Perception : Don’t Breathe

Perception : Don’t Breathe

Note de l'auteur

Sans même être arrivé à la fin de l’année, 2017 aura définitivement été un bon cru pour les amateurs de jeux d’horreur. Le surprenant retour de Resident Evil 7 avait ouvert le bal fin janvier, rapidement rejoint par la suite très attendue de Outlast au printemps. Pour cet été, c’était au tour de Perception de nous donner quelques sueurs froides plus que bienvenues au vu de la chaleur étouffante. Développé par The Deep End Games, studio indé formé par des anciens d’Irrational Games (Bioshock), Perception fait partie du petit club des projets Kickstarter qui ont réussi. Avec ses trailers alléchants, le jeu nous promettait une approche inédite dans un genre qui peine à se renouveler en nous mettant dans la peau d’une jeune femme aveugle enquêtant dans un manoir hanté.

Cassandra est une jeune femme aveugle qui est depuis quelques temps tourmentée par des rêves étranges mettant en scène une grande maison abandonnée. Après des mois de recherches, elle finit par retrouver le manoir en question à Gloucester en Nouvelle-Angleterre. C’est là que débute véritablement le jeu avec Cassandra rentrant dans la demeure pour essayer de comprendre pourquoi ce lieu occupe ses rêves. Très rapidement, on réalise que le manoir est non seulement vivant mais il abrite aussi un terrible secret. Évidemment, nous ne sommes pas seuls dans le domaine puisque une présence maléfique erre dans les parages. Toute personne saine d’esprit aurait pris ses jambes à son coup, mais pas Cassandra, qui semble résolue à percer les mystères du manoir et de ses anciens habitants.

L’histoire, divisée en quatre chapitres, vous fera voyager dans le temps. À travers des visions du passé, vous rencontrerez les différents propriétaires du manoir au fil du temps et leurs destin funeste, en partant du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui. Vous allez devoir découvrir les secrets du manoir tout en essayant de ne pas en devenir la prochaine victime. Prise au piège, Cassie n’est pas seule. Le scénario est relativement intéressant avec néanmoins un sentiment de déjà-vu. La qualité des chapitres est assez inégale et on manque cruellement de background sur le personnage de Cassandra. Le début du jeu est trop abrupt, on est catapulté devant le manoir sans vraiment comprendre ce qu’on fait là. Heureusement, on en apprend un peu plus sur le personnage et ses rêves plus tard dans le jeu via quelques flashbacks et conversations téléphoniques.

Tel le héros Daredevil, Cassie a aiguisé ses autres sens et peut se repérer grâce à l’écholocalisation qui fonctionne comme un sonar en dessinant les contours des objets et environnements autour de nous. Dans Perception, tous les sons sont donc « visibles ». En frappant votre canne contre le sol ou les murs, vous allez générer un écho qui va illuminer la pièce. Mais attention, en utilisant trop souvent sa canne, Cassie risque d’attirer sur elle l’attention de la Présence. De la même manière que l’Alien dans le très bon Alien Isolation (critique ici), la Présence est une menace constante, puisque elle vous tuera instantanément si elle vous trouve. Contrairement à Resident Evil, Perception ne propose aucun combat, votre seule option étant toujours la fuite, ce qui le rapproche d’un Outlast. Mais rassurez-vous, faute d’une IA performante, la Présence ne sera pas vraiment un problème. Elle forcera surtout le joueur à utiliser sa canne avec parcimonie.

Cassie dispose aussi d’une sorte de sixième sens lui permettant de voir plus ou moins où se trouve le prochain objectif. Même si c’est plutôt utile et que cela épargne au joueur une fastidieuse recherche, cela gâche légèrement l’expérience en rendant le jeu trop facile. Pour avancer dans l’histoire, le joueur doit trouver certains objets et… c’est à peu près tout. Sur cet aspect, Perception ressemble bien plus à un walking simulator comme The Fidelio Incident (critique ici) ou Kholat (critique ici) qu’à un survival-horror. Cassie peut également utiliser son smartphone, une mécanique de gameplay simple mais intelligemment exploitée. En s’inspirant de véritables applications pour aveugles, vous pouvez prendre par exemple une photo et appeler quelqu’un pour qu’il vous décrive l’environnement ou l’objet. Le smartphone est aussi un outil au service de la narration : à plusieurs reprises Cassie aura des conversations avec un de ses amis ou son compagnon Nick, visiblement pas plus inquiet que ça de savoir sa copine aveugle dans une maison hantée.

Si la première demi-heure marche plutôt bien, Perception montre vite ses limites en termes de gameplay. À part l’écholocalisation et le smartphone, les possibilités sont assez limitées. Nous sommes très loin d’un survival-horror, l’aspect survie étant tout simplement absent. Malgré la Présence et le fait d’évoluer dans le noir, Perception échoue à créer de la tension via le gameplay. Comme pour tout bon walking simulator qui se respecte, c’est surtout l’ambiance et l’histoire qui sont au cœur du jeu.

Graphiquement, le titre de The Deep End Games est vraiment magnifique. Développé sous le moteur Unreal Engine 4, Perception bénéficie d’une direction artistique de haute volée avec un style unique et jamais vu auparavant. Le simple fait de pouvoir voir les sons est hallucinant et parfaitement retranscrit à l’écran. Mais là où le soft se démarque vraiment, c’est par son excellent sound design. Élément essentiel dans le genre de l’horreur, le sound design de Perception participe tout autant que la direction artistique à créer une atmosphère singulière et surtout angoissante. Un petit conseil, la localisation des sons étant très bonne, je vous conseille vivement de jouer avec un bon casque plutôt que sur vos enceintes (sauf si vous avez un système 5.1/7.1).

Au final, Perception est un titre sympathique mais à condition de le prendre tel qu’il est, c’est-à-dire un walking simulator et non un survival horror. Toutefois, le prix (environ 20 euros) est quelque peu élevé pour un jeu qui se boucle en seulement trois heures et qui manque cruellement de rejouabilité.

Perception

Développeur : The Deep End Studios
Éditeur : Feardemic
Prix : 20 euros

 

Partager