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#Critique: Little Caesar – « Eight » + The Underworld / Londres / 21.02.2018

#Critique: Little Caesar – « Eight » + The Underworld / Londres / 21.02.2018

Note de l'auteur

Un an après la parution d’un album live absolument indispensable, le bien nommé Brutally Honest (dont vous pouvez retrouver la chronique quelque part dans ces pages), Little Caesar revient avec un nouvel album délicieusement anachronique. Ni une ni deux, le disque sous le bras, nous voilà partis pour une expédition londonienne afin de vérifier, de visu, leur fameux rock n’ roll state of mind…

London Calling

Située directement au sous-sol du célèbre pub de Camden The World’s End, la salle du Underworld est habituée à recevoir la fine fleur du punk énervé et du rock à poils longs, de préférence passé de mode, comme en témoigne la galerie de photos décorant l’escalier étroit qui mène au premier bar… La mode, de toute façon, c’est pour les bouffons.

Et puis nous sommes à Londres, où chaque brique et chaque chapeau melon recèle une part de l’histoire du rock des soixante dernières années, à l’image de notre conducteur de taxi qui, lorsque nous lui annonçons notre destination, se remémore son enfance où il fût le voisin et camarade de jeu de Ray Burns (aka Captain Sensible), futur leader des Damned ! Only in London…

Seulement à Londres aussi peut-on avoir droit à trois premières parties avant de voir le groupe de tête d’affiche s’emparer de la scène ! De qualités inégales cependant… Si le rock vintage de Big River nous aura laissé une excellente impression, on ne pourra pas en dire autant des Nitroville (même si la prestation de la chanteuse manifestement hermétique à la notion de complexes est à saluer) ou de Marco Mendoza (The Dead Daisies).

Mais peu importe après tout puisque ce qui nous intéresse ce soir, c’est bien Little Caesar. Et ce à plus d’un titre… Non seulement votre serviteur rêve de les voir sur scène depuis un quart de siècle, mais de plus le groupe californien débarque sous nos latitudes avec un nouvel album loin d’être anecdotique.

Eight

Le symbolisme de la eight ball dans la culture populaire américaine est multiple… De l’usage de cocaïne à la capacité à se sortir d’une situation difficile en passant par une fonction d’oracle, la fameuse boule noire est loin d’être innocente. Et dans le cas de Little Caesar, outre le fait que Eight est leur huitième enregistrement officiel, c’est certainement l’option relever la tête après avoir connu les pires galères qui s’applique…

Dès la première écoute, on a le sentiment d’avoir pressé le bouton magique d’une machine à remonter le temps. Aerosmith (21 Again, Good Times, That’s Alright), les Rolling Stones (Crushed Velvet, Another Fine Mess), ou Motörhead (Mama Tried, reprise du génial morceau de Merle Haggard à la sauce Lemmy), autant de références discrètes qui résument parfaitement les goûts musicaux de Little Caesar et qui, loin de sentir le plagiat, sonnent comme des titres que chacun des groupes cités plus haut aurait dû nous offrir depuis longtemps !

Et puis il y a les ballades… La voix à la fois chaude et rocailleuse de Ron Young, inventeur du concept hard n’ soul à son insu, est taillée pour ce genre de chansons, nous y reviendront … Pour le moment, saluons les sublimes Morning et surtout Time Enough For That qui remplissent leur office avec une élégance et une simplicité désarmante, à savoir nous faire pleurer dans notre bière !

Que penser d’un groupe qui nous offre l’un des meilleurs albums de sa carrière trois décennies après avoir entamé celle-ci ? La réponse se trouve comme bien souvent là où la musique passe le test ultime, la scène. Et ça tombe bien, les mecs viennent juste de commencer…

The Underworld

On ne vous répétera jamais assez à quel point l’écoute du premier album de Little Caesar (Little Caesar – 1990) est essentielle. Produit par le jeune Bob Rock avant que ce dernier n’aille tutoyer les étoiles avec Metallica, ce disque avait tout… Des rocks directs et sans fioritures, des ballades à décoller le papier peint des murs avec la langue, deux reprises de standards de la Motown histoire de démontrer que toute la musique qu’on aime, elle vient de là, etc. Bref, un pur chef d’œuvre.

Ron Young

Et comme une offrande aux dieux du rock n’ roll, c’est trois titres extraits de ce disque séminal que le groupe nous assène coup sur coup afin de se mettre dans l’ambiance. Drive It Home, Rock N’ Roll State Of Mind et Hard Times, joués pied au plancher et qui n’ont pas pris une ride.

Ron Young en a quant à lui collectionné quelques unes, de rides, au fil des années… Le jeune biker tatoué qui posait fièrement sur la pochette intérieure du premier album a cédé la place à un vénérable gentleman aux airs vaguement irlandais mais ne vous y trompez pas, le bonhomme est toujours là. Malgré les cicatrices du temps, sa voix n’a pas bougé d’un millimètre et le rugissement de plaisir du public au moment où le groupe entame Hard Rock Hell est là pour en témoigner.

D’ordinaire, lorsqu’un groupe au statut culte comme Little Caesar poursuit son set en jouant des titres d’un nouvel album (pas encore disponible au moment du concert par dessus le marché), c’est le moment que choisissent certains pour aller reprendre une bière, fumer une cigarette ou tout simplement attendre patiemment une prochaine chanson plus familière…

Oui mais voilà. Little Caesar n’est pas un groupe ordinaire, tout comme leur dernier album que nous évoquions plus haut et c’est avec délices que nous découvrons en live 21 Again et Time Enough For That. Nous parlions d’un test, ce dernier est passé avec mention.

Que vous dire d’autre ? Que la version d’In Your Arms fût sans le moindre doute l’un des meilleurs moments que l’auteur de ces lignes aura jamais passé pressé sur le devant d’une scène ? Que Chain Of Fools aurait fait frissoner la grande Aretha Franklin en personne ? Que le final du concert avec une reprise du Every Picture Tells A Story des Faces mêlé au Happy des Rolling Stones mériterait à lui seul un article entier ?

Loren Molinare

Ce soir, la cave du Underworld et les petits chanceux qui s’y sont rendus auront assisté à quelque chose de pas banal… Une véritable leçon de rock n’ roll donnée par un groupe qui a vu la gloire les frôler de peu, a décidé que cela n’avait aucun importance et a joué son concert comme s’ils étaient en tête d’affiche du plus grand stade du monde. Et ça les enfants, ça s’appelle la classe américaine.

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