
#Critique On a fait le tri n°19
Parce qu’on n’a malheureusement pas le temps de vous parler en détail de tous les bouquins qui sont passés entre nos mains, « On a fait le tri » revient sur les dernières (ou avant-dernières) sorties de la planète BD.
Sortie de route
C’est frais et ça se lit bien. Les pérégrinations de Régis et Valérie au fin fond de l’Ardèche. Sur la route des vacances, le très sérieux VRP a une vie bien rangée. Un boulot qui lui prend du temps, une femme que le quotidien a légèrement blasé. Mais ça, c’était avant. Avant que Valérie ne boive une grenadine au goût d’élixir de jeunesse qui va la ramener à l’âge de ses 10 ans. Régis va donc s’occuper d’une petite fille avec ses rêves d’avant, ses envies pour après et constater qu’il y a un léger décalage avec la vie qu’ils mènent adultes. Le père et mari de famille va enfin se lâcher, vivre tout simplement avant que sa femme ne redevienne elle-même. Et rire enfin. Le dessin et les formules de Tronchet font mouche. Avec le soleil printanier qui va revenir, cela va être parfait à déguster.
Puppy
C’est la dernière création du dessinateur Luz. Bon, avouons-le, je n’ai pas, mais alors pas du tout, accroché. Je suis resté complètement fermé et au dessin et au scénario, si on peut s’exprimer ainsi. Je l’ai lu mais n’ai rien trouvé qui me parlait. Donc, pour ceux qui peuvent être intéressés par cet éminent dessinateur de presse, voici ce que Glénat en dit : « Dans un exercice de style sans parole rappelant autant l’esprit des comic strips américains des années 1930 que l’esthétique burtonien de L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Luz nous embarque dans un univers sombre, dystopique (NDLA : société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie néfaste, telle que la conçoit un auteur donné, Larousse), poétique, absurde et émouvant où il laisse exploser son trait expressif et virtuose. » Perso, j’aurais juste retenu deux mots là-dedans (sombre et absurde), mais faites-vous votre propre idée.
Dakota (tomes 1 et 2)
Un thriller du futur en deux tomes. Gordon Ox, citoyen de seconde zone, rêve de s’offrir un bon risotto dans un restaurant réservé à la caste supérieure, celle qui a des super-pouvoirs, celle qui a éliminé toute maladie. Sauf que M. Ox, en éternuant, dévoile une hémorragie nasale. Devant cette panique, Ox est obligé de fuir et l’agent Dakota est sommé de le retrouver. Dans sa quête, elle combattra d’autres super-héros et se fera même aider par un collapse, sous-homme. Cela devient le monde à l’envers quand G.I. one se fait renverser par un simple mortel. La société, bâtie sur une hiérarchie cruelle et une séparation totale de deux mondes, vacille. Tout comme les convictions de Dakota qui ne sait plus à quel saint se vouer, ni ce qu’elle doit défendre.
En y regardant bien, on est en face d’une fable déformée de notre propre société dont le Rubicon est l’argent. Et deux mondes qui s’éloignent. Jean Dufaux et Adamov livrent deux tomes de science-fiction préoccupants en ce sens.
Le dessein
C’est une vraie et belle trouvaille. Jonathan Munoz nous retrace le parcours d’un dessinateur qui ne connaît que des échecs. Mais qui trouve en la personne d’un zig mal fagoté, un maître Jedi du dessin commercial. Les codes, les pièges, la voie à suivre, il lui explique quelle trajectoire emprunter pour devenir le meilleur. L’impétrant saura-t-il montrer assez de courage et de cynisme pour y parvenir ?
C’est franchement drôle. Ça sait parfaitement utiliser les clichés pour mieux les démonter. La couleur est utilisée avec parcimonie et justesse, comme des petits endroits paradisiaques, au milieu de noir et blanc. C’est aussi hyper-référence. À s’en délecter.