#Critique Sausage Party, La Vie privée des aliments

#Critique Sausage Party, La Vie privée des aliments

Note de l'auteur

Relecture trash de Toy Story située dans un supermarché, Sausage Party, La Vie privée des aliments a beau être extrêmement imaginatif, il n’en demeure pas moins raté.

À l’aube du 4 juillet, une saucisse nommée Franck ne rêve que d’une chose, que les dieux géants (nous, les hommes) l’emmènent lui et le bun dont il est amoureux hors du magasin dans lequel ils sont enfermés. Derrière ce pitch complètement dingue se cache le nouveau projet de Seth Rogen (En Cloque Mode d’Emploi, Supergrave) et son complice Evan Goldberg. Après avoir manqué de déclencher une troisième guerre mondiale avec L’Inteview qui tue, ils délaissent le live et s’attaquent au genre de l’animation.

L’animation, parlons-en. Hommage aux dessins animés Pixar, Toy Story de par son concept, mais également Ratatouille dans son dernier acte, le film réalisé par Greg Tiernan et Conrad Vernon — échappé des studios Dreamworks — n’a pas à rougir de la comparaison. Très beau, rythmé, imaginatif, avec presque une idée par scène, il n’y a absolument rien à redire de ce point de vue. À l’instar d’un Deadpool sorti en ce début d’année, le côté trash ne provient pas uniquement des dialogues, le long-métrage s’avère également très violent graphiquement. Ça saigne, trucide, s’éventre, se décapite, aucun détail ne nous est épargné. La scène du chariot renversé, clin d’œil aux plus grandes scènes de guerre du septième art, fera même fermer les yeux aux plus sensibles d’entre vous.

259315-jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxMétaphorisant le rapport de l’Homme à la théologie au travers de la façon dont les aliments nous considèrent, les scénaristes de Supergrave se vautrent dans les grandes lignes, car une fois son concept installé, le film sombre dans le vulgaire bête, méchant, mais surtout pas drôle. La morale du film (pour trouver le bonheur, débarrassons-nous des religions) pourrait s’avérer pertinente si les motivations de chaque protagoniste n’étaient pas d’acquérir cette liberté dans le seul but de s’envoyer en l’air. Les personnages du Bagel et du pain Pita, représentant le conflit israélo-palestinien, rejouent la bromance Legolas/Gimli, ennemis de par leur statut finissant par devenir amis en évoluant, sauf que d’évolutions, ils n’en ont pas. Au second plan durant la majorité du long-métrage, ils ne partagent finalement que peu de moments entre eux, se rapprochant uniquement à la fin sans que rien d’autre, si ce n’est la logique dramaturgique, ne l’ait laissé présager. Pire, l’enterrement définitif de leur hache de guerre obtenue au gré d’une partouze ne fait que rappeler qu’après World War Z, durant lequel rappelons-le la paix entre Israéliens et Palestiniens et la joie en découlant finissait par causer leur perte, Hollywood ferait mieux de s’abstenir de tenter de résoudre ce conflit.

Malgré une animation de très bonne facture, à trop vouloir être subversif, Sausage Party, La Vie privée des aliments sombre dans un sommet de vulgarité. Reste quelques sourires arrachés ici et là, mais l’ensemble reste trop insuffisant vis-à-vis de la gêne occasionnée.

 

Sausage Party, La Vie privée des aliments

2016. USA. Réalisé par Greg Tiernan, Conrad Vernon.

Avec Seth Rogen, Michael Cera, Edward Norton, Jonah Hill…

En salles depuis le 30 novembre 

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