
#Critique Quand Sherlock philosophe… (The Six Thatchers)
The Six Thatchers, c’est le nom du dernier épisode de la série Sherlock, le premier de la saison 4, diffusé le 1er janvier. Une enquête où sont détruits des bustes en plâtre de la Dame de Fer et dans l’ombre desquels Sherlock croit discerner Moriarty… Miss Me ?
SPOILER ALERT
On attendait la série avec impatience. Depuis The abominable Bride, peu de nouvelles de notre inspecteur préféré. Et enfin, le revoilà dans une course contre la montre, contre Moriarty peut-être. Car il le sent, il se passe quelque chose, un mystère, le voile va bientôt être levé. L’épisode commence par un conte. Celui d’un marchand qui cherche à fuir la mort, pour la rencontrer, malgré lui, à Samarra (il s’agit d’une nouvelle de William Somerset Maugham, pour les intéressés). Le reste, comme on dit, n’est plus qu’histoire. Car la course en avant, la fuite, vers son passé ou vers Moriarty, ne pourra se solder que par une mort. Et celle, qui pourrait surprendre le spectateur, de Mary.
Pourtant, difficile d’être empathique à un épisode qui perd certaines de ses caractéristiques précédentes. Ce qui fait le charme de Sherlock, c’est la création des liens. Les liens avec les autres. Ceux avec Mrs Hudson, Watson, Mary ou Mycroft. Ceux de passage, avec Irène Adler, d’Henry Knight ou d’autres. Mais là, il n’en est pas question.
Là, c’est la course, la course vers Samarra. Et on perd en âme ce qui faisait le plus de Sherlock.
Il est un crime dont on a du mal à se remettre, en réalité, celui de l’ennui. Il n’est que peu de surprises possibles, Sherlock est devenu presque une caricature de lui-même, rapide, toujours plus rapide. Il parle trop vite, oublie d’échanger avec les gens, au point que Watson se remplacera par un ballon avec un dessin, lors de la réception d’un client. Il oublie le monde autour de lui, quitte à faire des erreurs élémentaires (oui, les secrétaires savent toujours tout). Alors, certes, s’il s’agissait de montrer que Sherlock était faillible, c’est bien réussi. Mais avec autant d’emphase, autant d’appui, autant de volonté philosophique ? Le style devient alors un peu (beaucoup) lourd. Certes, moralement, il y avait peu d’espoir pour Mary. Elle était peut-être mère et épouse, elle n’en demeurait pas moins un ancien membre des commandos et la réalité ne demandait qu’à sortir. Fallait-il pourtant en faire le thème d’un seul épisode, comme si le rachat n’existait pas ?
Sherlock, comme John, en devenant humain, perd une part de ce qui fait la magie de la télévision. Tout en mettant totalement de côté Mycroft, Molly ou Lestrade. Nous perdons le lien, alors qu’il aurait fallu le renouveler. Nous perdons Mary, membre fondamental et rare femme forte dans l’entourage du détective (Irène est absente depuis un moment, et heureusement il nous reste Molly et Mrs. Hudson). En espérant que la barre sera redressée ce dimanche, avec un nouvel épisode… Car quand Sherlock philosophe, ça ne sert à rien de parler plus vite, si l’on perd les autres le long du chemin vers Samarra.
Tout à fait d’accord. Cela m’a laissé l’impression reçue au visionnage de Star Wars épisode 7 : celui d’un reboot qui voudrait concentrer tout ce qui précède. Sherlock va plus vite que les autres : check. Il parle à Watson alors que celui-ci n’est pas là : check. Et toute l’émotion qui prenait à la gorge avec John devant la tombe de Sherlock, précédée du coup de fil « final » entre les deux, est mise en pièces ici autour du corps de Mary. Reste la tristesse d’un épisode « perdu », alors même qu’il y en a si peu dans chaque saison. Difficile de comprendre Mark Gatiss, là…
Je suis absolument en désaccord avec votre vision. Je trouve cet épisode fort bien bâti en terme de narration et de mise en scène.