
#Critique On l’appelle Jeeg Robot
Un voleur asocial et bas-de-plafond se voit doté de pouvoirs extraordinaires. Un film de super-héros italien, sympathique mais pas vraiment convaincant.
Tu aimes les hommes avec des biceps turgescents, les costauds en collants flashy qui se matent l’entrejambe et se foutent de grosses torgnoles en explosant des gratte-ciel, les monstres de virilité avec des griffes en adamantium qui se dressent avec une raideur toute phallique, les rapports équivoques entre Batman et Robin, le slip par-dessus le collant de Superman, le look Village People de Thor ou le short mauve de Hulk ? Donc tu aimes les… super-héros. Mais si tu en as un peu marre des héros de Marvel ou DC, et des 150 nanars qui sortent par an, voici un film de super-héros made in Italy. Oui, oui, c’est possible.
Nous sommes à Rome et Enzo est un voleur asocial, un pauvre mec tendance gros loser négligé, qui déteste l’humanité entière et partage sa vie entre petits larcins et séances de branlette sur canapé en mangeant des Flamby. Poursuivi par la police, il plonge dans les eaux du Tibre mais entre en contact avec une substance radioactive (hello Toxic Avenger). Il découvre bientôt qu’il possède une force surhumaine et une capacité de régénération. Il va bien sûr mettre ses pouvoirs nouveaux au service de ses activités criminelles minables, mais croise le chemin d’Alessia, jeune fille largement perturbée qui le prend pour Jeeg Robot, héros qui se transforme en robot dans un dessin animé ultrapopulaire en Italie, créé par Gō Nagai. Et affronte Fabio, aka. « Le Gitan », mafieux zinzin et grimaçant qui va choper les mêmes pouvoirs que lui. Un combat titanesque s’annonce autour du Colisée…
L’argument de Gabriele Mainetti, qui signe ici son premier long métrage, est bien sûr sympatoche mais un poil paresseux. Voici donc le super-héros italien : gros, sale, bas-de-plafond et lourdingue qui ne pense qu’à mater du porno sur son sofa et braquer des distributeurs automatiques avec sa force herculéenne. De plus, Mainetti ancre son film dans une réalité sociale et présente un pays à la ramasse, gangrené par la pauvreté et la délinquance. Bon, il exagère un peu quand il parle de son film comme « un mélange entre Pasolini et la science-fiction ». Car Gabriele Mainetti n’a bien sûr pas le talent de Pier Paolo. Au bout de 30 minutes, il n’y a plus de scénario, plus de film. Le réalisateur perd de vue son héros, et colle aux baskets du méchant, le « Gitan », décalque pas très fin du Joker. Mal écrit, caricatural, le personnage est « interprété » par Luca Marinelli qui en fait des caisses, roule des yeux comme dans un film muet, cabotine chaque nanoseconde. C’est très vite insupportable et le film dure deux longues heures. Très (trop) ambitieux, Mainetti alterne les genres, passe de la baston à la parodie, du thriller au drame, de la comédie romantique au film social, mais rate souvent sa cible. Tout est bancal, trop sage, pas assez fou. Mainetti veut montrer ses muscles, faire voir l’étendu de son talent, se battre contre son budget dérisoire et son 0 image de synthèse, mais ne parvient pas à couper les scènes inutiles, ratées, les fausses pistes. À l’arrivée, on se retrouve avec une curiosité, un drôle d’objet, bancal mais parfois fun, sympathique mais vain. On est, heureusement, à mille lieues des pathétiques X-Men, Captain America et autres Gardiens de la galaxie. Mais aussi très loin de réussites comme Incassable, de M. Night Shyamalan, The Watchmen, Super de James Gunn ou même du petit film français Vincent n’a pas d’écailles, véritable film d’auteur, autrement plus risqué et réussi.
On l’appelle Jeeg Robot
De Gabriele Mainetti
Avec Claudio Santamaria et Luca Marinelli
En salles le 3 mai 2017