs intrigues et leurs personnages. Composé de huit épisodes, ce premier tome propose deux intrigues qui aurait pu être contenues en moins de pages. Si l’intrigue liée à un vieil ami de Barry Allen reste sympathique notamment dans les défis qu’il peut représenter pour l’homme le plus rapide du monde, on a tout de même du mal à rester passionné par celle-ci. A l’opposé on est tout de suite scotché par l’aventure mettant en scène Captain Cold le chef des Lascars, ce groupe de vilains passionnant et attachant. Personnage aux pouvoirs revisités à l’occasion de cette nouvelle continuité, son affrontement avec Flash prend aux tripes en jouant sur différents registres et faisant de Flash la cause même du problème à son corps défendant.
Si on émet de grosses réserves quand au rythme et au scénario du Flash (réserve que la suite de la série n’atténuera pas) il n’en reste pas moins que la série se place dans le haut du panier de la production par la grande qualité de ses dessins. Tout simplement beau à se pâmer. Outre le travail sur les couleurs c’est le découpage qui fascine le lecteur. Ça commence d’abord par une page de présentation parfaite qui résume en quelque phrase le show pour finir sur un titre explosant au sein d’une belle action. Ça continue enfin avec une facilité déconcertante dans la représentation claire et limpide des différents pouvoirs du héros et dans cette sensation de vitesses qui nous arrive quand Barry commence à entrer en action.
Si cette nouvelle série Flash n’est, dans l’idéal, pas la meilleure qui soit consacré au personnage, il n’en reste pas moins qu’elle reste à l’heure actuelle une bonne occasion pour découvrir un personnage important de la mythologie de DC Comics. Série aussi belle graphiquement que moyenne sur le plan scénaristique elle réussi toutefois le pari de présenter Barry Allen et son alter-ego à une nouvelle génération de lecteur. Pour notre part on préférera attendre quelques jours pour dévorer ce qui est à nos yeux la sortie incontournable de ce mois : L’anthologie Flash.
Flash – Tome 1 : De l’avant (DC Renaissance, Urban Comics, DC Comics) comprends les épisodes US de la série Flash #1 à #8
Ecrit et dessiné par Brian Buccellato et Francis Manapul
Prix : 17,50 €
Critique basée sur les épisodes publiés dans la revue DC Saga
¹ Écrit par Marv Wolfman et dessiné par George Pèrez cette saga publiée en 1985 mit fin au concept des Terres parallèles et des différentes versions de même personnage pour créer une Terre unique et une nouvelle continuité.
² Mise à part quelques exceptions tel que Edition USA qui fut le premier à publier Batman – The Dark Knight Returns