#Critique Le 3e Gédéon (T. 1)

#Critique Le 3e Gédéon (T. 1)

Note de l'auteur

3e-gedeon-1-glenatInnocent, Candy, Lady Oscar, D’Arc, Étoile, Joséphine Impératrice ou encore Hawkwood, l’Histoire de notre cher pays la France, a toujours été une source d’inspiration pour de nombreux mangakas. C’est dans cette grande tradition de mangas plus ou moins historiques, que débarque chez nous Le 3e Gédéon, qui a pour but de nous faire vivre les dernières heures de l’Ancien Régime, juste avant que la rue ne se mette en marche et que le peuple prenne le pouvoir. Un titre qui raconte la petite histoire dans la grande…

 

Gédéon Aymé, membre du parti patriote, est également à ses heures perdues, auteur de romans érotiques intitulés « Toinette et madame de Lignac ». Nous sommes en octobre 1788, dans les environs de Paris et la France est durement touchée par la misère, la famine et la maladie. Alors qu’il se fait arrêter pour diffusion d’ouvrages portant atteinte aux bonnes mœurs et que sa fille se retrouve sur l’échafaud, Gédéon se voit sauver par un mystérieux homme masqué, Georges Sixième du nom, Duc de Loire. Les deux hommes se connaissent puisque Gédéon fut recueilli par le père de Georges alors qu’il n’était qu’un enfant. Mais ces retrouvailles ne sont pas le fruit du hasard et le Duc de Loire compte bien se servir de son ami d’enfance pour faire vaciller le pouvoir établi, quitte à utiliser des méthodes douteuses pour y parvenir. C’est également l’occasion pour Gédéon, de faire la connaissance d’illustres personnages qui auront un important rôle à jouer dans les événements à venir, tel que Saint-Just ou encore Maximilien de Robespierre. L’auteur Taro Nogizaka, sous la supervision historique de Satoshi Yamanaka, tente de dresser un portrait sociologique et idéologique fidèle de l’époque et montre dès ce premier tome, la cruauté d’un monde sur le point d’imploser. Il épingle et condamne d’entrée de jeu, les exactions de l’Église catholique dans ses pratiques les plus sordides, faisant malheureusement écho à certains cas de pédophilie qui gangrènent encore et toujours notre société actuelle.

 

1yplp2Face à de telles injustices, Georges se montre sans aucune pitié, faisant preuve d’une droiture et d’une inflexibilité qui déstabilisent le jeune Gédéon. D’autant que ce dernier lui est redevable depuis l’enfance, suite à un accident d’épée qui a coûté au Duc de Loire, son œil gauche. Gédéon veut le suivre car il semble partager les mêmes idéaux, mais il ne souscrit pas vraiment à ses méthodes quelque peu expéditives. Nogizaka manie habilement son récit et nous plonge dans les prémices d’un soulèvement citoyen qui nous entraînera jusqu’à la fameuse Révolution française. Au même titre que Gédéon, le lecteur est tiraillé entre l’envie de suivre Georges dans sa croisade et une étrange méfiance à son égard. Le mangaka entretient le mystère autour de son personnage et de ses deux acolytes, l’impassible Saint-Just et la machine à tuer, Big Motor, qui semble venir des Amériques. Ici, la frontière entre bien et mal, entre justice et injustice paraît flou et personne ne sait encore ce qu’il trouvera au bout du chemin, un enfer sanglant ou une société idéale… En termes de mise en page, l’auteur propose un travail maîtrisé, la lecture est fluide et le trait se veut réaliste et fin. Les détails apportés aux personnages et aux décors donnent à l’ensemble une certaine cohérence et légitimité. Bref, avec Le 3e Gédéon, l’éditeur Glénat apporte une corde supplémentaire à son arc déjà bien fourni. Prenant, malin et loin d’avoir révéler tous ses secrets, on restera attentif à ce nouveau titre et à sa révolution en marche.

 

Le 3e Gédéon (T. 1)
Écrit par Taro Nogizaka
Édité par Glénat

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