#Critique Love Hunters

#Critique Love Hunters

Note de l'auteur

Avec le thriller Love Hunters (Hounds of Love en VO), le jeune Australien Ben Young signe un premier film plein de promesses et impose déjà son talent. Une ambiance lourde et poisseuse, un portrait de l’Australie sans concessions, une direction d’acteurs sublime, tout y est !

Dès les premiers plans, l’ambiance est posée : l’Australie en hiver dans les années 1980, un soleil de plomb, des jeunes filles jouent au basket au ralenti tandis qu’un couple les observe depuis l’intérieur d’une voiture. Le film raconte l’histoire d’un couple qui enlève des jeunes filles avant de les violer, les tuer, et les enterrer. Ben Young joue avec les codes du slasher sans tomber dans le cliché du prédateur qui sévit dans la nuit. On ressent tout de suite la chaleur écrasante, et la lumière se fait encore plus terrifiante : personne ne peut y échapper. Le film évite également le cliché du psychopathe qui vit reclus dans les bois, ici, il vit parmi le reste de la population, au cœur d’une banlieue-dortoir tentaculaire dans laquelle tous les personnages semblent pris au piège.

C’est donc un film proche du huis clos, mis en scène avec une certaine lenteur qui rappelle l’excellent It Follows, parfois frustrante, toujours pertinente. Les acteurs sont parfaitement dirigés, en particulier Emma Booth, absolument fascinante dans ce rôle terrifiant et complexe de femme éperdument amoureuse d’un tueur en série, elle-même complice autant que victime.

Love Hunters 1

Techniquement c’est un sans faute. Le travail du son est exceptionnel de sobriété et d’efficacité. Le chef opérateur Michael McDermott signe une photo sublime. Le format CinémaScope est utilisé avec une réelle pertinence de mise en scène et non par simple effet de style ce qui est assez rare pour être remarqué. Les nombreux plans filmés à un très fort ralenti sont magnifiques et toujours en phase avec la narration : au début, ils illustrent le désir du prédateur qui choisit sa proie, et plus tard dans le film, c’est l’inertie de ces quartiers résidentiels de classe moyenne qu’ils viennent appuyer. Il n’y a qu’à la toute fin du film que ces ralentis se font un peu racoleurs.

Et c’est là que le tableau se ternit : la fin déçoit. Un peu trop simple, comme un arrière-goût de bâclé. Un petit détail de cette fin fera d’ailleurs tiquer les puristes puisque le film reprend à l’identique le montage d’une scène culte du Silence des Agneaux, un simple clin d’œil certes, mais qui manque de subtilité puisqu’il pourra vous faire sortir du film l’espace d’un instant.

Dommage, car jusque là le film évite beaucoup de clichés : il se focalise sur le couple de ravisseurs plutôt que sur la victime (plus futée que la moyenne, par ailleurs). Et ce couple est l’un des plus fascinants qu’il m’ait été donné de voir au cinéma ; sans la moindre explication superflue, le metteur en scène arrive à distiller le mystère tout en donnant une profondeur rarissime dans ce genre de film.

Love Hunters 2

Pour un premier film, quelques raccourcis, quelques maladresses, mais un véritable talent. Ben Young prend visiblement plaisir à jouer avec nos nerfs, et nous livre une peinture sans concession de l’Australie. Un film qui a été fait avec plaisir et amour pour le septième art, ça se sent, et on ne peut que s’en réjouir !

Love Hunters
Réalisé par Ben Young
Production Australie
Sortie 12 juillet 2017
Avec Ashleigh Cummings, Emma Booth, Stephen Curry

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