
On a lu…Lazarus (T.2) – Ascension
Greg Rucka et Michael Lark, le duo à l’origine du grandiose Gotham Central avec Ed Brubaker reviennent pour la suite de Lazarus. Après un premier tome tout en action, les auteurs prennent ici le temps de développer l’univers de leur série et confirme tout le bien qu’on pensait d’elle.
Forever démasque une rébellion prenant source dans les rues de Los Angeles. Dans le même temps, les Barret, une famille de déchets tombée en disgrâce, part pour un voyage de 500 miles pour Denver. Leur but : se faire repérer par les Carlyle et entrer à leur service…
Servant de toile de fond pour une intrigue pleine d’action et de combat dans le premier tome, l’univers de la série est, dans ce deuxième volet, beaucoup plus développé. Reflet des craintes actuelles et des visions pessimistes quant à l’avenir de la planète, le monde de Lazarus est terrible. Une Terre dévastée où la limitation des ressources a provoqué un changement total de la structure des sociétés. Similaires aux systèmes féodaux, celles-ci sont construites autour des Familles. Se faisant la guerre ou établissant des alliances, elles gèrent des territoires immenses et sont composées de peu de membres. En dessous, se trouvent les serfs, ces milliers de personnes sont sous la protection des Familles en échange de leurs compétences. Enfin, tout en bas de l’échelle, se trouvent les millions de personnes inutiles aux yeux des Familles et au nom porteur de sens : les déchets.
Alors qu’on s’attendait à un récit dans la droite ligne du premier tome, Greg Rucka nous prend à revers et expédie pour le moment la question de la trahison d’un des membres de la Famille Carlyle. Dans cette nouvelle livraison d’épisodes, le scénariste divise son récit en trois parties semblant n’avoir que peu de lien entre elles durant une grande partie de l’ouvrage. Entre tentative de rébellion, acte terroriste et traque d’un traître, la vie de Forever, la jeune guerrière, n’est pas de tout repos. D’autant plus qu’un message provenant d’un inconnu tente d’insinuer le doute dans son esprit quand à sa filiation. Les liens familiaux sont la force et la faiblesse d’un personnage principal à l’enfance particulière comme nous le montre les flash-backs de chaque épisode. En adoration face à un père qui la manipule et la méprise, la jeune Forever est entraînée nuit et jour pour devenir une redoutable guerrière. Avec un tel conditionnement, il n’est pas étonnant qu’elle rejette vivement les messages qu’on tente de lui transmettre ou bien qu’elle soit aveugle quand à l’attitude des autres membres de sa famille.
Si on perçoit ici et là des craquelures, il est clair que Forever n’est pas encore sur une voie qui la pousserait à la rébellion. Il faudra pour cela un élément extérieur et peut-être se trouve-t-il dans l’histoire centré sur les Barrett. Ces déchets qui voient dans l’ascension (processus destiné à trouver et recruter des serfs) une opportunité pour changer de vie. A travers leur périple sur les terres sauvages et dangereuses, on découvre une certaine réalité que le début de l’histoire occultait au profit d’une action débridée. Ce recadrage bienvenu permet de donner plus de corps à un univers tout en continuant à travailler sur un personnage fascinant. En prime, le scénariste n’oublie pas, ici et là, de lancer des pistes et de poser d’autres éléments pour la suite de l’aventure tel ces quelques cases sur Stephen, l’aîné des Carlyle, qui ne semble pas être apprécié par le patriarche.
Série de SF passionnante, on retrouve dans la série de Greg Rucka et Michael Lark cette même acuité dans l’écriture des personnages et cette capacité à gérer plusieurs récits afin de mieux les relier entre eux. Après neuf épisodes, Lazarus s’impose ainsi comme la meilleure production de Glénat Comics dont on n’attend patiemment la suite.
Lazarus – Tome 2 : Ascension (Glénat Comics, Glénat, Image Comics) comprends les épisodes US de Lazarus #5 à #9
Ecrit par Greg Rucka
Dessiné par Michael Lark
Prix : 14,95 €
Purée, je viens de terminer le T2 et il n’y a pas à dire, c’est efficace, carré, rythmé. Les auteurs arrivent à mélanger parfaitement les différentes trames narratives (dont des flash-backs) sans qu’on soit perdu et avec un souci de cohésion globale impressionnant. On veut la suite de cette SF néo-médiévale, vite !
Ça ne va pas tarder. C’est prévu pour novembre. J’ai bien hâte aussi de le lire, au final il s’avère que c’est le titre que je préfère chez Glénat.