On a lu…Low (T.1) de Rick Remender et Greg Tocchini

On a lu…Low (T.1) de Rick Remender et Greg Tocchini

Note de l'auteur

Dernier bébé en date de Rick Remender, Low nous emmène dans les profondeurs sous-marines pour un récit qui ne dépaysera pas les fans de l’auteur de Fear Agent mais qui s’avère également proposer une approche un peu plus différente qu’à l’accoutumée.

 

low t1 - 3Si en 2012 Marvel Now apporta un vent de fraîcheur sur l’univers Marvel, toutes les séries ne connurent pas le même succès artistique. Pour des Avengers tenus de main de maître par un Jonathan Hickman architecte d’un Crisis on Infinite Earths façon Maison des Idées, on dut assister à un Brian Bendis s’amusant avec les X-men comme un gosse de quatre ans cassant ses jouets. Si Matt Fraction offrit un intéressant Hawkeye, il présenta un des pires cycles des Fantastic Four. Enfin, pour Thor épique et un Daredevil grandiose (certes commencé avant Marvel Now), c’est un Iron Man chiant comme la pluie qui débarqua.

 

Mais la plus grosse déception compte tenu des attentes est, rétrospectivement, Uncanny Avengers. Le comic book unifiant les franchises X-men et Avengers après une saga dans laquelle les deux équipes se sont affrontées était présenté comme la série phare de cette nouvelle période. Malheureusement empêtré dans des retards de publication, un John Cassaday en dessous de tout et la main mise de Jonathan Hickman, la série de Rick Remender perdit vite son aura. Si on ne peut dénier la maîtrise certaine de l’auteur d’Uncanny X-Force (dont Uncanny Avengers est le prolongement) en nous offrant une histoire passionnante à base d’univers parallèle, le tout en jouant avec ses marottes habituelles (notamment à travers le personnage d’Havok), il apparaît évident que sa lassitude pointe de plus en plus fortement au fur et à mesure des épisodes. La cassure viendra avec la saga Axis, une histoire que le scénariste avait imaginée comme intégrante à la série mais que Marvel gonfla en saga événementielle.

 

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Lassé des super-héros mais pas de la bd, Remender trouve dans ses projets personnels un nouveau souffle bénéfique. Que ce soit Black Science ou Deadly Class, tous sont l’occasion de retrouver ce qui nous plait chez le créateur d’Heath Huston : une énergie qui jamais ne retombe, une capacité à ne jamais se reposer sur ses acquis, de vastes univers, un sens aiguisé du dialogue et des personnages détruits par la vie. Ces caractéristiques sont tellement ancrées chez l’auteur qu’on peut éprouver un sentiment de déjà-vu à la lecture de ses œuvres et, au premier abord, Low ne semblait pas échapper à la règle.

 

Le futur lointain. Accablée par les rayons destructeurs d’un soleil mourant, l’Humanité a été contrainte de se réfugier au cœur de vastes cités sous-marines alors qu’elle continue à envoyer des sondes spatiales en quête d’un nouveau foyer. Après plusieurs centaines d’années, une sonde s’écrase à la surface de la Terre, désormais peuplée d’une race extraterrestre inconnue des humains. Stel, dernière scientifique déterminée à ne pas laisser l’Humanité s’éteindre au fond des océans, se met en quête de récupérer la précieuse sonde, emmenant dans son sillage Marik, son fils, unique survivant du massacre de leur famille, dix ans auparavant.

 

low t1 - 5Avec sa chute inexorable de la civilisation, sa famille détruite et sa figure (ici maternelle) en quête de reconstruction, ce sub-opera ne jure pas avec les précédentes histoires du scénariste de Venom. De la même manière, l’univers sous-marin développé n’a rien à envier à Fear Agent et Black Science. Ayant déjà collaboré avec Remender (sur Uncanny X-Force #20 à #23), Greg Tocchini illustre un monde riche en créatures, machines, paysages et infrastructures. Malgré des couleurs un peu trop généreuses dans leur application, le tout reste très agréable à l’œil et confère à Low une diversité et une ambiance aussi impressionnante que le Saga de Brian Vaughan et Fiona Stapples.

 

Autre atout de la série : son angle d’approche. Si l’histoire s’inscrit dans un courant nihiliste qui semble parcourir la science-fiction actuelle et qui peut s’avérer assez pesant, elle marque sa différence par son personnage principal. Malgré les drames qui ont émaillé sa vie, Stel Caine est porteuse d’une vision d’espoir totalement rafraîchissante malgré les moqueries et la condescendance qu’elle suscite. Selon l’aveu de Rick Remender, son héroïne représente une sorte de catharsis pour un auteur qui n’a jamais écrit de personnage optimiste. S’il faut tout de même relativiser cette avis (par leur refus de renoncement quelque soit les épreuves des personnages comme Heath Huston ou Captain America se rapprochant de Stel Caine), il y a chez son personnage une fraîcheur inédite qui donne le ton de la série.

 

Sans surprise, Low plaira aux nombreux fans de l’auteur et laissera de marbre ses détracteurs. On peut être totalement enthousiaste face à une recette dans laquelle on a modifié quelques ingrédients mais qui garde le même goût au final. On reste toutefois curieux de découvrir la suite afin de voir si les auteurs confirment leur essai.

 

 

 

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Low – Tome 1 : L’ivresse de l’espoir (Urban Indies, Urban Comics, Image Comics) comprend les épisodes US de Low #1 à #5

Écrit par Rick Remender

Dessiné par Greg Tocchini

Prix : 10 euros

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