#Critique Nocturnal Animals
Seconde escapade cinématographique pour le styliste américain Tom Ford, qui livre un film audacieux et risqué, porté par des acteurs époustouflants…
Le cinéma de Tom Ford est beau. Il est difficile de dire le contraire tant chaque image de son Nocturnal Animals, comme toutes celles de son premier film A Single Man sorti en 2009, respire un souci du détail et la recherche d’une esthétique particulière : celle de ce milieu du luxe et des apparences, polissé et brillant, dont il révèle les craquelures. Ce monde, Tom Ford le connaît bien car il le côtoie, et il le dépeint avec une certaine maestria. Il prend beaucoup de soin à y décrire les êtres qui l’habitent, et sa mise en scène y est juste et incisive, à prendre le temps de saisir les visages de ces personnages, et de leurs infimes émotions, pour traduire leurs paradoxes les plus complexes.
Outre ce style du drame bourgeois, Nocturnal Animals doit également jongler avec le thriller. Là où on aurait pu craindre le pire, le résultat est plutôt réjouissant, et le cinéaste montre une excellente gestion de ses plans et surtout de son rythme, donnant à la double pulsation de son film une véritable capacité de génération de tension et d’enjeux à tous moments. Ce qui aurait pu être une structure casse-gueule se révèle être le principal, et quasi seul, moteur efficace de l’intérêt du spectateur.
Et c’est un peu là que le bât blesse. Le long métrage a la chance de pouvoir compter sur un trio d’acteurs principaux – Amy Adams, Jake Gyllenhaal et Michael Shannon – d’une justesse et d’une intensité folle, et l’élastique de tension qui grandit tout au long du film ne tient parfois qu’à la crédibilité de leurs jeux fascinants. Car, si on enlève le vernis et le soin apporté à toute cette entreprise, il ne reste malheureusement plus grand-chose du propos et de l’idée du film, et on se retrouve un peu comme le personnage de Amy Adams, à attendre le fin mot de l’histoire.
Dommage qu’un aussi bel objet et d’aussi belles qualités n’aient pas été mis au service d’une histoire avec plus de substance, plus de sens, qui s’arrête finalement au pied de sa résolution. Sans doute la beauté de Nocturnal Animals se trouve quelque part dans ces alentours émotionnels, pendue à cette frustration bien humaine, mais il n’empêche qu’en fin de compte, la sensation qui domine est tristement celle de l’« à quoi bon ? ».
Nocturnal Animals
Réalisé par Tom Ford
Avec Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon, Armie Hammer…Synopsis : Susan Morrow, une galeriste d’art de Los Angeles, s’ennuie dans l’opulence de son existence, délaissée par son riche mari Hutton. Alors que ce dernier s’absente, encore une fois, en voyage d’affaires, Susan reçoit un manuscrit signé de son ex-mari Edward Sheffield dont elle est sans nouvelles depuis des années. Dans ce récit aussi violent que bouleversant, la jeune femme y décèle une forme de vengeance, qui la pousse à réévaluer les décisions qui l’ont amenée à sa situation présente, et réveille une flamme qu’elle croyait perdue à jamais.
En salles depuis le 4 janvier 2017
