#Critique : Le Roi Arthur : la légende d’Excalibur

#Critique : Le Roi Arthur : la légende d’Excalibur

Note de l'auteur

Guy Ritchie est un des cinéastes les plus surfaits de la planète. Comme Michael Bay ou Luc Besson, il coule des bronzes que certains appellent films, des trucs mal écrits, vulgaires, putassiers, et confie sa caméra à un cadreur épileptique ivre mort pour donner l’illusion d’un vague mouvement. Du cinéma de beauf. Tarantino du pauvre, le Britannique Guy Ritchie s’est fait connaître en signant une série de polars, violents et cool, avec une mise en scène bling bling, ponctuée d’effets toc et choc (ralentis, accélérés, effets de montage divers et variés) et de tubes pop. Il a enfilé les nanars, comme À la dérive, avec sa femme de l’époque, Madonna, puis une grosse machine hollywoodienne, une relecture en deux volets de Sherlock Holmes où Robert Downey Jr. drogue son chien et fait du karaté au ralenti.

 

Arthur

Aujourd’hui, Guy Ritchie souille le trône du roi Arthur avec un « film » symptomatique d’une industrie à la ramasse qui ne jure que par les remakes, reboots et autres spin off… En 2009, la Warner achète le scénario d’Excalibur de John Boorman pour le faire réaliser par Bryan Singer. Le projet est abandonné. Comme celui de 2011 de David Dobkin (le petit génie de Shanghai Kids 2), ou celui de 2012 avec Colin Farrell. En 2014, la Warner parie sur la qualité en embauchant… Guy Ritchie et, toujours à la recherche du nouveau Harry Potter ou Matrix – table sur une franchise de six films écrits par Joby Harold. Ritchie, qui n’a pas peur de passer après d’innombrables versions, dont le chef-d’œuvre de John Boorman, accepte bien sûr (ça me fait penser à la réplique d’Audiard, « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît »). Mais dès le départ, le film semble mal engagé, ce que résume son acteur principal, Charlie Hunnam : « Il y avait une grande incertitude à propos du ton du film. L’intention initiale de Guy Ritchie était d’en faire quelque chose qui soit hors de sa zone de confort, de bâtir une histoire plus classique, plus directe et plus sombre aussi, ce qui n’est manifestement pas ce à quoi nous sommes arrivés… Le ton des échanges entre Arthur et ses potes ressemble davantage à ce que Guy est dans la vie. Nous faisions juste nos meilleures imitations de Guy Ritchie. »

Arthur 4À l’arrivée, le film ne ressemble à rien. Il y a des séquences de baston qui évoquent Le Seigneur des anneaux, Dragon Ball Z ou un cinématique de jeu vidéo avec éléphants géants et armées de 150 000 guerriers, Arthur en blouson de cuir, un Chinois expert en kung-fu, David Beckham avec une belle cicatrice et des dents pourries, un serpent géant, des rats géants, des loups géants, des chauves-souris géantes, Jude Law qui plisse les yeux pour faire comprendre qu’il est très méchant, des blagues bien grasses et une épée magique qui provoque des explosions atomiques comme un super Saiyan. Quand ils découvrent l’objet il y a deux ans, les pontes de la Warner commencent à tousser. Ils multiplient alors les reshoots, les effets spéciaux numériques supplémentaires et accumulent les montages successifs pour tenter de surmonter les résultats catastrophiques des projections tests. Ils reportent plusieurs fois la sortie et décident néanmoins de balancer le bouzin en mai 2017, avec un budget pub faramineux. Néanmoins, il y a une justice. Le machin, qui a quand même coûté la bagatelle de 175 millions de dollars (avant les frais de pub) va en rapporter… 14 le premier week-end d’exploitation. Il y a des executives qui vont pointer chez Pôle emploi…

Arthur 3D’une bêtise abyssale, le scénario a l’épaisseur d’une feuille de papier à rouler et recèle une seule idée : Arthur est un bad boy né dans la rue. Étonnamment, les plumitifs délaissent la sublime légende arthurienne (exit Merlin, la quête du Graal…) pour une succession de scènes d’une platitude absolue, mal branlées (Arthur met 1h45 à comprendre comment se servir d’Excalibur, capable de dévaster des armées entières, c’est ballot !) et se contentent de loucher sur l’heroic fantasy qui tâche, le jeu vidéo Dark Soul ou la série Game of Thrones. Bien sûr, les personnages sont sacrifiés, même les plus mythiques. Arthur est le fils d’une prostituée, bogoss cool et bagarreur trop triste car son papounet est mort, Vortigen est une raclure capable de sacrifier ses enfants pour obtenir le pouvoir ultime, les compagnons d’Arthur sont « écrits » comme les sidekicks d’un dessin animé Disney.

Mais le pire dans cet Arthur, c’est la mise en scène de Guy Ritchie d’une absolue laideur. Deux heures de ralenti, d’accéléré, sur un rythme aussi frénétique que Les Visiteurs 3. C’est épileptique, on ne voit rien, les séquences d’action sont illisibles. Pour masquer le vide, Ritchie essaie des tas de trucs, bouscule la narration, pose des caméras style GoPro sur ses acteurs, joue sur le montage… La gerbe ! C’est n’importe quoi, n’importe comment, du cinoche usiné par des informaticiens manchots, un réalisateur à la ramasse et avec des acteurs qui surjouent en gesticulant. Je suis sorti de la salle vidé, exténué par tant de bêtises et de vulgarité, les oreilles explosées et les rétines en feu, comme si un psychopathe me les avait passées au papier de verre. Arthur, c’est une insulte au bon goût et à l’intelligence. Ritchie nous prouve une nouvelle fois que son film est au 7e art ce que le PQ est au roman : c’est coloré, parfumé, il y a parfois des trucs écrits dessus, mais ce n’est définitivement pas de la littérature.

 

 

Affiche Arthur

 

Le Roi Arhur : la légende d’Excalibur
Réalisé par Guy Ritchie
Avec Charlie Hunnam, Jude Law, Djimon Hounsou.
Sortie le 17 mai 2017

 

Partager