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#Critique Monterey sur ses grands chevaux (Big Little Lies / HBO / OCS)

#Critique Monterey sur ses grands chevaux (Big Little Lies / HBO / OCS)

Note de l'auteur

Avec un whodunit installé au cœur d’une ville côtière, Big Little Lies ne fait pas forcément le choix le plus original. Pourtant, cette élégante minisérie portée par un attelage classieux – ces fameux grands noms si prisés chez HBO – se signale par une réflexion sociale à la fois revêche et lucide.

Le long de la péninsule de Monterey, la communauté locale, bien propre sur elle, n’est pas à plaindre. Les riches propriétés se succèdent le long des plages de ce coin privilégié de Californie. Malgré cela, ses résidents peuvent aussi avoir le sang chaud (tout est relatif) et les relations des housewives locales tournent vite à l’affrontement notamment sur le lieu de leurs rencontres quotidiennes : l’école de leurs chers bambins. Un affrontement qui aura des conséquences tout à fait extrêmes dans les annales de la bourgade puisqu’il débouchera sur un meurtre dont on ne connaît ni l’assassin ni la victime…

Big Little Lies est d’abord un roman que l’on doit à Liane Moriarty. En 2013, l’australienne accède à la notoriété avec Le Secret du mari qui deviendra un best-seller international. Mais c’est son œuvre suivante qui va taper dans l’œil de Reese Witherspoon. L’actrice contacte alors Nicole Kidman (pour la fibre australienne, sûrement) et le duo commence à imaginer l’adaptation. Un long métrage est – un temps – envisagé, mais les comédiennes souhaitent faire la part belle au cinq points de vue féminins du récit de Moriarty. Il leur faut donc plus de deux heures et un scénariste familier du format sériel. Ce sera David E. Kelley (Picket Fences, Ally McBeal, Boston Public/Legal), lequel complète un projet qui commence à avoir fière allure et les diffuseurs vont donc se battre pour se l’arroger. HBO se montre la plus convaincante et Witherspoon parvient dans la foulée à convaincre Jean-Marc Vallée de réaliser non pas simplement le pilote mais toute la minisérie.

Il faut préciser que Witherspoon s’avance ici en terrain familier. C’était déjà Vallée qui l’avait remis sur le bon chemin avec Wild en 2014. Le metteur en scène québécois se montre parfaitement adroit avec le surplus de durée. Ses choix formels sont sobres et efficaces. Il apparaît rapidement qu’il privilégie la performance de ses acteurs et cette particularité convient idéalement dès lors qu’il s’engage à mettre en boîte tous les épisodes.
Par contre, le découpage ne lui rend pas service. Big Little Lies s’appuie fondamentalement sur une logique de montage frénétique (les mauvaises langues diront « à la True Detective« ) qui est déjà en soi discutable mais qui souffre surtout d’une exécution instable, voire même contre-productive par moment.

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Heureusement, les épisodes se succédant, on oublie rapidement cette entrave pour ne retenir que la performance stellaire du casting. Il y a, en premier lieu, cette prouesse brute de nervosité que Reese Witherspoon alterne avec des crises de fragilité désarmantes. Puis, dans un registre moins vocal, Shailene Woodley (The Descendants, Divergent) et Nicole Kidman exercent une fascination grandissante à mesure que l’on prend conscience du trouble intérieur qui les anime. Un petit peu plus en retrait, Laura Dern (Blue Velvet, Enlightened) et Zoë Kravitz (Californication) laisse entrevoir quelques belles estocades pour des rôles qui s’avèreront plus complexes que ce que l’on pouvait imaginer de prime abord.
Clairement, Big Little Lies fait la part belle à ce quintet féminin, mais deux acteurs tirent également leurs épingles du jeu. Alexander Skarsgård est bien plus flippant ici que dans True Blood et Adam Scott (Parks and Recreation, Party Down) étonne dans un rôle dramatique peu évident.

Car derrière un tragi-comique non dénué de charme ainsi qu’un suspens bien entretenu, la série trouve surtout du corps par des enjeux pertinents. Le cadre imposé par ce milieu huppé dont il est question n’atténue pas la force d’un propos ample et résolu sur deux fronts familiaux sensibles. Un regard transperçant – et parfois bouleversant – sur les rapports de ces (très) différentes mères avec leurs enfants, d’une part. Et un relevé abrupt de la violence domestique au sens large d’autre part.

Big Little Lies n’est pas une œuvre facile d’accès. Il n’est pas simple de s’intéresser à ces ménagères nanties et échouées dans un mystère à infusion stagnante. Pourtant, le visionnage de ces épisodes laisse une impression persistante et le sentiment d’avoir été le témoin d’émotions intenses.
Flaubert disait que l’art n’est pas un mensonge mais avec Big Little Lies, le mensonge est indiscutablement élevé au rang d’art !

BIG LITTLE LIES (HBO) Minisérie en 7 parties.
Diffusée sur OCS City dès le 20 février en US+24
D’après un roman de Liane Moriarty
Série écrite par : David E. Kelley.
Série réalisée par : Jean-Marc Vallée.
Photographie de : Yves Bélanger.
Avec : Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Laura Dern, Zoë Kravitz, Adam Scott, Alexander Skarsgård, James Tupper, Sarah Baker, Tim True et P. J. Byrne.

Visuels : Big Little Lies © 2016 Home Box Office, Inc. All rights reserved. HBO ¬Æ and all related programs are the property of Home Box Office, Inc.

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