#Critique Père Fouettard Corporation (T.1)

#Critique Père Fouettard Corporation (T.1)

Note de l'auteur

Décidément, Hikaru Nakamura a un univers qui ne ressemble à aucun autre. Après nous avoir fait franchement marrer avec Les Vacances de Jésus et Bouddha, voilà qu’elle s’attaque au conte de Noël et au gros monsieur en rouge. Oui mais voilà, la mangaka aime la subversion et n’entend pas nous servir une histoire déjà vu mille fois. Et pour cause, puisqu’elle se focalise sur le pendant maléfique du Père Noël, le redouté Père Fouettard, chargé de venir punir les garnements qui n’ont pas été sages. Cette figure qui existe dans de nombreux folklores, notamment dans l’Europe du Nord, est donc le point de départ d’un trip parfois absurde comme les affectionne l’auteure. Un premier tome qui ajoute un peu de piment en cette période de fêtes.

 

Pas évident de trouver du taf ! Eh oui, messieurs, dames, c’est la crise ! Miharu Hino a 22 ans et galère de CDD pourri en CDD pourri. Son job actuel ? Caissier dans une supérette. Mais Miharu lui, ce qu’il veut, c’est un CDI, bordel ! Et c’est au moment où il va le moins s’y attendre, qu’il va avoir une opportunité… Enfin, façon de parler. Un soir, juste avant Noël, alors que son collègue lui fausse compagnie pour passer la soirée avec sa copine, Miharu fait la rencontre d’un étrange personnage, vêtu de noir, qui vend des tripes en sauce sur le bord de la route. Ce n’est autre que le Père Fouettard venu récupérer le jeune homme accusé d’avoir volé un invendu. Dès lors, le voilà engagé dans l’entreprise du Père Fouettard qui a pour but de punir les enfants les moins sages. Rassurez-vous, point de violence ou de sévices, puisqu’il s’agit de jouer sur la frustration et la déception des chères têtes blondes à l’ouverture de leurs cadeaux. Exemple : un garçon veut la dernière console portable pour jouer avec ses copains ? Pas de souci, il l’aura… mais couleur rose perle. Ce qu’il faut de sadisme, quoi… En tous points, ce premier tome de Père Fouettard Corporation est déroutant. Que ce soit l’histoire complètement tordue ou les personnages bien barrés, on nage en plein délire. C’est vrai que niveau personnages, on est servi ! Entre Miharu, le mec paumé et un brin loser, le Père Bonnet un bien étrange individu, coiffé d’un bonnet géant, en charge des relations publiques ou encore Shino, une employée qui maigrit et grossit à vu d’œil, la galerie de protagonistes inventée par Hiraku Nakamura vaut le détour.

 

Avec ce nouveau titre, elle tord le cou aux traditionnelles histoires de Noël pour mieux dénoncer la surconsommation, la précarité des jeunes et l’exploitation des grosses entreprises. Il faut dire que ce premier tome est assez dense et nous donne un bon paquet d’infos à assimiler. Comme nous sommes relativement loin des sentiers battus, et c’est une très bonne chose, nous avons tout à découvrir, ne pouvant nous raccrocher à aucune sorte d’archétype. Il y a presque un parfum d’Alice aux pays des merveilles dans Père Fouettard Corporation, une sensation étrange de décalage constant, une impression de ne pas parvenir à comprendre les autres et à saisir cet univers, car tout y paraît invraisemblable. À l’instar de Miharu, le lecteur incrédule, découvre l’envers du décor, allant de surprise en surprise. Et c’est peut-être ça la force du titre, de ne ressembler à rien d’autre sur une thématique usée jusqu’à la corde. L’aspect un peu bordélique du récit et l’absurdité ambiante en décourageront peut-être certains, mais les autres pourront se régaler à la lecture de ce premier tome quelque peu atypique. Bref, un petit cadeau sympa à demander sous le sapin, en espérant que vous avez été sages…

 

Père Fouettard Corporation (T.1)
De Hiraku Nakamura
Édité par Kurokawa

Partager