#Critique Henriquet L’homme-reine de Richard Guérineau
Récit épique et iconoclaste de la vie d’Henri III, Richard Guérineau sait faire et nous le prouve encore dans un opus dont l’épaisseur et la densité peuvent soutenir nos faibles connaissances historiques.
L’histoire : vie, dissolue, et mort, violente, d’Henri le troisième, roi de France et de Pologne au milieu du XVIe siècle. À l’ombre d’une mère omnipotente et de frère et sœur complotistes, le destin d’Henriquet oscille entre tolérance et fermeté religieuses, difficultés économiques et politiques et mœurs licencieuses. Sans compter les influences néfastes, des partis de l’étranger.
Mon avis : c’est une biographie de longue haleine qui débute en 1574 pour celui qui n’était pas destiné à régner puisque troisième dans l’ordre de succession de la dynastie des Valois. Au cours des 192 pages, qui retracent une partie de son existence jusqu’à trépas, on ne s’ennuie pas. C’est complet et documenté même si c’est compliqué de la lire in extenso.
On redécouvre toute la complexité du personnage. Sa soumission à Catherine de Médicis, ses brouilles jamais consumées avec Monsieur, duc d’Alençon, ou sa sœur Marguerite, épouse de Navarre, son ambivalence sexuelle, avide de maîtresses et de mignons, son incapacité à se donner une descendance, ses allers-retours jamais assumés entre Réformés et catholiques papistes, son peu d’entrain pour la chose militaire, sa gestion hétérodoxe des Malcontents, des partisans de la Ligue, son amour des arts, son goût pour le travestissement, sa santé chancelante…
C’est une très bonne façon de (re)découvrir un roi que l’Histoire de France n’a pas hissé au rang de son suivant et cousin d’Henri IV. Un souverain, le dernier des Valois, profondément catholique, qu’un moine mi-défroqué, mi-radical assassinera. Pas trouvé grand-chose à redire. À lire.
Une lecture plaisante car l’auteur se permet des petits clins d’œil et des virgules rafraîchissantes dans son long récit. Des respirations qui permettent de casser le rythme et de ne pas lasser. Subtil.
Si vous aimez : Charly IX du même auteur, un récit tout aussi épique et en couleurs du frère aîné d’Henriquet.
En accompagnement : La Reine Margot d’Alexandre Dumas père.
Autour de la BD : Son Charly IX, adaptation de Jean Teulé, avait été un succès, Richard Guérineau s’attaque au dernier des Valois avec autant de réussite.
Extraits : « J’ai essayé, Chicot, je te jure que j’ai essayé… J’aurais pu être un bon roi, si je n’étais né dans un si mauvais siècle. »
« Tu n’es pas un roi, Henriquet, mais une reine ! »
Henriquet, l’homme-reine
Écrit par Richard Guérineau
Dessiné par Richard Guérineau
Édité par Delcourt
