
#Critique Quelques minutes après minuit : on se met à fable ?
Après L’Orphelinat et The Impossible, le talentueux réalisateur J. A. Bayona se met à la fable poétique sur la perte de l’innocence, bien décidé à déjouer les attentes…
L’histoire est toujours la même, celle d’un garçon trop jeune pour être un enfant, et trop vieux pour être un adulte… Quelques minutes après minuit commence par ses jolis mots, comme si le film était conscient de l’universalité de son histoire, tout comme de la redondance de son thème. Et c’est en partie là que le long métrage va prendre son héros, et le spectateur, à contre-pied.
Car au-delà de se placer comme un simple « film pour enfants », Quelques minutes après minuit fait le pari de viser plus haut, et sous les atours du conte, de montrer une réalité bien plus complexe et terrifiante. Ainsi, à chaque tentative du spectateur, et du personnage principal, de simplifier son propos, de le réduire, le film va enfoncer le clou de sa morale, de la richesse de ses idées, et de la complexité des aventures humaines de son histoire, pour faire son chemin vers les émotions universelles qui nous animent tous.
« Enfoncer le clou », car si le film emporte finalement l’adhésion de la tête et du cœur, la mise en place de l’aventure est laborieuse, alourdie par un didactisme un peu inutile. Sa structure, relativement répétitive, n’aide pas non plus à s’immerger, et il faut attendre le deuxième tiers pour s’accrocher finalement aux wagons. On est bien aidé par un casting d’une beauté folle, que ce soit par son rôle principal, le jeune et impressionnant Lewis MacDougall, ou par ses rôles secondaires, Sigourney Weaver et Felicity Jones en tête.
Porté par une mise en scène juste et maligne, et des trouvailles visuelles sublimes et originales, Quelques minutes après minuit réussit à souffler un vent de fraîcheur sur une histoire rebattue mille fois. Les enfants y verront une belle leçon effrayante sur la complexité des émotions et des rapports humains, quand les adultes y trouveront un rappel de leurs propres chemins, et peut-être de leurs responsabilités.
On aurait aimé éviter le parallèle avec Le Labyrinthe de Pan, chef-d’œuvre sur l’enfance et la perte de l’innocence, mais l’occasion est trop belle. Quelques minutes après minuit, s’il ne convainc pas totalement, notamment à cause d’une structure un peu trop rigide, il réussit tout de même son pari et livre parmi les plus belles émotions de ce début d’année.
Quelques heures après minuit
De J.A. Bayona
Avec Lewis MacDougall, Felicity Jones, Sigourney Weaver, Toby Kebbell…Synopsis : Conor O’Malley est un jeune garçon qui doit affronter au quotidien la terrible maladie de sa mère. Il est également confronté à l’intimidation de ses camarades d’école et à la fermeté de sa grand-mère. Pour fuir son quotidien, il s’échappe alors chaque nuit dans un univers peuplé de créatures extraordinaires. C’est dans ce monde imaginaire qu’il va apprendre le courage et affronter la vérité…
En salles depuis le 4 janvier 2017
Quelques Minutes Après Minuit, Bande Annonce VOST par DailyMars