
On a lu…Outcast – Tome 1 : Possession de Robert Kirkman et Paul Azaceta
On pourrait croire qu’après le succès planétaire de Walking Dead, Robert Kirkman allait tranquillement se la couler douce, mais la sortie du premier tome d’Outcast nous prouve que la bête en a encore sous le capot.
Kyles Barnes vit reclus dans sa maison, terrassé par un passé douloureux. Il lutte depuis son enfance contre l’emprise de démons sur sa vie et son entourage. Lorsque le révérend de sa ville natale le sollicite pour l’aider à pratiquer un exorcisme, Kyle commence à faire le lien avec la possession de sa mère. Il est sur le point de dévoiler la véritable nature de ses dons, qui vont s’avérer terrifiants.
Auteur phare de la collection Contrebande de Delcourt, Robert Kirkman est le scénariste d’Invincible et de, bien entendu, The Walking Dead. Des succès critiques et publics qui revisitent deux genres avec la même approche. Que ce soit dans les aventures super-héroïque de Mark Grayson ou dans le post-apocalypse zombie, Kirkman met un point d’honneur à utiliser les codes du genre pour mieux développer des personnages souvent réduits à des archétypes dans ce type d’histoire¹. C’est donc tout naturellement qu’il applique cette même recette alors qu’il arpente les rivages d’une horreur plus démoniaque.
En confrontant ses personnages à des figures maléfiques bien moins anonyme que des morts vivants, Kirkman s’emploie ici à restituer une ambiance plus proche de L’Exorciste et de Rosemary’s Baby que du Jour des morts vivants. Il est aidé en cela par les dessins d’un Paul Azaceta (B.R.P.D., Irrécupérable) qui arrive à conférer à l’œuvre une atmosphère crépusculaire et apocalyptique via un travail sur l’éclairage et des couleurs de circonstance. À l’instar des chefs-d’œuvre cinématographiques de William Friedkin et de Roman Polanski, Outcast installe une horreur bien plus psychologique et insidieuse que ce dont l’auteur de Walking Dead nous avait habitués. Malgré une certaine lourdeur dans la mise en place des éléments et des personnages qu’on espère ne plus voir dans le prochain tome maintenant que tout est posé, Outcast réussit le pari de nous mettre mal à l’aise en découvrant peu à peu la vie de Kyles Barnes.
Personnage hanté par un passé des plus glauques, l’apprenti exorciste a tout de l’antihéros. S’étant mis à l’écart d’une ville et de ses habitants, il jongle entre plusieurs réalités tel un malade incapable de se défaire de ses psychoses et d’affronter ses propres démons. C’est pourtant dans la lutte contre de véritables manifestations qu’il commence à entrevoir le chemin d’une possible guérison, de la même manière que le prêtre qui l’accompagne y voit l’occasion de retrouver une foi vacillante. Idée ô combien peu originale mais que Kirkman a l’intelligence de bien traiter, s’appuyant en cela sur sa capacité à créer des personnages solides. Il en est ainsi de la sœur adoptive de Kyle ou de son mari, à la fois stabilisateur pour le héros, mais eux-mêmes sont pris dans la tourmente et doivent également faire avec quelques squelettes planqués dans le placard.
Succès aux USA (pouvait-il vraiment en être autrement compte tenu de l’auteur ?) et déjà en projet d’adaptation en série télévisée (comme c’est surprenant !), Outcast ne déplaira clairement pas aux fans du bonhomme. Et si on y retrouve toutes ses qualités, force est de reconnaître que les défauts habituels pointent déjà le bout de leur nez. Attendons de voir la suite pour savoir qu’elle direction prendra la série.
Outcast – Tome 1 : Possession (Contrebande, Delcourt Comics, Image) comprend les épisodes US d’Outcast #1 à #6
Écrit par Robert Kirkman
Dessiné par Paul Azaceta
Prix : 16,95 €
¹ Beaucoup plus dans le genre zombie que super-héroïque ceci dit. La diversité de ce dernier lui conférant une plus grande richesse.