
On a lu… Les Enfants de la Baleine (T. 02) de Abi Umeda
Nous voilà repartis à bord de la Baleine de glaise. Après un excellent premier tome immersif et plein de poésie, ce second opus plus sombre, confirme tout le bien que l’on pense du titre de Abi Umeda. Avec son dessin toujours aussi fouillé et son univers d’une incroyable richesse, Les Enfants de la Baleine se démarque vraiment de toutes les sorties actuelles. Un véritable sans faute, pour le moment et une série à découvrir sans plus tarder.
Les habitants de la Baleine de glaise, alors qu’ils menaient une vie relativement paisible jusqu’ici, se retrouvent attaqués par de mystérieux hommes masqués. Eux aussi maîtrisent le « saima », cet étrange pouvoir télékinésique qu’ils tirent de leurs émotions et s’en servent pour éradiquer la population. Le jeune Chakuro voit son petit paradis de sable se transformer en champs de bataille et certains de ses amis tomber sous les coups de ses assaillants. De son côté, Ohni, un jeune délinquant mais aussi le meilleur utilisateur du « saima » de l’île, laisse exploser sa rage et tue sans vergogne ceux qui sont venus perturber la vie tranquille de la Baleine de glaise. Quant à Lycos, la jeune « apathoïa » découverte sur une île en ruine, elle décide de se ranger de leur côté en reniant son propre peuple ainsi que sa famille. Face à une telle tragédie et convaincus de leur inéluctable mort, les anciens qui dirigent l’île, prennent une importante décision : couler leur vaisseau dans la mer des sables. Le suicide collectif semble être pour eux, la meilleure solution afin d’expier les pêchés de leurs ancêtres.
La richesse du manga réside dans son univers détaillé. Un univers dont on découvre peu à peu les us et coutumes, ainsi que le fonctionnement interne. À travers le regard et les écrits du scribe Chakuro, le lecteur est plongé en totale immersion dans un récit complètement maîtrisé. Les quelques pages d’introspection qui émaillent l’histoire nous apportent énormément d’informations. Sous forme d’une voix off, les pensées de Chakuro retranscrivent au mieux le tourbillon de sentiments qui l’assaillent. Par moment, on se croirait dans un roman dans lequel le personnage principal nous fait part de ses doutes, de ses peurs et de sa tristesse face à des événements qu’il ne comprend pas, et qui le dépassent. L’approche très littéraire d’Abi Umeda apporte une dimension supplémentaire au récit et étoffe considérablement l’univers. Et comme le mangaka ne fait rien à moitié, il dissémine dans ce tome des notes du scribe sur l’éducation ou les croyances, afin de nous plonger plus encore dans son titre.
Mais si Les Enfants de la Baleine est aussi prenant et réussit, c’est également grâce au dessin plein de finesse et de délicatesse de l’auteur. Le souci du détail apporté à chaque planche, à chaque case, cette minutie dans les décors, tout cela participe à la grande qualité du titre. Ce second tome constitue, avec le premier, une excellente et excitante introduction au manga d’Umeda et l’incroyable cliffhanger promet un troisième tome qui lancera définitivement le récit. L’éditeur Glénat a mis la main sur une petite perle comme on aimerait en voir plus souvent, et lui offre une édition de qualité. La sortie du troisième tome en mai prochain nous paraît soudain… bien loin.
Les Enfants de la Baleine (T. 02) de Abi Umeda, aux éditions Glénat