Pilote automatique – Limitless (CBS)

Pilote automatique – Limitless (CBS)

Note de l'auteur

L’histoire : La NZT, une drogue capable de développer vos facultés cérébrales à leur paroxysme. C’est l’incroyable opportunité qui s’offre à Brian Finch, musicien raté, pour réussir ses projets futurs. Un meurtre sur le dos plus tard, des criminels aux basques et un FBI à ses trousses vont l’obliger à tirer parti de toutes ses nouvelles compétences fraîchement acquises pour se sortir de ce traquenard… Passé ce concept qui pourrait faire fuir certains d’entre vous en vous rappelant cette immonde purge qu’était le dernier brainless de Besson, Lucy pour ne pas le nommer, Limitless c’est heureusement un peu plus que ça.

Autour de la série : Suite éponyme du film sorti en 2011, l’univers de Limitless sur petit ou grand écran, est avant tout tiré d’un roman intitulé The Dark Fields. La série se passe quelques années plus tard et on y retrouve pour l’occasion le retour de Bradley Cooper (American Sniper dans son propre rôle ainsi qu’à la production, mais aussi Jake McDorman (American Sniper), Ron Rifkin (Alias, Brothers and Sisters), Jennifer Carpenter (Dexter) et Mary Elizabeth Mastrantonio (Abyss, Robin des bois, Prince des voleurs).

Avis : Après Minority Report, c’est donc au tour de Limitless d’éprouver les affres du petit écran, tout en poursuivant le même objectif dans l’idée de l’adaptation : prolonger son univers. Si pour la première on était en droit de lui laisser le bénéfice du doute, étendre Limitless au-delà de sa version ciné paraissait déjà d’un coup un poil plus douteux sur le papier. A raison ?

  027025.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx Le pilote, donc, à l’instar de la version filmique, nous propose de suivre à nouveau un personnage en proie à la fameuse NZT, la méta-coke qui exploite vos neurones à 100%. Petit rappel pour la forme : être sous NZT, c’est la possibilité d’accéder à tous vos souvenirs, même les plus anodins. Vous êtes capable de logique, de pertinence, de clairvoyance au-delà du sens commun et dans toutes les situations, sans compter toutes les facultés d’apprentissage dans tous les domaines possibles que vous pouvez acquérir. Du pain béni ici pour Brian Finch, musicien trentenaire paumé, pour qui l’inspiration et la scène ne sont plus que de lointains souvenirs. Un ami artiste et un assassinat plus tard, c’est la tourmente pour le héros de Limitless. Mais son cerveau surboosté va tenter de faire la différence, tout en tentant de régler cela dans un temps imparti : la pilule ne fonctionne que 24 heures et le manque se fait brutalement et violemment sentir…

Sauf que le problème de ce pilote, pour tout amateur du film sympatoche de Neil Burger, est qu’il est loin de friser la méningite. En copiant-collant exactement la même intrigue, le même incident déclencheur et comme si ça ne suffisait pas, une élaboration du même personnage que celui de Bradley Cooper, Eddie Morra, Limitless cherche avant tout à exister en appliquant une formule qui a plutôt bien fonctionné. Dont acte.

155322.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxLes deux personnages sont en effet des artistes sans avenir (Morra est écrivain), qui tous deux, rencontrent un ex-ami qui leur donnera généreusement une drogue « magique ». Et tous deux, une fois encore, seront embringués par la mort mystérieuse du dit-ami, avec tout ce que cela comporte comme problèmes à régler par la suite. Pas d’ambition véritable donc. Le pilote ne se cache pas à être, par le reflet, un prisme scénaristique un peu discourtois du film. Acoquiné à notre drogué des neurones, Rebecca Harris, un agent du FBI déjà quasi convaincu du bien fondé des choix de ce dernier, impose donc un tandem hypra-classique et doté d’un brin de pacotille. Le duo coince, peine à convaincre, la faute à un antagoniste terne, qui manque de répondant, pourtant incarné ici par la talentueuse Jennifer Carpenter. Limitless, qui plus est, embrasse sans effort la forme d’un bête procédural-drama, optant pour une direction déjà convenue et fichtrement balisée. Mais elle sait rajouter, et c’est salutaire, des éléments supplémentaires pour dégrossir l’extension de son univers.

517760.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxSi dans le film, Eddie Morra obtient la drogue au départ, c’est avant tout par ambition personnelle, par désir de réussir à tout prix. D’abord en tant qu’auteur puis plus tard en tant que financier et enfin en tant que sénateur. Ici Brian Finch, fort de sa dépendante trouvaille, à une raison plus personnelle de continuer : celle de sauver son père gravement atteint d’un mal qui n’est compris par aucun médecin. Par cette volonté, le protagoniste obtient ici un capital sympathie, dans lequel ces décisions, pour s’en sortir tout comme pour sauver son père, amène une tonalité empathique bienvenue à son égard. Plus humain, moins joueur, Brian Finch sort de l’ombre de Eddie Morra par son humanité mais aussi grâce à Eddie Morra lui-même.

152354.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxCar l’autre bon point est ici la présence très opportune et indispensable d’Eddie Morra en personne, dans lequel Bradley Cooper, ici producteur du show, intègre un pont narratif salvateur entre le passage des deux formats. A la fois sauveur, dealer, et désormais patron de Brian Finch, leur rencontre n’en est que plus révélatrice, à la fois sur la conclusion du film (Eddie Morra n’a jamais arrêté le NZT, contrairement à ce qu’il prétendait) mais aussi sur l’avenir de la série. Brian Finch et lui sont désormais associés. Mais cette alliance, à peine évoqué par Morra lui-même, implique à demi-mot une entrée en matière sur quelque chose d’important qui se prépare pour le futur. Indéniablement, Bradley Cooper croit en son projet et l’on peut imaginer sans peine que sa présence se fera à de multiples reprises pour provoquer des avancées notables dans l’intrigue. On avancerait bien l’hypothèse que, tout comme lui, quelqu’un est passé maître dans l’exploitation de la NZT mais pour des intentions bien moins philanthropiques par exemple…

Limitless possède donc quelques gageures à son encontre mais néanmoins, le pilote opère plutôt bien sa formule sous amphétamines racées, et paradoxalement, c’est encore plus probant lorsqu’on n’a pas vu le film. Sans chercher néanmoins à titiller savamment le cortex du téléspectateur, la série converge de manière pragmatique entre événements et embûches avec entrain, galvanisé par un Marc Webb  (Amazing Spider-man) appliqué comme il faut, reproduisant fidèlement les gimmicks visuels du film, voix off du héros à l’appui. Donc, gageons-le : on ne tirera pas tout de suite sur l’ambulance Limitless, mais on se permettra au moins un coup de semonce à son encontre. A voir donc, si la série possédera une mythologie potentiellement exploitable pour perdurer intelligemment et raisonnablement, sans quoi, elle aura tôt fait de montrer rapidement ses limites.

 

Episode 2 ? Oui, en espérant que l’enquête hebdomadaire ne soit pas trop faiblarde face à un type qui équivaut à 50 Sherlock Holmes !

 

 LIMITLESS, SAISON 1, EPISODE 1 « Pilot » (CBS)
Ecrit par : Craig Sweeny
Réalisé par : Marc Webb
Avec : Jake McDorman (David Finch), Jennifer Carpenter (Rebecca Harris), Bradley Cooper (Eddie Morra), Ron Rifkin (Mr Finch)

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