On a lu…Silver Surfer – Tome 1 de Dan Slott et Mike Allred
Personnage fascinant et populaire en France, le Surfeur d’Argent revient dans les rayons à l’occasion d’une nouvelle série qui ne dépaysera pas les amateurs d’un certain Seigneur du Temps.
Apparu en 1966 dans les pages de Fantastic Four #48 (dans l’une des plus grandes histoires du duo Stan Lee/Jack Kirby), le Surfeur d’Argent est un personnage unique dans l’univers Marvel. Doté d’une immense puissance, il parcourt l’univers en quête de planètes que son maître Galactus pourra détruire afin de se nourrir. Prêt à en faire de même pour la Terre, il saura être touché par la beauté de cette planète et par ses habitants grâce à sa rencontre avec Alicia Masters la compagne de la Chose. Banni sur cette planète pour s’être opposé à son maître, le Surfeur d’Argent devient dès lors un personnage tragique et une sorte d’observateur extérieur de l’humanité.
Héros d’une première série de dix-huit épisodes dessinés par John Buscema en majorité, de plusieurs one-shot et graphic-novel (dont l’un dessiné par Moebius), personnage régulier des Quatre Fantastiques, membre des Défenseurs, il est également un pivot essentiel du cosmique Marvel. Ainsi c’est dans la deuxième série consacrée au personnage que Jim Starlin fit revenir Thanos et dans les années 2000, le Surfeur participa à la relance de ce pan de l’univers via la saga Annihilation. Fascinant beaucoup d’auteurs, ses histoires furent racontées par les plus grands artistes qui proposèrent souvent une version personnelle du personnage. Demi-dieu redouté, justicier de l’espace, redresseur de torts sur Terre, membre respecté d’une équipe de super-héros, aventurier cosmique ou bien encore serviteur d’une entité galactique, le Surfeur d’Argent a connu bien des incarnations depuis sa création. Toutefois s’il y a une chose qui le caractérise à chaque histoire c’est bel et bien sa solitude.
Être unique et surpuissant parcourant l’espace, le Surfeur d’Argent peut rapidement faire penser à une autre figure populaire et revenu sur le devant de la scène depuis le début des années 2000. Même puissance, même vaste connaissance, même soif de découverte et même héroïsme seul le moyen de locomotion varie. Pour l’un une planche de surf et pour l’autre un vaisseau spatial maquillé en cabine de police. Surfeur d’Argent ou Doctor Who, même combat. La similarité entre ces deux personnages est tel qu’une étude plus approfondie révélerait probablement des liens plus étroit et des inspirations entre le comics et la série classique à travers les époques. Pour l’heure ce rapprochement nous apparaît tellement évident qu’on se demande pourquoi il n’a pas sauté aux yeux des auteurs plus tôt. Peut-être n’est ce qu’une question de contexte ou de temps.
Ou simplement de créateur. C’est une chose de vouloir entamer une nouvelle vie pour le Surfeur d’Argent, encore faut-il trouver la bonne équipe pour le faire. Avec d’un coté le scénariste qui a redonné ses lettres de noblesse au personnage le plus célèbre de Marvel après des années d’égarement et de l’autre un dessinateur au style particulier ayant participé à des œuvres bien à part chez la Maison des Idées on peut dire que toutes les conditions sont réunis pour faire un bon comics.
Le Silver Surfer est recruté par Zed l’Incrédule afin de sauver le lieu le plus merveilleux de l’univers : l’Impéricon. Durant cette dangereuse mission, il fait la connaissance de Dawn Greenwood, une terrienne qui va bouleverser son existence ! Ensemble, ils vivent de fantastiques aventures et rencontrent les Gardiens de la Galaxie, Hulk et le Docteur Strange.
De la même manière que Rose Tyler fut le référent du spectateur dans l’univers d’une série ayant quarante ans d’existence, le personnage de Dawn est clairement celui pour un lecteur peu au fait des précédentes aventures du Surfeur. L’opposition marquée entre son mode de vie (casanier au possible) et celui du super-héros contribue à forger un duo qui prendra officiellement forme qu’a la toute fin d’un premier tome comprenant les cinq premiers épisodes de la série et un épisode bonus paru à l’occasion d’All-New Marvel Now. Silver Surfer s’inscrit de plus dans cette vague de série lancée par l’éditeur et qui tente de s’affranchir des codes classiques du comics de super-héros pour arpenter ceux des bd plus « underground » notamment par un dessin fort et très marqué. Le choix de Mike Allred est à ce titre judicieux tant son trait est aisément identifiable et tant celui-ci a marqué certaines des séries les plus décalées de l’éditeur (X-Force et X-Statix en tête). Son dessin se révèle parfaitement adapté aux scénario d’un Dan Slott qui s’en donne à cœur joie dans la mise en place de concepts délirants.
Celui qui a redoré le blason de l’Araignée depuis quelques années s’amuse comme un petit fou avec Le palais impossible ou bien encore La reine des jamais. Des idées fortes et porteuses d’histoires passionnantes et fraîches mais qui arrivent pourtant à totalement rentrer dans l’imagerie passé de la série et de l’univers cosmique de Marvel. Cette logique parcoure toute la série d’ailleurs. Si le Surfeur se retrouve confronté à de nouvelles menaces et si la présence d’une « simple » humaine le perturbe au départ cela ne se fait pas au détriment de sa nature profonde et de ses pouvoirs gigantesques. Au contraire, Dawn apparaît très vite comme un contrepoint rafraîchissant mais également un vecteur nous donnant un nouveau point de vue sur le personnage. En le faisant découvrir via les yeux d’une nouvelle venue, la majesté de l’ancien héraut de Galactus n’en apparaît que plus forte.
Avec une approche qui nous fait penser à celle de Mark Waid, cette nouvelle série Silver Surfer réussit le pari de moderniser un personnage sans jamais en renier ses fondamentaux. En s’inspirant délibérément de la série télévisée Doctor Who, les auteurs invitent toute une nouvelle génération à découvrir les aventures de ce personnage fascinant. Ils auraient alors tort de ne pas en profiter.
Silver Surfer – Tome 1 (100 % Marvel, Panini comics, Marvel Comics) comprend les épisodes US de Silver Surfer #1 à #5 et d’All-New Marvel Now ! Point One.
Ecrit par Dan Slott
Dessiné par Mike Allred
Prix : 14,95 €
