#Critique: Jonny Lang – Signs (Concord Records)

#Critique: Jonny Lang – Signs (Concord Records)

Note de l'auteur

Les enfants stars sont-ils tous promis à un destin funeste ? Il semblerait qu’en effet, rares soient ceux qui arrivent à passer entre les gouttes. Et Jonny Lang n’a malheureusement pas fait exception à la règle, tant sur le plan personnel que musical… À désormais 36 ans, le jeune homme qui aligne déjà 20 ans de carrière au compteur semble pourtant avoir trouvé le chemin de la rédemption.

Il faut dire que lorsqu’on publie son premier album (Smokin’ – 1995) à l’âge de 14 ans, il y a de quoi perturber un peu les repères. « L’autre » kid de Minneapolis n’avait pourtant pas choisi une route propice aux feux de la rampe en ce milieu des années 90 puisque Jonny Lang est d’abord et avant tout un bluesman. Et reconnu par ses pairs s’il vous plait, en témoigne sa participation au casting des Blues Brothers 2000.

Enregistrant coup sur coup deux petits chefs-d’œuvre du genre (Lie to Me – 1997 et Wander This World – 1998) où son jeu de guitare agressif et sa voix étonnamment rauque pour son jeune âge lui vaudront nombre de comparaisons élogieuses (avec notamment un certain Joe Cocker, excusez du peu), la carrière de Jonny Lang semblait lancée sur un chemin moins semé d’embûches que la plupart des petits prodiges du show business.

Mais voilà, comme c’est souvent le cas lorsqu’on se fait voler son adolescence, les petits démons champagne & reefer, comme les nommait Muddy Waters, sont toujours à l’affût d’une proie facile. Pris dans le piège de l’alcool et de la drogue, la vie de Jonny Lang va dérailler et sa musique avec.

Que fait-on quand on est américain et que l’on a besoin de combattre ses addictions ? On trouve Dieu bien sûr ! Sacré bon Dieu, toujours prêt à sortir un artiste toxicomane de son enfer personnel pour en faire un VRP de luxe ! Le problème, c’est qu’en passant dans la famille christian rock (rock chrétien), la musique du petit Jonny va encore perdre en qualité, passant d’un blues nerveux à une soupe commerciale dégoulinant de prières destinées au boss tout là-haut…

Et nous voici donc en 2017 avec un nouvel opus dont le titre, Signs, ne laisse présager rien de bon. Et pourtant…

Pourtant, dès les premières notes de Make It Move, l’oreille se dresse et les poils aussi par la même occasion ! Un blues aride, qui fleure bon le bayou et la torpeur de la Nouvelle Orléans une fois la nuit tombée et qui évoque discrètement le travail d’un Marc Broussard, le décor est planté.

Raleigh, NC – Photographie : I’m Music Magazine

Snakes vient confirmer la tendance, boogie agressif habillé d’une guitare fuzzy à souhait, Jonny Lang tire un trait sur ses errances et remet les mains dans les eaux boueuses d’un blues à la pureté trouble. Ce qui ne veut rien dire, on est tous d’accord, ça s’appelle une licence poétique ! Rien ne vaut une bonne métaphore et c’est très exactement ce que cette musique évoque, un truc crade, qui suinte bien comme il faut, quelques gouttes de transpiration sur une guitare volontairement saturée au-delà du raisonnable, à l’image du morceau titre Signs, qui vient vous coller la chemise à la peau du dos.

Mais Jonny Lang a plusieurs cordes à sa Telecaster et n’hésite pas à naviguer sur d’autres fleuves, funky avec What You’re Made of ou Stronger Together, franchement soul avec le sublime Bring Me Back Home ou franchement rock sur Last Man Standing.

Nous parlions de rédemption au début de cette chronique, et c’est bien de cela qu’il s’agit en fin de compte… Après avoir sauvé son âme, Jonny Lang est parvenu àa sauver sa musique de manière magistrale en retrouvant ses racines et en s’inspirant de la terre noire et humide qui les nourrit. Rien à ajouter à cela si ce n’est Hallelujah !

 

 

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