#Critique Justice League of America (T.1) de Grant Morrison

#Critique Justice League of America (T.1) de Grant Morrison

Note de l'auteur

Cette fois-ci, c’est la bonne. Après une publication en kiosque à la fin des années 90 et une tentative avortée de publication en librairie par un éditeur peu convaincu, Urban Comics propose aujourd’hui les épisodes de la Justice League de Grant Morrison. Une des séries les plus importantes de son époque, rien de moins.

 

jla t1 - 3Ça raconte quoi ?

Les plus grands super-héros de la Terre ont décidé de se réunir de nouveaux au sein de la Ligue de Justice afin de combattre les menaces les plus terribles et de faire triompher le bien.

 

C’est de qui ?

Par l’un des plus grands scénaristes de comics en activité : Grant Morrison qui signa ici son premier gros succès publique. Il est associé à Howard Porter et Oscar Jimenez au dessin. Enfin, l’ouvrage s’ouvre sur une mini-série inédite en France, JLA: A Midsummer’s Nightmare, signée Fabian Nicieza, Mark Waid et Jeff Johnson racontant les raisons de la formation de la nouvelle équipe.

 

 

 

jla t1 - 4Et c’est bien ?

C’est le remède instantané face à la médiocrité cinématographique de Christopher Nolan et Zack Snyder. Mais regardons la scène au ralenti. Après le départ de Keith Giffen et J. M. DeMatteis et pris dans la tourmente Image du début des années 90, le groupe phare de l’univers DC se fit peu à peu oublier. En août 1996, la série s’arrêta au numéro 113 scénarisé par Gerard Jones.

 

Comme parfois avec les séries qui ne fonctionnent plus, DC n’abandonna pas ses héros et confia les clés à un jeune scénariste débordant d’idées et ayant toute la latitude nécessaire pour les appliquer. Même s’il a déjà une carrière honorable et qu’il a signé une de ses pièces maîtresses avec Les Invisibles, c’est bel et bien avec cette série que Grant Morrison connaîtra son premier gros succès. Son idée est simple : revenir aux fondamentaux en faisant de la Ligue une sorte de Dream Team d’encapés. Superman, Batman, Wonder Woman Green Lantern, Flash, Martian Manhunter et Aquaman composent donc l’équipe. Ça n’a l’air de rien dit comme cela, mais à une époque où la Justice League était composée de Obsidian, Nuklon, Ice Maiden ou bien encore Metamorpho, ce retour à la version classique de l’équipe fut perçu comme un symbole fort.

 

Mais ce qui fait la différence n’est pas tant la composition classique de la Ligue que l’angle d’attaque de Morrison. Le scénariste voit l’équipe comme une version moderne du panthéon Olympien. Superman est Zeus, Batman est Hadès, Flash est Hermès etc. Par leur nature, ces demi-dieux se doivent d’être confrontés à des menaces d’ampleur galactique. Chaque épisode est ainsi conçu comme un des douze travaux d’Hercule, où chaque membre démontre l’entendu de son pouvoir, causant alors l’étonnement des simples mortels mais aussi des collègues encapés. Ainsi, Flash se sort du piège d’un téléporteur en vibrant entre les molécules et en courant sur des centaines de milliers de kilomètres de vide intégral mais arrive tout de même à être ébloui par un Superman en train d’empêcher la Lune de s’écraser sur Terre.

 

 

jla t1 - 5Que ce soit face à des Aliens semblant vouloir le bien de l’humanité ou contre les hordes du Paradis, l’équipe démontre sa toute puissance et fait de la série l’équivalent d’un blockbuster sur papier. Pour autant, comme des temps de respirations nécessaires, le scénariste va proposer des histoires plus intimes. On pense surtout à Woman of Tomorrow (JLA #5) et son androïde conçu pour détruire la Ligue se retournant contre ses créateurs. L’ampleur épique et l’approche mythologique de l’ensemble s’effectue sans jamais perdre de vue la caractérisation et les relations entre les personnages que ce soit l’amitié indéfectible entre Superman et Batman ou bien encore le statut de cadet fougueux de Green Lantern.

 

Le Chevalier noir est d’ailleurs décrit par le scénariste comme semblant être encore plus puissant que ses camarades. Avec le recul, on assiste ici aux premières esquisses de Morrison sur un Batman qui l’occupera pendant longtemps. De la même façon, le scénariste montre déjà ici sa capacité à l’hyper-compression. Vertigineuse par moment, cette caractéristique de l’auteur n’en fait pas moins un bien fou en ces temps où le moindre scénariste prend six épisodes au lieu de deux pour raconter une histoire. Il suffit de comparer les premiers épisodes de JLA avec les histoires similaires dépeintes dans Justice League of America de Bryan Hitch ou le premier arc du Superman de Geoff Johns et John Romita Jr. pour se rendre compte de la différence de qualité énorme due à ce rythme.

 

Série fondatrice du renouveau de l’équipe à l’influence majeure (de Justice League Animated au film Justice League de Zack Snyder), JLA fut l’une des œuvres marquantes d’une période créative extrêmement importante après des années de mièvrerie super-héroïque. Si on aurait aimé un peu plus d’explications de contexte (notamment concernant le changement de look de Superman en cours de route), il n’en reste pas moins que voilà entre nos mains une édition qui vaut l’attente qu’elle a engendrée et qui, on l’espère, ira jusqu’au bout de l’épopée.

 

 

 

jla t1 - 1

 

 

 

Justice League of America – Tome 1 : Nouvel Ordre Mondial (DC Classiques, Urban Comics, DC Comics) comprend les épisodes US de JLA: A Midsummer’s Nightmare #1-3 et JLA #1-9
Écrit par Grant Morrison, Mark Waid et Fabian Nicieza
Dessiné par Howard Porter, Oscar Jimenez et Jeff Johnson
Prix : 28,00 €

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