On a lu… Quantum and Woody (T.1) – Les Pires Super-Héros du Monde
Quand les corbeaux guerriers envahissent le quartier. Quand le dragon brûlant fait peur aux commerçants. On fait appel à qui pour combattre les méchants ? Hé bien à n’importe qui sauf Quantum et Woody. Le pire duo de super-héros de la Terre qui arrive tout de même à être une des séries les plus enthousiasmantes de Valiant.
Il était une fois Eric et Woody. Ils étaient inséparables. Frères d’adoption. Meilleurs amis. Des esprits brillants. Des années plus tard, ils ne peuvent plus se supporter, ils se chamaillent pour un rien et sont de vrais ratés. Lorsque la mort de leur père les mène à être victimes d’un accident scientifique qui va les changer à jamais, Eric et Woody se trouvent un nouveau but et un parfait prétexte pour enfiler des costumes et combattre le crime. Enfin, ils font ce qu’ils peuvent… (Ah, oui, il y a une chèvre aussi)
Si les parutions Valiant n’ont pas la même force de frappe en termes de volume que des mastodontes comme Marvel et DC, on peut remarquer rétroactivement qu’elles constituent un catalogue basé sur des titres à l’identité forte. On ne lit pas une saga de science-fiction telle que X-O Manowar comme on lirait un actionner comme Archer & Armstrong. Paradoxalement, c’est cette identité qui est peut-être une clé du succès en France de la relance de la franchise Valiant. On remarquera d’ailleurs qu’après une décennie à cloner moult séries (Avengers, New Avengers, Secret Avengers, Mighty Avengers, Young Avengers, mes-couilles Avengers etc.), Marvel et DC tente le pari de la diversité et de l’individualité de manière marquée¹.
Bref. Quand on commence une BD Valiant, on sait qu’on rentre dans un univers et une ambiance bien à part et ce fut encore le cas avec les aventures de ce duo de pieds nickelés. Si au premier abord on peut penser tomber sur une sorte de clone d’Archer et Armstrong, on revoit rapidement son jugement au fur et à mesure de la lecture. Ce n’est pas dans la présence d’une chèvre surpuissante rappelant l’un des plus grands moments de Monty Python : Sacré Graal ! que l’alchimie particulière unit et désunit Eric le militaire et Woody l’arnaqueur.
Perpétuant la tradition des duos complémentaires et indissociables tels que La Cape et l’Épée ou bien encore Hawk and Dove, Quantum and Woody met en scène deux personnages que beaucoup de choses rapprochent (en premier lieu leur lien familial) mais dont les différences apportent tout le sel et le piquant. Ainsi Eric (Quantum) est d’une grande rigueur morale là où son frère est une petite crapule. De manière ingénieuse, James Asmus va prendre appui sur la particularité de ces deux frères pour créer un duo sans nul autre pareil. Le fait que ce soit Woody, le blanc, qui soit l’enfant adopté et difficile dans une famille noire est un renversement bienvenu sur lequel le scénariste trouve le juste milieu pour ne pas sombrer dans le pathos ou le discours revendicatif. C’est factuel, source de l’histoire et de blague, et en même temps admis de manière naturelle pour ses deux frères qui découvrent les joies et les problèmes de la famille après l’avoir ignoré durant des années.
Plongé dans une conspiration mondiale à base d’armée secrète, de scientifiques fous, de monstres flippants, d’attaque de clones et d’une chèvre, les deux frangins vont décider d’utiliser l’image du super-héros pour s’en sortir. Ce qui est une solution de replie devient peu à peu une seconde peau et les batailles, cascades et autres fusillades s’enchaînent à un rythme endiablé. La nature même d’un pouvoir basé sur le rapprochement physique des deux hommes (éloignés, ils risquent même de disparaître) est là aussi source de gags et moteur de leur complicité.
« Il aura fallu une invention à laquelle je ne comprends rien, mais papa a réussi à nous réunir ». Voilà qui résume bien le leitmotiv d’une série racontant les aventures de deux personnages attachants mais qui n’en restent pas moins des branquignoles. On l’attendait depuis longtemps et on n’est pas déçu par ce premier tome de Quantum and Woody. Notre petit plaisir de buddie movie… avec une chèvre.
Quantum and Woody – Tome 1 : Les Pires super-héros du monde (Bliss Comics, Valiant) comprend les épisodes US de Quantum and Woody #1 à #4
Écrit par James Asmus
Dessiné par Tom Fawler
Prix : 10 euros
¹ Ceci sans toutefois arrêter moult déclinaisons autour d’un titre porteur tel Batman ou Avengers
