
#Critique School Judgment (Intégral)
Persécutions, châtiments corporels, humiliations, à bien des égards, l’école peut paraître pour certains comme un lieu cruel où les délits restent parfois impunis… Pour faire face aux problèmes sociétaux dans leur ensemble, le Japon a souvent fait preuve d’imagination au travers de ses œuvres. On a la méthode Battle Royal, barbare mais efficace, la méthode Ikigami en mode roulette russe et désormais, on a la méthode School Judgment, un shônen roublard, quelque part entre Détective Conan et Phoenix Wright.
L’école n’est plus ce qu’elle était… Afin d’enrayer les problèmes de persécutions, le gouvernement japonais a instauré dans les programmes d’enseignement, une heure de « tribunaux scolaires ». Cette nouvelle forme de justice pour les enfants, par les enfants, permet de résoudre les problèmes en interne. Abaku Inugami, élève de sixième année, est l’un des trois meilleurs avocats/enfants du monde. Lorsqu’il débarque dans l’école Tembin, il est bien décidé à résoudre toutes les affaires qui se présenteront à lui et il va être servi. Sa classe enchaîne les cas de litige et les problèmes en tout genre. Du meurtre sauvage du poisson de la classe à l’agression d’une élève en passant par un cas de poudre magique qui rendrait accro, Abaku a de quoi faire. Tout au long de ses différentes affaires, on fait connaissance avec ses camarades de classe et plus particulièrement Pyne Hanzuki, une pétillante et ambitieuse procureuse qui ne va cesser de s’opposer au jeune avocat. Oscillant entre enquête de terrain et séance de jugement, le nouveau shônen de l’éditeur Kana, trouve sa formule et son rythme. Les affaires aussi malignes qu’improbables se succèdent sans temps mort, tandis qu’en fond, se dessine un récit plus sombre, sur un cas de meurtre sordide. Sur seulement trois tomes, ce qui est suffisant pour ce type de concept, Nobuaki Enoki, qui signe le scénario, tisse son petit univers, imbriquant les petites histoires dans la grande, tout en développant sa galerie de personnages.
Au-delà de l’invraisemblance du principe de base, on est séduit par le rythme, ponctué de rebondissements. Une fois compris le principe, à chacune des affaires, on devient plus vigilant sur ce qui est dit ou montré. On se prend au jeu et on tente de trouver la clé de l’énigme avant la fin du procès. En cela, School Judgment réussi son pari et affirme son côté « procedural », si vous me permettez l’anglicisme. Par contre, le titre n’a pas vocation à traiter de sujets réels et c’est assez dommage. Il aurait pu s’emparer du concept à bras le corps et prendre plus de risque en se frottant à des cas moins extravagants et peut-être plus en phase avec notre société. Hormis le mystérieux « procès de sang », les autres affaires, bien qu’intrigantes et amusantes, paraissent trop légères et sans réel enjeu. Décevant. Heureusement, pour le seconder dans sa tâche, Enoki est accompagné du grand Takeshi Obata au dessin. On retrouve instantanément et avec un immense plaisir le trait de celui qui est derrière Death Note, Bakuman ou encore Platinum End. Il parvient à insuffler au manga, comme toujours, une puissance graphique sans commune mesure. Le sujet semble l’avoir inspiré puisqu’il transforme des séances de tribunal en véritables matchs de boxe où les twists s’enchaînent. Son trait est toujours aussi subtil et fin et sa mise en page fournie, fourmille de détails et d’éléments. Bref, dans le fond comme dans la forme, School Judgment atteint sa cible. Avec son concept fun et innovant, ses personnages attachants et son superbe graphisme, je déclare ce manga, coupable de nous faire passer un très bon moment. La séance est levée !
School Judgment (T. 1, 2 & 3)
De Nobuaki Enoki et Takeshi Obata
Édité par Kana