
On a lu…Garth Ennis présente Hellblazer – Volume 2
Une version aseptisée¹ dans Justice League Dark, un film pourri et une adaptation télévisuelle médiocre n’auront pas eu la peau de la véritable et seule incarnation du sorcier au trench-coat. La preuve en est avec ce deuxième volume de Garth Ennis présente Hellblazer qui, entre descente aux enfers et histoires terrifiantes, nous embarque dans un ascenseur émotionnel terrassant.
La réputation de John Constantine n’est plus à faire. Il est sans aucun doute un expert de la souffrance, tant physique que psychologique, et les décennies passées à côtoyer les forces surnaturelles lui ont maintes fois révélé la vraie nature de la magie et le prix à payer pour la manipuler. Maintenant qu’il a pu souffler ses quarante bougies, le tribut qu’il lui reste à verser s’avère bien plus lourd que prévu et l’avenir prometteur qu’il imaginait avec Kit Ryan est subitement remis en question.
Il y a des œuvres qui forcent le respect. Avec 300 numéros au compteur et une histoire racontant « en temps réel » la vie d’un John Constantine désabusé et brûlant la chandelle par les deux bouts, Hellblazer fait définitivement partie de celles-ci. Et quand un jeune auteur de vingt et un ans marque au fer rouge son passage sur la série, cela force non seulement le respect mais aussi l’admiration. Après un premier tome déjà remarquable dans lequel l’antihéros (terme totalement galvaudé mais prenant tout son sens ici) est arrivé à arnaquer trois terribles démons pour sauver sa peau, Urban Comics nous propose aujourd’hui un seconde volume qui confirme, si besoin était, la haute qualité du travail de Garth Ennis.
Ça commence par une histoire violente et trash, ça se poursuit sur une enquête mystique pour ensuite atteindre un apogée lors du brillant épisode consacré aux quarante années d’existences sur la Terre de John Constantine. La descente aux enfers commence ensuite et sera terrible pour le personnage qui finira dans les rues à boire sans retenue et sans espoir d’un lendemain. Si Garth Ennis est très doué dans les histoires occultes et les confrontations avec les démons, son véritable talent s’exprime quand il touche à l’âme meurtrie des gens confrontés aux épreuves les plus difficiles de la vie. Véritable porte-parole d’une classe sociale brimée durant des années par ses hommes et femmes politiques, Constantine nous montre tout à la fois, la misère des SDF et le bonheur simple d’une famille.
Amoureux de son pays, il n’hésite pas à consacrer un épisode au retour au bercail d’un des personnages de la série, l’occasion d’une touchante histoire rappelant par certains côté le double épisode de Preacher dans lequel Cassidy racontait ses origines. L’autre chef d’œuvre d’Ennis se rappellera également à nous à travers les dessins du complice Steve Dillon mais également par cette histoire d’amour entre ange et démon. Esquisse de ce qui sera l’événement clé de la quête de Jesse Custer. Pour autant, les deux œuvres se révèlent d’avantages complémentaires que redondantes et si on s’amusera à faire des recoupements, le Hellblazer d’Ennis porte en lui une charge émotionnelle dictée par l’amour et la colère envers son pays bien, éloignée du western festif et jouissif qu’est Preacher.
Tome dense, à lire, relire et rerelire, Garth Ennis présente Hellblazer – volume 2 compte clairement parmi ce que l’auteur à produit de mieux. Si la magie et la sorcellerie sont toujours là, si le héros s’amuse à se moquer de certains personnages de l’univers DC, l’essentiel est ailleurs. Il se trouve dans ces histoires terribles telles les deux dernières concluants l’ouvrage et faisant revenir le héros aux affaires dans laquelle l’horreur, la vraie, arrive à nous prendre à la gorge pour ne jamais nous lâcher.
Garth Ennis présente Hellblazer – Volume 2 (Vertigo Signatures, Urban Comics, Vertigo) comprend les épisodes US de Hellblazer #57 à #71, Hellblazer special #1
Ecrit par Garth Ennis
Dessiné par Steve Dillon (#57, #58, #63 à #71 et Hellblazer Special #1) William Simpson (#59 à #61) et Glenn Fabry (#62)
Prix : 28.00 €
¹ Mais diablement sympa sous la plume de Jeff Lemire, il faut bien le dire
Juste un petit mot sur ma serie qui n’est pas si médiocre, certes les 3 premiers épisodes sont moyens mais à partir du 4 on a vraiment un univers qui se crée et une intrigue qui démarre. Je connais assez peu le comics mais je vais combler cette lacune ^^
Juste pour info, les ricains ont réédité il y a peu les premiers numéros du cycle de Jenkins que j’attendais depuis des années. Voilà, c’était juste pour dire ça 🙂