
#Critique Le jardin des souvenirs de Mark Waid et Paul Azaceta
Avec Le Jardin des souvenirs, l’habitué des super-héros, Mark Waid, s’engage dans un chemin sur lequel on le croise rarement. Dans un récit à la tonalité plus réaliste, le scénariste de Flash va-t-il se sentir à son aise ? Ça serait faire peu cas de certaines de ses œuvres que de répondre par la négative.
Ça raconte quoi ?
Tel un émule de Lilly Rush de Cold Case, un homme sans nom s’attache à retrouver l’identité et à venger les anonymes enterrés dans le cimetière de l’île de Hart prêt de New York. Aidé par un vaste réseau d’agents et d’assistants, sa dangereuse quête ne lui fait pas faire que des amis.
C’est de qui ?
On ne présente plus Mark Waid, le scénariste de cycles marquants sur Captain America, Fantastic Four, Flash ou bien, tout récemment, Daredevil. Partenaire de Robert Kirkman sur Outcast, c’est Paul Azaceta qui est en charge du dessin. Bref, une équipe gagnante.
C’est bien ?
Ce n’est pas un chef-d’œuvre mais ça remplit son office. Comme nous le disions plus haut, le polar est un genre sur lequel on est plus habitué à retrouver des gens comme Ed Brubaker ou Greg Rucka qu’un scénariste amoureux devant l’éternel de l’âge d’argent super-héroïque. Mais en explorant plus en profondeur le travail de Mark Waid, on se rend rapidement compte que Le Jardin des souvenirs s’inscrit parfaitement dans une œuvre bien plus noire qu’elle n’y paraît.
Il faut parfois aller au-delà des artifices et regarder en détails certaines histoires pour constater que le travail de Waid explore les versants les plus sombres de l’humain. Que ce soit la dépression de Matt Murdock, la culpabilité d’un Red Richard ou bien encore la description d’un simili-Superman au bord du gouffre mental dans Irrecupérable, il n’en faut pas beaucoup pour que le scénariste de Kingdom Come se range dans les pas d’un Brian Azzarello. Ce qui le desservira toujours aux yeux de ceux qui estiment qu’un récit adulte se doit d’être noir profond, c’est qu’il associe son travail à une approche lumineuse en accord avec la symbolique de ces personnages.
Cette approche étant inutile dans le cadre d’un projet tel que celui qui nous présenté aujourd’hui, la différence saute nettement plus aux yeux. Il n’en reste pas moins que cette courte série (quatre épisodes) est cohérente dans la thématique de Mark Waid. En quête de justice, le héros sans réelle identité use de tout un réseau d’informateurs volontaires ou obligés afin de retrouver les identités de tous ces inconnus. Il y a un peu de Cold Case, notamment dans ce besoin de redonner une dignité au défunt, mais Le Jardin des souvenirs reste toutefois très classique dans son déroulement. Malgré un manque d’audace qui se fait ressentir sur la fin, la série bénéficie toutefois des dessins de Paul Azaceta actuellement sur le devant de la scène avec Outcast.
Si elle n’est pas forcément la meilleure œuvre de son auteur, Le Jardin des souvenirs est une nouvelle pierre dans l’édifice d’un auteur de grand talent mais trop souvent mis de coté.
Le Jardin des souvenirs (Contrebande, Delcourt, Boom Studio) comprend les épisodes US de Potter’s Field #1 à #3 et Potter’s Field – Cold Stone
Écrit par Mark Waid
Dessiné par Paul Azaceta