
#Critique : Maturité (Irresponsable s2 / OCS)
Irresponsable fait son retour sur OCS pour une saison 2 qui esquive le redoublement et se permet d’y ajouter une belle mention. D’ores et déjà une référence dans un secteur — la comédie sérielle française — qui en avait bien besoin.
Cataclysme. Julien est donc parvenu à se faire embaucher, à mi-temps (faut pas exagérer, non plus), dans son ancien collège. Le même collège où travaille son ex, Marie. Le même collège, surtout, où étudie son adolescent de fils, Jacques !
À 32 ans, il affiche toujours avec une certaine fierté son statut de « Tanguy ». Mais alors que sa mère accède à la retraite, un vaste bouleversement guette le mode de vie du Julien…
Après une première saison brillante, la série de Frédéric et Camille Rosset revient avec des certitudes. Malgré un budget serré (50 000 € par épisode), Irresponsable demeure une comédie douce amère à l’humour juste et aux tonalités résolument naturalistes.
Sans entrer dans le détail des rebondissements qui attendent Julien et compagnie, on sera particulièrement sensible au développement des personnages secondaires. Alors que les débuts de la série étaient presque exclusivement centrés sur les exploits de son interprète principal, les Rosset prennent dorénavant la liberté de faire cohabiter plusieurs narrations (Marie, Sylvie et Jacques) dans un ensemble qui renforce considérablement son assurance.
Nonchalance. Et d’assurance, il est toujours question, notamment lorsqu’il s’agit de son acteur central : Sébastien Chassagne (Julien). Sa performance d’un père par surprise, véritable esthète de l’esquive, était et reste un délice à observer. Le comédien est absolument fascinant dans un registre de faux sûr-de-lui. Chassagne exprime avec talent une nonchalance à la fois vaine et touchante.
À ses côtés, le casting est renforcé en cette saison 2 par deux nouvelles arrivées judicieuses. Amel Charif (Sam) vient compléter un délicieux triangle amoureux auprès de Julien et Marie (Marie Kauffmann). Et Sam Karmann prend les traits du fameux Jean-Pierre, le drôle de psy fréquenté par la mère de Julien.
Sincérité. Malgré cette nouvelle amplitude, Irresponsable ne se disperse pas. Elle le doit à un ancrage sincère de ses personnages dans leur environnement. Le récit des aventures de Julien s’inscrit dans un cadre de banlieue bien connu des auteurs. Lorsqu’il a eu le feu vert pour produire sa série, Frédéric Rosset s’est naturellement dirigé vers Chaville, qu’il connait bien pour y avoir grandi. Ce choix qui peut sembler anodin souligne pourtant l’authenticité d’un socle sur lequel repose ensuite le bon usage de la comédie.
C’est aussi ça, la réussite d’Irresponsable. Cette capacité à saisir des instantanés d’une réalité urbaine contemporaine. Une véritable bouffée d’air frais lorsqu’on la compare avec le recours systématique aux décors de studio aseptisés qui domine les tentatives de séries comiques françaises.
Il y a quelque chose d’assez paradoxal à parler de maturité pour une série comme Irresponsable. C’est pourtant ce qui la caractérise le mieux à l’aune de ce retour parfaitement négocié !
Les deux premiers épisodes sont visibles gratuitement sur le site d’OCS !
IRRESPONSABLE (OCS) Saison 2 en 10 épisodes (26’).
Diffusés sur OCS Max dès le 22 février
Série créée par Frédéric Rosset.
Série écrite par Camille et Frédéric Rosset.
Saison réalisée par Stephen Cafiero.
Avec Sébastien Chassagne, Marie Kauffmann, Théo Fernandez, Nathalie Cerda, Sam Karmann, Amel Charif et Matilda Marty-Giraut.
Musique originale de Romain Vissol.
Visuel : Irresponsable © OCS / Tetra Media / Photos : thomas Balaÿ.
Écoute…
J’ai lu sur d’autres sites des critiques plutôt bonnes de cette série. J’ai donc vu le premier épisode pour me faire ma propre idée. Si dans l’ensemble ça se démarque de la plupart des séries françaises du genre, qui ressemblent plus à des sketchs filmés qu’à une histoire filmée, ça reste très convenu. Convenu dans les stéréotypes que sont les personnages. Convenu dans les situations. La scène de fumette, la scène où la mère révèle son histoire d’amour avec son psy et les conséquences sur la vie du héros. Tout ça n’est ni très bien joué, ni très original, ni vraiment drôle. Ce sont des scènes qu’on a déjà vu un grand nombre de fois ailleurs. Et comme ça se passe en France, on est dans une famille qui n’est pas du tout en prise avec la société réelle. Dans ce monde taillé sur mesure, le héros, son fils, sa mère et son ex ne sont confrontés à rien d’autre que les seuls problèmes dont ils sont l’origine. Le monde social n’existe pas, la société n’existe pas, seul les problèmes nombrilistes d’ado plus que tardif de Julien existe. Sans être déçu, on est loin de quelque chose de novateur et de vraiment bien fait. Oui, la caméra sort du studio pour filmer des vrais décors en vraie lumière et la photo est belle. Le personnage principal aurait été intéressant si au contraire son refus d’endosser ses responsabilités était en rapport avec un fait social et non une sorte de fantaisie scénaristique. Là, en tous cas dans ce premier épisode, Irresponsable ne parle de rien. C’est juste un divertissement creux à peine drôle.