Mini Music Review : Madeon, Adventure (Columbia)

Mini Music Review : Madeon, Adventure (Columbia)

Note de l'auteur

Madeon_-_AdventureOn pourrait se focaliser sur l’ascension météorique de Madeon, alias Hugo Leclercq, Nantais d’à peine 20 ans qui n’aura aucun mal à réussir son aventure américaine après plusieurs travaux de remix pour des gros artistes pop (et 3 titres sur l’assez oublié album de Lady Gaga pré-duos avec Tony Bennett). Mais on vient ici pour la musique : va-t-il céder aux sirènes du hit facile et nous pondre du sous-Avicii un peu vicié? Ou partir à l’aventure annoncée avec force couleurs chatoyantes sur la pochette?

La réponse est : oui et non. Si Adventure n’est jamais inécoutable, il est clairement taillé pour la conquête du monde. Souvent calé sur les mêmes BPM, les envolées soft-rock inspirées de luminaires comme Supertramp (oui ça nous rajeunit pas) sont ici recyclées avec les chanteurs de Bastille (La Lune), Foster The People (Mark Forster) et le groupe américain Passion Pit (dont on devrait reparler très vite de leur retour printanier). Madeon se repose clairement sur ses voix pour parachever des compositions taillées pour le karaoké en plein stade (La Lune), et atteint souvent un dynamisme à la limite de la parodie (l’outro du single très réussi Pay No Mind, avec une note finale jouée en reverb par l’orchestre le plus puissant du monde). Ce recyclage portant souvent sur le sampling et la manipulation d’instruments live (« Pay No Mind » encore, Nonsense) donne une certaine identité à Adventure. Les beats quadrillés avec des onomatopées vocales comme articulations font partie de l’arsenal du DJ.

En réalité dans l’efficacité résolument pop d’Adventure, on peut retisser des liens avec le côté fourre-tout des autres Nantais de C2C. Ou encore l’assaut aux stéroïdes de l’immense Discovery de Daft Punk, auquel Madeon doit beaucoup en termes de songwriting. Comment ne pas penser au Something About Us des compères de Versailles en écoutant la dream pop de Innocence (un des moments les plus calmes de l’album, hyperbole pour un producteur qui vise les étoiles et le plus grand monde). Cette certaine direction dans le songwriting s’estompe un peu lorsque Madeon se retrouve à partir à l’assaut du club en solo, d’où l’assez cliché Imperium, pourtant premier single et une de ses marques de fabriques, qui vient ajouter un peu de stridence photocopiée à un album qui a un peu de progression dans ses titres.

Jonction énormément ambitieuse et contrepied dreamy à des artistes au BPM tranchant, Madeon passe son examen avec un certain panache désarmant. Il arrive même à gérer l’amerrissage ailleurs avec le titre final Home, en espérant que ses aventures futures se fassent en équipée plus inspirée encore. De belles promesses ici et là à confirmer très vite.

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