
#Critique On n’est jamais bizarre sur Internet (ou presque)
Felicia Day, A.K.A. reine des geeks, A.K.A. une des potentielles dans Buffy contre les vampires, A.K.A. l’une des premières webséries de YouTube, The Guild, se démultiplie cette fois-ci dans un livre, une autobiographie touchante et en second degré.
L’histoire : Il était une fois Felicia Day. Une petite génie qui a longtemps vécu chez elle, a été précocement à l’université pour obtenir un diplôme de violoniste professionnelle, avant de tout plaquer pour Los Angeles pour devenir actrice. Il était une fois une petite fille qui passait trop de temps à jouer aux jeux vidéo avant que ce ne soit cool, et qui a fait une websérie avant que ce ne soit un art en soi. Bienvenue dans le monde de Felicia Day.
Mon avis : Il y a quelque chose de véritablement rafraîchissant à lire Felicia Day. Son style d’écriture ressemble beaucoup à ce qu’elle dit tout simplement sur Internet. On passe d’une idée à l’autre, intercalée avec une photo au centre, des légendes complètement folles et beaucoup, beaucoup d’autodérision. Si certes elle est désormais relativement connue dans le monde d’Internet, elle l’est peut-être moins en France, mais ce serait dommage pour autant de faire l’impasse sur cet ouvrage. En effet, à travers son histoire, c’est en creux l’évolution d’Internet que l’on suit.
On commence par suivre Felicia Day enfant, son adolescence, et sa découverte des jeux en ligne, avant son passage devant et derrière la caméra. Difficile d’imaginer un monde où YouTube n’existait pas, et pourtant, c’était il y a à peine douze ans. En suivant notre héroïne d’une quête à l’autre, d’un style vestimentaire au suivant (comme toutes les ados, elle a eu très bon goût) et d’une première ambition à la dure réalité de la vie, on découvre ce que c’est de s’épanouir grâce au Net. Pas besoin pour autant de connaître Felicia Day par cœur, sa vie, son œuvre, ou d’aimer jouer aux jeux vidéo, car elle prend le temps d’expliquer, avec force métaphores et images. Certes, ce n’est pas l’autobiographie de l’année, mais c’est sans doute la moins prise de tête et la plus distrayante de l’été. Et découvrir une personne attachante, à laquelle toute personne légèrement isolée socialement adolescente peut facilement s’identifier.
Sans oublier que malgré un livre très positif, l’autrice n’occulte pas non plus les parties sombres de sa vie ou d’Internet avec en dernier chapitre, une courte partie sur le GamerGate.
Si vous aimez : Trainer sur Twitter ou profiter du mauvais temps pour regarder les dernières vidéos YouTube.
Autour du livre : Felicia Day a vraiment environ 3 millions de followers sur Twitter.
Extrait : « Néanmoins, parmi toutes les techniques divinatoires que j’ai essayées, ma préférée était l’astrologie occidentale. Parce que j’adorais l’espace. À l’époque, je fantasmais sur le Commander William T. Riker, de Star Trek : la Nouvelle Génération. Il parcourait les galaxies ; j’étudiais les étoiles. Une chose menant à une autre… « C’est le Destin ! Découvre ta vraie personnalité et rejoins-moi dans la course aux étoiles, enseigne bien-aimé ! »
Tout d’abord, je fus déçue d’apprendre que j’étais du signe du Cancer et que ma pierre était la perle. Je veux dire : mon premier est une maladie, mon second est un caillou de mamie. J’aurai trop voulu naître en octobre, parce que l’opale, c’est trop joli, mais qu’est-ce que je pouvais y faire ? Mes parents avaient fauté en septembre et voilà le travail. Un bébé de juin. Trop la lose. »
On n’est jamais bizarre sur Internet (ou presque)
Écrit par Felicia Day
Traduit par Marie-Aude Matignon
Édité par Bragelonne