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#Critique Le récit cinématographique : la base d’une analyse de l’image

#Critique Le récit cinématographique : la base d’une analyse de l’image

Note de l'auteur

9782200614492-001-TAndré Gaudreault et François Jost reviennent à leur ouvrage Le Récit cinématographique : Films et séries télévisées pour une troisième édition, remise à jour depuis une première publication il y a 17 ans.

L’histoire : Comment analyser un récit cinématographique, qu’il s’agisse d’un film ou d’une série ? Comment poser le regard, comment parler des temporalités, qu’il s’agisse du temps de diffusion ou de celui qui s’écoule à l’intérieur d’une série ? Qui parle et qui entend ? Ce sont à ces différentes questions qu’André Gaudreault et François Jost tentent de répondre dans cet ouvrage.

Mon avis : Bienvenue dans l’univers de la narratologie. La science de la narration et des mécanismes du récit. Là où les ouvrages universitaires dont nous avons parlé auparavant, Fan et gender studies : la rencontre ou Éléments pour l’analyse des séries étaient peut-être accessibles à un public plus profane, on entre ici plus dans le dur, entre théories, analyses et graphes. Mais n’ayez crainte ! Si vous souhaitez malgré tout vous y pencher, de nombreux exemples viennent parsemer l’ouvrage, mettant en application les notions vues plus en avant dans chaque chapitre. (Je suis partiale, mais il suffit que l’on me cite Hannibal pour me mettre en joie. Il faut dire que le faire pour parler de temps et de flashback, c’est assez explicite).

BreakingBadAlors, c’est un ouvrage assez conséquent, qui traite aussi bien de films que de séries, choix explicité dès le début de l’ouvrage. Ensuite, à nous de choisir le chapitre qui nous intéresse, entre Cinéma et récitLe mot et l’image ou encore Le point de vue. Des photos, des plans de films célèbres, aident à la compréhension tout comme les fameux exemples, tirés plutôt des actualités, qu’il s’agisse de The Artist ou Breaking Bad.

Il ne s’agit pas d’un ouvrage sur la production mais bien sur l’image, sur ce qu’elle raconte, aussi bien selon les plans, leur enchaînement, que sur ce qu’on peut entendre par le biais du son. L’ouvrage remonte aux premiers temps du cinéma, des films en noir et blanc, muets, le passage au parlant, jusqu’aux dernières nouveautés, et donne un panorama intéressant sur comment utiliser ces outils proposés par les deux chercheurs. C’est donc un peu la base pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans ce type d’étude, ou tout simplement s’y intéressent de manière plus approfondie.

Si vous aimez : utiliser les mots justes, les mots savants, et analyser plan par plan l’image d’un film en mode : tiens, voilà une focalisation interne et quelle drôle de voix over. Ou vice versa.

Autour du livre : Il s’agit donc de la troisième édition de cet ouvrage, publié pour la première fois en 1990. François Jost est professeur émérite en sciences de l’information et de la communication à la Sorbonne. André Gaudreault est un chercheur québécois en études cinématographiques.

kal el 2Extrait : « Le monde de la fiction est un monde en partie mental, qui possède ses propres lois. De la sorte, ce qui arrive dans tel ou tel récit filmique et qui nous semble vraisemblable peut sembler absurde dans un autre. Ainsi, au début de Superman (Richard Donner, 1978), on assiste à un jugement qui aboutit à la condamnation des traitres à la planète Krypton. Juste avant l’explosion de celle-ci, on envoie en direction de la Terre un bébé qui, au cours de ce sidérant voyage intersidéral, va apprendre tout le savoir des hommes. Quelle est l’utilité narrative de cette première séquence ? Nous faire comprendre que cet enfant, qui deviendra Superman, est doté aussi bien de qualités humaines (un enfant né dans un monde où il y a des procès a le sens de la justice) que de dons propres aux extraterrestres. Ces informations sont comme des postulats qui vont nous permettre d’admettre la cohérence de l’ensemble du récit ; c’est grâce à elles que nous trouverons normal que le héros ait à la fois le désir de sauver la veuve et l’orphelin, et le pouvoir de s’envoler d’un immeuble. Pendant longtemps, le générique des séries permettait au spectateur d’apprendre en quelques minutes ce qu’il fallait savoir pour adhérer au récit – on pense par exemple à celui de L’Homme invisible (The Invisible Man, Harve Bennett et Steven Bochco, NBC, 1975-1976) qui en quelques plans fait comprendre comment le héros, Daniel Westin, est devenu transparent. »

Le Récit cinématographique. Films et séries télévisées.
Écrit par André Gaudreault et François Jost
Édité par Armand Colin

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