
#Critique Les Enfants de la Baleine (T. 5)
Avec ce cinquième tome, Les Enfants de la Baleine entame un tournant dans son récit et s’offre une multitude de trajectoires possibles. En cultivant sa singularité, tant graphiquement que scénaristiquement, le titre maintient un niveau de qualité en constante progression. On se plonge avec délectation dans cet univers miyazakien aussi poétique que cruel et chaque tome impose un peu plus le seinen du catalogue Glénat comme une véritable pépite du genre. Embarquez sur la Baleine de Glaise !
La bataille contre les Apathoïas a laissé des marques et les habitants de la Baleine de Glaise pansent encore leurs plaies. Bien que la menace soit pour le moment écartée, ils savent bien qu’ils restent des cibles faciles et que tôt ou tard, leurs assaillants reviendront finir ce qu’ils ont commencé. C’est à ce moment-là que débarquent de nulle part d’étranges voyageurs venus d’un pays inconnu. À leur tête, Roxalito, un fils de duc arrogant comptant utiliser les ressources de la Baleine de Glaise à sa disposition. De son côté, le jeune scribe Chakuro entame un trip shamanesque qui le plonge dans l’histoire du vaisseau. Enfin, du côté Apathoïa, Orca, le commandant en chef des troupes chargées de mener l’attaque, doit faire face à ses responsabilités. Suite à l’échec cuisant et le naufrage du vaisseau Skylos, ils se voient, lui et ses hommes, condamnés à mort. Mais le jeune homme, très confiant, abat une carte qui lui assure de garder la vie sauve et de regagner la confiance de ses pairs. Voilà donc, ce que l’on trouve au menu de ce tome 5 des Enfants de la Baleine. Plutôt copieux, il nous apporte un éclairage plus global sur les intentions des uns et des autres. Il sert de pivot entre le première partie qui vient de s’achever et celle qui arrive. Ce temps mort qui vient après quatre tomes menés tambour battant, permet de faire le point sur les forces en présence, tout en introduisant de nouveaux éléments pour épaissir et relancer le récit.
Ici, c’est donc Roxalito qui fait son entrée et on ne sait pas franchement quoi penser du personnage. Sans être vindicatif, il fait tout de même preuve de pas mal d’aplomb et semble convaincu par sa démarche d’annexer la Baleine de Glaise. Allié ou ennemi, la suite nous le dira. Autre élément important du tome, la négociation d’Orca. En effet, celui-ci se révèle bien plus manipulateur qu’il n’y paraît et montre enfin son vrai visage, faisant de lui l’adversaire numéro un des habitants de la Baleine. Ayant jeté son dévolu sur Ohni, un puissant utilisateur du saïma, il est désormais sûr que le jeune homme reviendra pour laver l’affront dont il a été victime lors de la dernière bataille et au vu de sa détermination, il semble être un adversaire de taille. L’auteur, Abi Umeda continue donc sa minutieuse exploration de son univers afin de nous en faire découvrir les moindres recoins. Son style graphique d’une grande finesse apporte au récit une dimension presque psychédélique à travers une explosion de motifs divers. Le trait est plein de délicatesse et l’esthétique générale semble être l’écrin parfait pour ce récit plein de poésie et de questionnements existentiels. Le fond et la forme s’accordent à merveille dans un tourbillon onirique et fantastique aux confins d’un monde oublié. Lire Les Enfants de la Baleine, c’est un peu comme découvrir les vestiges et l’histoire d’une civilisation perdue, transformant le lecteur en archéologue qui tenterait de percer les secrets d’un univers à la richesse insoupçonnée. Définitivement, un seinen pas comme les autres…
Les Enfants de la Baleine (T. 5)
De Abi Umeda
Édité par Glénat