Critique Outlander 4×02 : Lois et Libertés

Critique Outlander 4×02 : Lois et Libertés

Note de l'auteur

Bienvenue à River Run, domaine de Tante Jocasta (Maria Doyle Kennedy), où Claire, Jamie et le jeune Ian sont arrivés lors du second épisode de la quatrième saison d’Outlander. River Run est une plantation majestueuse comprenant tout ce qui va avec, dont un grand nombre d’esclaves. Et comme on le sait depuis la saison 3, Claire et l’esclavage ne font pas bon ménage. Retour sur un épisode qui aura mis les valeurs de Claire à dure épreuve.

Ne pas faire de mal

Entrons directement dans le vif du sujet. Le gros de cet épisode d’Outlander concerne le rapport de Claire à l’esclavage ainsi qu’à son métier. À l’image de Crème de menthe (l’épisode 7 de la saison 3), Do no Harm soulève une nouvelle fois la question de ce que Claire est prête à faire pour aider un patient. Ici, elle cherche à tout prix à sauver le jeune Rufus (Jerome Holder) qui s’est vu empalé à un crochet après avoir frappé un homme blanc. Dans l’Amérique coloniale pré-révolution, ce crime le condamne à mort. Seulement voilà, ni Claire ni Jamie ne supportent la violence faite aux esclaves. Le problème, c’est qu’à l’époque, une tripoté de lois encouragent l’esclavage et la maltraitance des noirs, au point que s’ils ne les respectent pas, Claire et Jamie mettent non seulement leur vie en danger mais aussi celles des habitants de River Run, esclaves et propriétaires inclus. Alors face au destin de Rufus, qui est de toute manière condamné, qu’elle parvienne à le soigner ou non, Claire se voit obligée de faire un choix : aider Rufus à mourir paisiblement ou le voir se faire pendre et lyncher par des hommes qui veulent exécuter leurs droits. Comme dans Crème de menthe, le dilemme de Claire revient au serment d’Hippocrate. Elle a juré ne pas faire de mal mais en ce qui concerne Rufus, tout ce qu’elle peut faire c’est sauver son âme.

Liberté et inégalité

Bien évidemment, le choix d’euthanasié Rufus n’a rien de facile pour Claire, et si une chose est sûre c’est qu’elle ne va pas pouvoir rester à River Run, bien que Tante Jocasta ait fait de Jamie son héritier. Claire ne peut pas posséder d’esclaves, et Jamie non plus d’ailleurs. Tous deux considèrent la possibilité de prendre en charge la plantation et de libérer les esclaves, mais ils apprennent très vite que cela serait une entreprise des plus difficiles à achever. Non seulement tout un tas de lois protègent les blancs contre les esclaves, mais il y en a aussi un paquet rendant l’idée de leur accorder la liberté très compliquée. Non seulement il faut prouver que l’esclave a effectué un acte si exceptionnel qu’il mérite d’être libre, mais cela a également un coût très onéreux. Et pour couronner le tout, comme libérer les esclaves n’est pas un concept très populaire, le faire est aussi dangereux vis-à-vis des voisins qui pourraient voir en cela une menace à leur propre plantation. L’un dans l’autre, Do no Harm confronte Claire et Jamie aux dures lois du Nouveau Monde et renforce l’idée qu’ils sont tous deux trop en avance sur leur temps pour pouvoir vivre dans un endroit tel que River Run.

Un sujet compliqué

C’est difficile d’écrire sur l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire américaine. C’est encore plus compliqué de le faire lorsqu’on est blanc. Karen Campbell, scénariste de cet épisode (et de Crème de menthe), s’en sort plutôt bien, n’hésitant pas à raconter une historie dure et sincère. Mettre le téléspectateur blanc américain face à ce pan de l’histoire, c’est le mettre mal à l’aise, c’est lui rappeler un passé gênant. Campbell crée ce malaise avec tact et pudeur dans cet épisode, et la mise en scène de Julian Holmes ajoute un aspect violent renforçant l’embarras du téléspectateur. Avec Do no Harm, Outlander pointe du doigt le passé tourmenté de l’Amérique, et nous rappelle que tout cela n’est pas si loin que ça. Par sa nature, Do no Harm n’est pas le genre d’épisode que l’on aimera regarder en boucle, mais il est cependant nécessaire au contexte de la nouvelle vie de Claire et Jamie.

Outlander S04E02 « Do no Harm »
Diffusée en France sur Netflix, au rythme d’un épisode par semaine en US+24.
Série développée par Ronald D. Moore
Réalisé par Julian Holmes
Écrit par Karen Campbell
Avec Caitriona Balfe, Sam Heughan, John Bell, Maria Doyle Kennedy, Colin McFarlane, Jerome Holder

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