#Critique One-Punch Man (T. 4, 5 & 6)

#Critique One-Punch Man (T. 4, 5 & 6)

Note de l'auteur

1507-1Aller, aujourd’hui, trois tomes pour le prix d’une critique. Le phénomène shônen de 2016 qui a trusté les ventes, continue son bonhomme de chemin avec toujours autant de succès. La collaboration ONE/Murata continue de faire des étincelles, creusant le sillon dans leur déconstruction des codes du genre. Entre grosses scènes de baston complètement dantesques et humour parfois absurde, One-Punch Man incarne une certaine forme de coolitude, une relecture postmoderne du super-héros, ultra-stylisée et jouissive, quoiqu’un peu creuse.

 

Saitama et son disciple Genos œuvrent désormais en tant que super-héros professionnels. Si l’élève appartient à la prestigieuse classe S, le maître toujours aussi puissant, mais toujours aussi loser, n’est qu’un héros de classe C. S’il reste inactif trop longtemps, il risque de se faire renvoyer de l’association des Héros. Mais franchement, entre les attaques de monstres marins, les menaces de météorites et les invasions extraterrestres, le boulot ne manque pas. Dans ce monde où les catastrophes s’enchaînent non-stop, tous les super-héros veulent tirer leur épingle du jeu et briller aux yeux de la population. Ces trois tomes sont l’occasion de faire la connaissance d’un grand nombre de personnages haut en couleurs, allant des plus pathétiques aux plus super des héros. Si certains d’entre eux ont l’héroïsme chevillé au corps, Saitama, de son côté, semble un peu planer au-dessus de tout. Son air quelque peu débonnaire, son côté presque je-m’en-foutiste font de lui un parfait anti-héros. Oui, il est l’homme le plus fort du monde mais son attitude et sa tête de crâne d’œuf ne joue pas en sa faveur, l’empêchant d’être à la place qui lui revient dans le classement. D’autant qu’il est sévèrement jugé par ses paires et la population, suite à son intervention face à la météorite. Mais finalement, Saitama, la reconnaissance, il n’en a pas grand-chose à faire… Lui ce qu’il cherche, c’est un adversaire à sa juste mesure et être payé afin de profiter des réductions dans son supermarché favori. De son côté, Genos prend son boulot bien plus au sérieux. Il fait preuve de dévouement, de rigueur mais surtout, d’une puissance assez colossale.

 

2cd60a69ba8de78186b154b44e696fecSi les premiers tomes ne mettaient pas en scène d’ennemis dignes de ce nom, cette nouvelle salve fait entrer du lourd dans l’arène. En dehors de la menace de la météorite, qu’on ne peut pas vraiment considérer comme un adversaire, les tomes 4 et 5 introduisent le premier vrai bad-guy, en la présence du Roi des Profondeurs, un monstre haut comme un immeuble, qui va mettre à mal bon nombre de héros dont Genos. Ces tomes sont également l’occasion de développer un peu plus le système de l’association des Héros, de même que l’échelle permettant de classer les fléaux, du niveau Loup pour l’apparition de créatures dangereuses au niveau Dieu pour le risque d’anéantissement de l’humanité. Ces informations permettent de comprendre et d’appréhender au mieux l’univers dans lequel nous évoluons depuis déjà six tomes. Cependant, un constat s’impose, le petit manège super-héroïque de One-Punch Man qui prône une certaine décontraction et une coolitude pop, tourne un peu à vide. À ce stade, quid d’une ligne directrice ?! On ne sait absolument pas où veulent aller les auteurs et si même eux le savent… Au-delà du délire un peu méta et décontracté, il manque au titre une réelle ossature qui lui permette de dépasser son simple statut de shônen super-star.

 

08a2fc8a4e5790e8d14f7d816532ac30Si le concept imaginé par ONE est l’un des points forts du manga, le dessin de Yusuke Murata n’est pas étranger à son succès. Tout comme Akira Toriyama en son temps avec Dragon Ball, le dessinateur de One-Punch Man tente de trouver une nouvelle approche graphique pour mettre en scène le récit. Passant d’un style à l’autre, d’un dessin naïf et simpliste à une approche beaucoup plus fouillée, rien ne semble faire peur au mangaka. Dans les scènes d’action pures, il fait preuve d’une impressionnante maîtrise, jouant avec la netteté de l’image, tout comme on le ferait avec la focale d’une caméra au cinéma. Dans son approche, il fait partie de ces dessinateurs comme Gamon Sakurai ou Naoki Urasawa, qui ont une vision cinématographique de leurs titres. En résulte une incroyable vivacité dans son trait vibrant qui nous donne l’occasion de découvrir quelques planches stupéfiantes. Malgré la légère impression de tourner quelque peu en rond, on ne peut dissimuler son plaisir à la lecture de One-Punch Man. Toujours impressionnant, souvent très drôle et sans temps mort, le shônen du catalogue Kurokawa a toujours autant le vent en poupe. Un titre sans commune mesure qui cultive ses différences et s’érige en parangon du genre.

 

One-Punch Man (T. 4, 5 & 6)
Écrit et dessiné par ONE et Yusuke Murata
Édité par Kurokawa

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